Cranes Records fête ses artistes à la Péniche Excelsior

Au sud-ouest du Mans se trouve Allonnes, et là se love, au creux d’un tournant de l’Huisne, un fabuleux lieu de la culture alternative sarthoise : la Péniche Excelsior. Cet ensemble couplé à la salle Jean Carmet accueille une programmation de qualité depuis 1998. Pour cette soirée, Cranes Records semblait bien décidé à en faire vibrer le zinc. On ne présentera pas ce label d’esthètes désabusés, en pariant sur votre curiosité, pour plutôt nous pencher sur leurs deux protégés et leur invité.

Le premier larsen fût lâché par les Dead Mantra, enfants prodigues et prodiges de la Motor City française. Comme pour un concert de My Bloody Valentine, ici le port des bouchons est conseillé. Mais rien n’est prévu pour nous protéger de la rythmique violente qui mitraille nerveusement les corps. « They call it pain » qu’il chante… alors l’auditoire est masochiste.

The Dead Mantra
crédit : Valentin Vala

C’est sauvage, un temps rêveur puis rageur. Toujours plus saturé, plus distordu, embaumé par la fumée et les spots blafards. Les guitares slaloment entre elles pour finir sur le fabuleux dérapage final, « Souless ». La soirée commence à merveille.

Seventeen At This Time prit ensuite d’assaut la carlingue de l’Excelsior avec un set basé sur son récent album Tokkoubana. Malgré quelques soucis techniques, le groove anti-capitaliste d’ « Angela Merkel » put résonner librement. L’élégante harmonie du trio illumina nos larmes sur « Holly », slow mélancoliquement mystique.
L’univers singulier du groupe se distille un peu plus à chaque morceau, hanté par la voix d’un homme sans âge ou les samples nauséeux de Cruising. Une envie malsaine de se déhancher s’empare de nos membres, on ne sait sur quel pied danser. Dernier portrait culte mis en musique par ces Parisiens, « Bobby Beausoleil » étendit son crépuscule pendant près de 8 minutes… laissant le public entre violences vocales délayées à l’écho et tourbillons nerveux de pédale Wha Wha.

Puis place fût faite pour Sonic Boom, ancien membre fondateur du culte intersidéral Spacemen 3. L’anglais, qui a visiblement choisi un mauvais nom de scène, proposa un set atmosphérique, illustré par des vidéos expérimentales réagissant à ses sons. Le résultat est un croisement entre un bad trip sous M&M’s et une célébration de Skippy le grand Gourou. Une musique fumeuse et transcendantale.

Sonic Boom
crédit : Louis Muller

Dans de telles circonstances, hors la prise de substances plus ou moins licites, point de salut. On conseillera donc au lecteur de réécouter la discographie de son ancien groupe, afin de garder un semblant de respect pour ce vénérable musicien.

À postériori, cette soirée fut l’occasion de voir programmer en Sarthe les deux plus belles découvertes de Cranes Records le même soir. Un moment précieux. Pour le reste, on pourra se vanter auprès de nos ennemis hipsters d’avoir survécu à un attentat sonique sous sédatif.

Article écrit par Arnaud Plessier.

cranesrecords.com

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17att.bandcamp.com

sonic-boom.info

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