[Live] Chastity Belt à l’Espace B

Il a fallu attendre deux ans avant d’assister au retour de Chastity Belt en France, après des débuts convaincants. Patience récompensée avec un set joliment porté par le nouvel album, « I Used To Spend So Much Time Alone ».

Chastity Belt – crédit : Cédric Oberlin

On avait quitté Chastity Belt il y a deux ans (déjà), au Pop-Up du Label, à l’occasion d’une première en France où le groupe punk d’origine entamait une transition vers des sphères plus pop. Depuis, les quatre Américaines de Seattle, figures du label Hardly Arts, sont passées avec Julia Shapiro – désormais blonde – aux manettes dans une posture indie pop à la touche branleuse plus qu’assumée. Un troisième album plus tard, le groupe change de délire en laissant de côté le verbe ironique et sarcastique du féministe « Cool Slut ».

En effet, avec « I Used To Spend So Much Time Alone » – sorti au printemps de cette année -, le quatuor est maintenant plus mature et apaisé que jamais, à l’image d’un chant et d’une interprète volontairement saisie d’une nonchalance extrême pour appuyer des textes mélancoliques et dérouler des mélodies posées et planantes. La chaleur étouffante de l’Espace B aidant, les Américaines semblent presque tourner au ralenti pour ce retour parisien, mais leurs compositions jouent pour elle. En fermant les yeux, on se laisse facilement porter sur leurs séquences instrumentales où les notes de guitares coulent comme une vague surf rock.

Imitant Lydia Lund sur l’album précédent, la batteuse Gretchen Grimm glisse, pendant la performance, une composition personnelle avec « Stuck », sur laquelle elle troque son kit pour la guitare de Julia, qui récupère alors ses deux baguettes et lui laisse le devant de la scène. Une façon de rappeler que Chastity Belt n’est pas juste un projet solo de Shapiro, mais bien une formule à quatre. Autre temps fort : la mélodie entêtante du jangle-pop « Different Now », ou la conclusion géniale de « 5am », qui traduit à lui seul la mutation d’un groupe jouant sur la crise de la vingtaine pour employer une tonalité plus sombre et introspective.

La setlist, consacrée presque exclusivement au nouveau long-format, a cependant semblé un brin courte ou incomplète. « On The Floor » et « Time To Go Home » étant les seuls rescapés d’un deuxième album plus punchy, qui aurait pu apporter des nuances plus accentuées si elles avaient été accompagnées par d’autres tubes (« Trapped », « Lydia »)… On s’est donc contenté de l’incontournable « Joke », joué sur demande par les fans après le rappel. Difficile de ne pas regretter également l’absence de « What The Hell », meilleur son du dernier disque par sa simplicité acoustique.

Avec désormais trois albums dans leurs bagages, la formule du set à dix morceaux peut sembler un peu légère, même si les trois plateaux du soir ne laissaient pas forcément plus de place pour cet événement. En effet, avant Chastity Belt, deux autres formations se sont produites : les très lo-fi Suédois de Magic Potion juste avant le garage-surf de Guantanamo Baywatch.


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens