[EP] Gabriiel – Light in the Dark

Sans jamais rester enfermé dans un folk trop réducteur, Gabriiel inscrit ses compositions au cœur d’un courant musical beaucoup plus incantatoire, empli d’espoirs et de regards bienveillants. Une retranscription humaine et pure de visions intérieures délicates et précises, qui n’omettent pourtant jamais d’être immédiates dans leur effet cathartique.

Les ouvertures existentialistes de Gabriiel sont d’une rare poésie. Dépassant le syndrome d’auto-complaisance trop souvent symbolique d’une forme musicale introspective idéale, le songwriter sait, dès les premières secondes de « Light in the Dark », qu’il lui faudra pousser le propos bien plus loin, hors des sentiers battus et des clichés encombrants du folk. Pour ce faire, il n’hésite pas à dériver, à engager sa barque de fortune instrumentale et vocale au creux de courants contraires, invitant le rock et le blues à apporter leurs impulsions rédemptrices. Grand bien lui face : le disque est une merveille organique et vivante, foisonnant d’idées et de sensations comme on en a rarement entendues dans un condensé de cinq titres.

L’importance capitale de l’art de Gabriiel est dans ses détails, dans ses progressions fantomatiques et habitées par une passion intacte au fil de ses évolutions. D’abord implorante puis volontaire dès que les textures chamaniques de la piste éponyme, après une brève interruption, s’envolent et éclatent devant nos yeux éblouis, l’écriture s’ancre dans une subtilité caressante à travers les échos rythmiques et les réponses chorales de « We Are », chant collectif d’un destin communautaire que des cordes profondes transportent loin, très loin de ses fondations premières. Ce que prolongent les élans distordus de « Drive It », chevauchée blues rock enflammant les sens et le moteur nerveux d’une urgence, d’un besoin viscéral de prendre la route et de se laisser emporter par la beauté de paysages crépusculaires (« My Way »). La finalité de l’opus, sobre et respectueuse, résonne au creux de « Happy I Am », ultime moment de délicatesse avant un repos de l’âme amplement mérité.

Les lueurs tamisées de Gabriiel nous guident tout au long de l’initiation à laquelle il nous convie. « Light in the Dark » nous mènera à notre salut, à la renaissance de nos racines intimes.

crédit : Louise Vayssié

« Light in the Dark » de Gabriiel, disponible depuis le 7 février 2020.


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Raphaël Duprez

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