[Live] Laurel au Pop du Label

En 2014, on découvrait Laurel, jeune anglaise lancée sur la voie d’une électro-pop soyeuse et élégante qui faisait rougir les fans de Banks. Sa frimousse blonde et ses éclats de voix lyriques avaient même donné certains espoirs à ceux qui voulaient une petite sœur à Lana Del Rey dans l’univers de la « pop noire » délicate et fragile. Quatre ans après, son premier disque « Dogviolet » nous prend joliment à contre-pied : guitare à la main, partitions bluesy et timbre écorché. Une direction que son « modèle » supposé n’avait même pas assumée à l’ère de son « Ultraviolence ».

crédit : David Servant

La métamorphose était en fait en gestation depuis deux ans, quand déjà Laurel tentait le rock sur le décisif « Hurricane ». « San Francisco » et « Life Worth Living » ont suivi peu après et affirmé la nouvelle teneur des partitions de la Londonienne désormais convertie aux cordes électriques grinçantes pour transmettre les émotions communiquée par sa voix. Effet garanti, tellement on se laisse prendre au jeu de celle qui, il faut le dire, n’avait pas retourné autant de têtes que souhaité à ses débuts. Ces deux derniers morceaux sont ainsi sur la setlist qu’elle présente pour sa première parisienne en tête d’affiche. Mais seul le second, peut-être son plus beau et plus intense, figure encore sur l’album, gardé comme passage de témoin de ce projet baptisé « Dogviolet ». Un titre métaphorique pour évoquer, comme avec la fleur, l’amour qui s’épanouit puis se fane, dans la symbolique des émotions douces-amères perçues par notre artiste conteuse d’aventures sentimentales.

Le 5 octobre dernier, peut-être aussi nerveuse au Pop-Up du Label que si c’était son tout premier face à face avec le public, elle prend d’abord quelques minutes pour régler son pied de micro. Un petit sourire timide plus tard, on entend sa belle voix fragile tenir sur un fil pour reprendre les couplets de « All Star ». Une voix qui nous confie-t-elle très vite – même si on l’avait un peu deviné – est, après sa tournée britannique, au bord de l’extinction. Accompagnée d’un trio venu compléter l’instru rock dont elle enveloppe désormais ses chansons, son live band s’attache donc à combler quelques manques inhabituels. On est malgré tout saisi par les émotions brutes transmises par la jeune femme qui fait instantanément preuve d’une maîtrise et d’une confiance insolente. Même si les petits aléas de la soirée ne nous offrent pas la performance la plus renversante de l’année, Laurel parvient avec vulnérabilité à faire transcender ses histoires d’expériences amoureuses sur la scène parisienne.

Tandis que « South Coast » évoque ses origines avec mélancolie, « Adored » est fidèle à son statut de single catchy évident avec son tempo plus vif. Puis « Sun King » interprété en solo vient lui donner toute la mesure de la délicatesse vocale de cette chanteuse au lyrisme saisissant. Le set avançant, sa voix semble bien plus écorchée que prévu et sous peine d’être brutalement réduite au silence, un peu comme Bono récemment, Laurel nous annonce écourter la performance des quelques titres, si bien que le show se termine sans rappel et que deux ou trois chansons sont volontairement oubliées sur la setlist.

Que reste-t-il finalement de la Laurel d’il y a quatre ans ? Plus grand-chose. La setlist de la tournée semble avoir tourné la page, et les premiers sons et EPs de la Londonienne ont quasiment disparu des internet, mis à part chez les deux leaders du streaming.
Mais peu importe au final, maintenant que Laurel a trouvé sa place et réjouit pleinement par son disque à l’intensité décuplé et laisse une marque certaine dans la liste des nouveautés britanniques de cette année.


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens