[Live] Low à l’Épicerie Moderne

De retour l’an dernier avec « Double Negative », un album clivant, suscitant tous les superlatifs possibles, les Américains emmenés par Alan Sparhawk et rois contrariés du slowcore (ils rejettent cette étiquette) revenaient à l’Épicerie Moderne quelques années après leur dernier passage pour défendre leur dernier poulain.

Low – crédit : Florian Millot

Si nous ratons la première partie assurée par JL Prades, tête pensante d’Imagho, présentant ici un projet solo de folk dépouillé et instrumental que le peu d’échos que nous avons eus comparait à un ersatz de Ry Cooder, nous sommes en revanche bien au rendez-vous pour le concert de Low. Le dispositif est, comme attendu, plutôt minimaliste. Les musiciens jouent dans un noir quasi complet pendant plusieurs morceaux, seulement éclairés par les trois grandes dalles de LED placées dans leur dos et sur lesquels ondulent des couleurs et des motifs souvent abstraits, un peu comme la très belle mise en scène de la dernière tournée de Beach House, en plus lumineux. Le groupe démarre logiquement avec deux titres issus de « Double Negative », « Quorum » et « Always Up », qui apparaissent en live un peu privés des manipulations sonores qui rendaient l’album si étonnant, mais pas complètement dépouillé non plus. Le groupe revisite ensuite quelques albums plus anciens dans un style très intimiste (pessimiste même), qui donne de très belles choses sur « The Plastic Cup » ou « What Part of Me », mais nous laisse étrangement de marbre ailleurs.

En revanche, lorsque le groupe entame « Do You Know How To Waltz ? », le concert opère un tournant dramatique qu’on n’avait pas du tout vu venir, le morceau étant étiré dans une improvisation noise ahurissante pendant que les écrans se mettent à clignoter de plus en plus vite, frôlant la crise d’épilepsie dans une montée qui nous en fait voir de toutes les couleurs à la limite du physiquement supportable, tirant du désespoir une énergie folle qui semble réveiller tout le monde d’un état semi-léthargique. Grandiose. Le morceau meurt peu à peu et se mue en « Lazy », joué sans pause dans un très joli fondu musical et retour au calme – et à la déprime. La deuxième moitié du concert est plus inégale.

Les morceaux de « Double Negative » sont très convaincants, en particulier un « Dancing and Blood » d’anthologie qui retrouve les manipulations sonores osées de la version originale, mais quelques titres accusent un sérieux coup de mou. On sauvera néanmoins une magnifique version à vous tirer les larmes de « Nothing but Heart », sans aucun doute le moment le plus émouvant du concert, tandis que « Disarray » conclut le set avec panache. En rappel, le groupe joue « Violent Past » et finit surtout sur la sublime « Sunflower », tirée du classique « Things We Lost in the Fire ». Comme une maigre et incertaine lueur d’espoir dans un abîme de morosité. Un beau concert, peut-être un peu trop long à moins d’être un inconditionnel du style très propice au recueillement et à l’introspection du groupe, qui s’est montré ce soir fidèle à lui-même : besogneux, humble et discret.


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Maxime Antoine

cinéphile lyonnais passionné de musique