[Interview] 3SOMESISTERS

Véritable curiosité au cœur de la programmation éclectique des 37e Rencontres Trans Musicales de Rennes, le quatuor 3SOMESISTERS se produira, le jeudi 3 décembre prochain, au Parc Expo, Hall 3. Avant de retrouver sur scène cette formation excentrique et tribale, maniant et mariant la pop, l’électronique et les polyphonies vocales dans une dimension aussi onirique qu’atypique, Sophie Fustec, Florent Mateo, Bastien Picot et Anthony Winzenrieth lèvent le voile sur leur curieuse pop prête à briser la barrière des genres, et pas seulement musicaux.

crédit : Leny Guetta
crédit : Leny Guetta
  • Pour commencer, pouvez-vous vous présenter ?

Nous sommes 3SOMESISTERS, ni plus ni moins que les futures maîtresses du monde.

  • Avant de dévoiler vos propres compositions sur l’EP « Cross-« , vous repreniez depuis quatre ans des tubes dance des années 90. Quand et comment est venu le déclic de dévoiler vos propres compositions ?

Nous nous sommes fait la main sur des covers 90’s. C’était pour nous le terrain de jeu idéal. De cette période, nous avons transposé une mécanique de travail au service de créations plus personnelles. Les compositions étaient finalement inévitables si on voulait se faire entendre plus directement, plus sincèrement.

3SOMESISTERS - Cross-

  • Certains vous ont découverts grâce à vos collaborations avec Gush et Yael Naïm. Vous y accompagniez les deux groupes en tant que choristes ou votre participation à ces projets dépassait ce cadre ?

La collaboration avec Gush concerne notre titre « Look at me Now », qui figure sur notre premier EP, « Cross-« , sorti cette année.
Aux côtés de Yael Naïm et David Donatien, nous avons participé à une création qui s’est jouée salle Pleyel, dans le cadre du festival Days Off en 2013, puis nous l’avons enregistré sur l’album « Older » en 2014 et fait les chœurs et claviers sur la première saison de la tournée en 2015.

  • Art-rock, R&B, soul, funk, électro-pop, difficile de mettre dans une case précise la musique de 3SOMESISTERS. Si vous deviez inventer un nouveau genre musical, comment l’intituleriez-vous ?

L’épicentre de notre discours musical, ce sont la polyphonie et la polyrythmie, le tout dans un écrin moderne. Des éléments très présents dans les musiques traditionnelles et religieuses.
Par déflagration, nous officions donc dans des registres relativement pop, électroniques et tribaux. Enfin, nous aimons la définition du mot moderne, qui le présente comme « la tradition du nouveau ».

  • 3SOMESISTERS, ce sont des personnalités. Est-ce que ce groupe revêt un peu l’apparence d’une pièce avec un rôle à tenir, à porter sur ces épaules, on est dans le jeu de rôle, non ?

C’est tout à fait cela. 3SOMESISTERS singe en toute « inhumilité » des comportements de Divas hors normes, hors codes, hors genre, de façon scéniquement incorrecte.

  • D’ailleurs, pour tenir un rôle, il s’agit également de revêtir les costumes adéquats ! Au-delà d’avoir trouvé chaussure à vos pieds, vous portez sur scène des robes noires et blanches complétées de boucles d’oreilles et de coiffes couleur bleue Klein, et d’un maquillage noir pour souligner chaque trait de votre visage. 3SomeSisters est-il un groupe fashion ?

Nous avons la chance de collaborer avec des gens particulièrement talentueux. Pour ne citer qu’elle, Lia Seval, bras droit de Castelbajac, nous bénit de sa créativité sur ces tenues qui étayent à merveille notre discours musical : tradition, ethnicité, clergé (autant de représentations iconiques dont on se moque : ce sont pour nous les plus fortes sources d’inspiration pour nos jeux de rôles autour des divas et showman, finalement) versus futurisme.

crédit : Leny Guetta
crédit : Leny Guetta
  • Parlez-moi de cette transformation complète qui s’opère sur scène ? Est-ce que le live, le fait de jouer face et pour un public, a le pouvoir de vous transcender ?

