Rencontre avec Isaac Delusion

Enfermés en studio, tout l’été, les quatre garçons d’Isaac Delusion travaillent à leur premier album. À l’occasion de la Fnac Live, ils ont répondu aux questions d’indiemusic. On les a donc retrouvés sous une chaleur caniculaire, enfoncés dans des poufs verts fluo, à nous parler de leur son et du chemin qu’il prend pour la scène. De l’Inde et de leur musique face à d’autres cultures. Mais aussi de ces choses, de ces dossiers qui traînent dans leur mp3. Mémorable.

crédit : Charlène Biju
crédit : Charlène Biju
  • Tout bête, mais important : pouvez-vous vous présenter ?

Loïc : Bin, moi c’est Loïc et je suis chanteur guitariste.

Jules : Moi c’est Jules, je suis aux machines.

Bastien : Bastien, je fais guitare, clavier, percu, batterie.

Nico : Et moi je suis Nico et je suis bassiste.

  • Et si vous deviez présenter votre musique, ça donnerait quoi ?

Loïc : Je pense que le thème le plus généraliste et le plus approprié est électro-pop. Mais on n’en est nous même pas très sûr.

crédit : Charlène Biju
crédit : Charlène Biju
  • Vous arrivez tous de différents groupes, alors Isaac Delusion, c’est un projet ou un groupe à part entière ?

Loïc : C’est un groupe. On a tous des univers musicaux différents. On vient de différentes scènes, de différents types de musique. C’est assez varié. Moi je viens plus du rock indé, folk. Jules c’est plus hip-hop. Bastien il vient plus de… de quoi ? De plein de trucs ! Il vient de tout. Nico, il vient d’un groupe qui fait une espèce de hip-hop ensoleillé.

  • Comment ça se passe pour gérer tous ces projets-là ?

Loïc : Ça se passe qu’on a de moins en moins le temps de faire autre chose, parce qu’on a ce projet-là. Isaac Delusion nous prend de plus en plus de temps, car on est en train de passer le cap de musiciens amateurs à « professionnels ». On a plus trop le temps de se consacrer à autre chose. C’est en dépit des projets qu’on avait à côté, desquels on est obligé d’un peu s’éloigner.

  • Quand on écoute votre musique, il y a bien plus que du son, il y a une dimension qui se crée. Du coup, vous avez des références autres que musicales ? Peut-être visuelles, cinématographiques ?

Loïc : Bien sûr. Au niveau cinématographique, on s’inspire énormément.

Bastien : On est tous des grands fans de cinéma.

Loïc : On regarde beaucoup de films. J’adore l’univers de Gondry, de David Linch aussi.

Jules : Il y en a plein, vraiment. Moi, je faisais de la vidéo avant de faire de la musique et je crois que ça joue pas mal.

  • Et du coup, quand vous êtes en phase de composition, d’où vient l’inspiration ? De ces œuvres ?

Loïc : C’est vraiment difficile à dire d’où vient l’inspiration. Ça peut être vachement divers. Ça peut être au niveau des rencontres humaines. Ça peut être au niveau d’un voyage. L’inspiration on ne peut pas dire d’où elle vient vraiment, mais ce qu’on est sûr c’est qu’en général, on part d’une mélodie ou d’une idée bien précise et on l’étoffe jusqu’à ce qu’on parvienne à quelque chose d’abouti.

crédit : Charlène Biju
crédit : Charlène Biju
  • Votre son est plutôt très propre, très cristallin. Le jouer sur scène, c’est une prise de risque ou une finalité ?

Jules : J’ai envie de dire qu’on joue de moins en moins nos anciens morceaux parce que justement, ils sont beaucoup plus, comme tu dis, cristallins, et que les nouveaux morceaux que l’on a, sont beaucoup plus adaptés à la scène, plus développés. Ils ont été faits à quatre et non plus à deux. Du coup, ces nouveaux morceaux sont beaucoup moins cristallin, ils bougent plus.

Bastien : Ils sont plus vivants. C’est aussi ce qui a fait qu’on a intégré le groupe avec Nicolas. Ils avaient ce besoin sur scène d’avoir quelque chose de plus vivant. C’est là où on s’éclate et je pense que c’est là que la musique se dégage le plus.

Jules : À la base c’est vraiment pour la scène qu’on a invité des gens à jouer avec nous.

Loïc : Ça s’est fait assez rapidement en fin de compte, il y a beaucoup de morceaux qu’on joue maintenant qui se sont vraiment créés en live, sur la scène. C’est très différent d’appréhender un morceau en le vivant avec des musiciens et en lui donnant une musicalité et une dynamique, que plutôt que travailler dans sa chambre, la nuit. Au début, on était vraiment confiné dans des endroits très réduits, à essayer de faire de la musique le mieux qu’on puisse, avec les moyens du bord. Maintenant qu’on a un groupe entier, ça prend une autre tournure plus puissante, plus dynamique, plus dansante, mais en gardant la partie onirique aussi.

  • Vous avez deux EP à votre actif et en ce moment vous êtes sur un album : la phase de création se passe différemment pour ses deux supports ?

Loïc : C’est pas du tout le même travail. Un album c’est vraiment quelque chose d’abouti. Ça demande plus de travail et de temps de réflexion. C’est comme tirer sa première carte du jeu, c’est super important, on ne peut pas se rater. À la limite, un EP on peut, mais pas sur un album. Dans la carrière d’un groupe, le premier album c’est très très important. Il faut vraiment réfléchir, faire un truc cohérent.

  • Ça se passe comment au studio ?

Loïc : On est en studio toute la semaine. On y est pour tout l’été. Dans une grande maison, en Normandie, le studio 33. C’est l’ingé son chez qui on va le plus souvent pour enregistrer. On s’y sent comme chez nous, dans un cadre vachement agréable. Puis ça se fait assez naturellement, les idées viennent comme ça.

crédit : Charlène Biju
crédit : Charlène Biju
  • Vous avez fait une tournée, avec des passages dans d’autres pays, notamment en Inde. Comment ça se passe face à une autre culture ?

Bastien : On est parti en  Inde, au mois d’avril, en partenariat avec l’Alliance française. On a fait une petite série de dates. En gros les quatre coins du pays. Mysore, Bangalore, Calcutta, Pondichéry, New Delhi, Bombay. C’était excellent. Après c’est vrai, que c’est un peu nouveau pour les Indiens qui étaient très présents lors des concerts. Ils avaient l’air satisfaits et on a eu de très bons échos. Mais c’est vrai que c’est une musique qu’ils connaissent peu. Déjà, qu’on a du mal à la définir, alors pour eux c’est un petit peu un ovni.

Jules : Il y a plein de gens qui nous ont comparés à Coldplay. Les références indiennes sont un peu étranges.

  • Et vous êtes revenus avec de nouvelles sonorités dans vos bagages ?

Bastien : On a bossé là-bas, sur quelques maquettes de l’album. On a ramené une percussion d’Inde. Et puis, inconsciemment, on est forcément influencé par ce voyage. Et par tous nos voyages qu’on a faits séparément. Au retour, on a été très productif sur l’album, ça nous a rapproché.

  • On parlait de public, justement, un public de festival c’est différent qu’un autre public ?

Loïc : On n’a pas vraiment, encore cette sensation de concerts où il y a une attente, des gens qui viennent pour nous. On a fait qu’un seul concert en tête d’affiche, qui était payant. Avant de jouer, on est jamais vraiment sûr que les gens sont là pour nous, donc on n’a pas encore ce truc en tête de se dire « aujourd’hui ils sont là ». On fait notre truc et on voit.

Bastien : Je crois qu’aujourd’hui, à Paris, les gens qui nous aiment, vont venir ; c’est gratuit, c’est en plein air et c’est samedi. Toutes les conditions sont réunies pour qui y ait pas mal de monde.

Nico : On a intérêt à assurer ! Si les gens ne partent pas en vacances !

Jules : Pour nous, dans tous les cas, ça reste une grosse grosse scène. C’est exceptionnel. Il y a un enjeu derrière tout ça.

crédit : Charlène Biju
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  • En plus, vous ne jouez vraiment pas longtemps ce soir…

Jules : Oui, on ne joue pas longtemps et c’est d’autant plus dur. Hier soir encore, on ne savait pas trop notre set, mais c’est vrai que c’est difficile de jouer court.

  • Pour finir et pour casser un peu avec la beauté de votre musique, dites-nous quelle musique inavouable il vous arrive d’écouter ?

Loïc : Moi c’est « What Goes Around » de Justin Timberlake, car un jour Jules me l’a filé pour que j’en fasse une cover. Il m’a dit que c’était le morceau qu’il fallait reprendre et du coup je ne l’ai jamais viré de mon mp3. Parfois je tombe dessus et je l’écoute, et ma foi, ça ne passe pas trop mal.

Jules : Je vais me défendre de cette accusation odieuse. C’est un des premiers morceaux, où je me suis dit la musique est super, le morceau est vraiment cool, mais c’est l’interprétation qui  ne va pas. Ça pouvait vraiment être cool, mais le morceau était pas terrible comme ça. Sinon ma piste, c’est « Wake Me Up Before You Go-Go » de Wham!

Bastien : Whaaah, il y a du lourd là. Qu’est ce que je vais pouvoir sortir derrière ?! Est-ce que je place le Annie Cordy ? Non, en fait moi j’ai effacé beaucoup de chose, j’ai fait le ménage, donc je n’ai plus de dossier…

Nico : Peut-être MMMBop des Hanson !

Bastien : Il nous a séché là. Ouhhh !

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Juliette Durand

étudiante en cinéma, arpenteuse des scènes parisiennes et passionnée des musiques qui prennent aux tripes