Grâce au documentaire « My Journey », nous avons le privilège d’assister à la naissance d’une vocation, de ses écueils à ses révélations spirituelles. Tout l’art de Lubiana, sa personnalité et sa présence immuable au creux du spectre visuel et musical, nous apparaissent plus clairs, plus limpides. Et toujours plus émouvants.
Ce n’est pas de l’instinct, ni de la fatalité. Ce n’est pas le destin qui frappe à la porte, qui perturbe les convictions enfantines et adolescentes pour obliger l’artiste à partir, toute sa vie, en quête de sens. Ce n’est rien de tout ça, pour Lubiana. Son voyage musical est une quête onirique, une exploration de l’âme et du sentiment, du regard plutôt que de la parole. En nous permettant d’accéder à ses souvenirs de petite fille par cinématographie interposée, elle déroule le parchemin en écriture constante de son cœur, de son inspiration. Elle a toujours su, dès les premiers applaudissements qui ont permis de mieux faire céder la barrière de l’incertitude et de la timidité. Mais elle a attendu, calmement, patiemment. Elle a regardé les portes se fermer, sans mot dire. Elle a écouté les conseils erronés. Elle s’en est nourrie. Et, à l’image de ce jazz qui l’a métamorphosée, elle a improvisé en se focalisant sur des horizons où personne ne l’attendait, ne soupçonnait qu’elle parviendrait à s’affirmer. Grave erreur de la part d’une majorité ne jugeant que sur la foi du restrictif apprentissage technique.
Elle a traversé les ténèbres et les a regardées droit dans les yeux. Elle a rêvé, plusieurs fois, d’un instant précis, d’une seconde charnière destinée à devenir éternelle. En symbiose avec sa kora, sa complice, sa tendre et prolifique moitié, elle est devenue femme, a voyagé. Pas tant pour prouver les torts, qu’elle conservait en elle lors de chaque étape ; mais pour se trouver, elle. Les images d’archives, parfois entrecoupées de plans sublimes, ténébreux ou iridescents, la racontent. Nous sommes les témoins de son évolution, de la mue d’une créatrice chavirée par la sensibilité et la révélation la plus sincère de ce qui lui permettra d’accéder à une conscience illimitée. Répondant, sans le savoir, à cette question qu’elle porte dans son sang : « Et si c’était toi, qu’aurais-tu fait ? » La voix de l’oracle, de continents en introspections, de manque en rencontres, nous sera offerte le 24 avril prochain grâce à son EP éponyme. La somme des peurs, des peines, des joies. La feuille d’un journal qui, on le sait, contient encore de multiples pages à remplir.