Quelques minutes avant de monter sur scène, quelque chose opère. La tenue et le maquillage y sont pour beaucoup, assurément. C’est un peu schizophrénique.
Le rapport que nous entretenons avec le public s’apparente à une sorte de rituel, de séduction un peu sadomasochiste pour mener effectivement à une communion et une transe…

  • On ressent une forte complicité entre vous quatre et une incroyable cohésion dans le mariage de vos voix : comment se passent ces séances d’écriture pour parvenir à restituer ces magnifiques polyphonies vocales ?

Le travail de composition, et en particulier celui des voix, est tout à fait collégial. Il nous arrive de composer et arranger des choses chacun de notre côté, mais c’est de notre rencontre que le son 3SOMESISTERS devient.

  • Je trouve que la réussite du projet réside dans l’intérêt des morceaux sortis de leur contexte artistique : on peut les découvrir sur scène, mais sur disque, c’est aussi une expérience sonore et émotionnelle que l’on vit. Pensez-vous lors de l’écriture d’un morceau autant au ressenti sur disque qu’à la dimension, autre, qui peut se développer sur scène, ou au contraire, vous concentrez vous prioritairement sur l’enjeu scénique ?

Il y a assurément plein de critères qui rentrent en considération lors du processus créatif.
Nous sommes passionnés et nous avons bien des inspirations de par nos expériences, collaborations, goûts et origines (Amérique latine, océan Indien, Europe centrale…), si bien qu’un cadre est essentiel.
Nous regardons dans la même direction ; pour autant, notre cahier des charges comprend l’expression des individualités, les notions de jeu, d’insolence et d’insoumission. Si bien qu’au final, le cadre vole en éclats (rire) !

crédit : Leny Guetta
crédit : Leny Guetta
  • À côté de 3SOMESISTERS, vous avez également des projets plus solos. Je pense à Bastien Picot qui nous avait fait l’honneur de présenter son titre « Stardust » en avant-première sur indiemusic. Pouvez-vous m’en parler un peu ?

Quand Sophie compose et chante en espagnol, elle devient La Chica dans un projet résolument pop. La sortie d’un premier EP est prévue courant 2016.
Florent et Anthony se retrouvent sur Flawd, sur des chansons électro-organiques. Le premier EP 4 titres, « Rift 1 », est disponible depuis septembre 2015.
Et Bastien Picot a aussi sorti son EP « Pieces of a Man » en septembre, dont est extrait le titre « Stardust ».

  • Votre prochaine grosse actualité, qui s’inscrit d’ailleurs dans le cadre de cette interview, c’est votre concert aux Trans Musicales le jeudi 3 décembre 2015. Comment préparez-vous cette date ? Et que peut-on attendre de particulier ou plutôt qu’est-ce qui peut nous inciter à venir absolument vous voir ?

Nous sommes particulièrement excités à l’idée de présenter notre musique au public du Hall 3 ! Nous sommes en ce moment en résidence à L’EMB Sannois, qui nous accompagne ; l’équipe nous soutient dans cette phase de création assez intense.
Nous avons la chance, encore une fois, d’être formidablement entourés pour le travail sur le son. C’est à la fois bien fat et cérémonial ; c’est un peu le dancefloor dans l’église – bisous, Pussy Riot. La scénographie, la lumière (des tentures qui, selon les jeux de lumières, s’apparentent à des vitraux d’église, des drapeaux…) et la mise en scène sont très importantes pour le groupe.
Et du fait que nous sommes tous multi-instrumentistes, il fallait donc combiner cohésion et explosion dans un jeu de chaises musicales incessant. Alors oui… Les Trans, c’est effectivement notre gros rendez-vous de cette fin d’année !


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques