[LP] Michael Wookey – Hollywood Hex

En équilibre précaire entre l’énergie et la tragédie, « Hollywood Hex » de Michael Wookey explore les sensations d’un individu courant vers la célébrité autant que vers sa propre perte, tout en demeurant constamment humble et sincère. Une œuvre subtile et profonde, qui nous accompagne dans les instants de repli sur soi, afin de mieux nous ouvrir au monde qui nous entoure et nous enserre.

On pourrait se perdre dans « Hollywood Hex ». Croiser deux extrêmes : mélancolie et folie. On sent la fièvre monter en flèche, les sueurs froides couler le long de nos colonnes vertébrales, les murmures d’une confidence en harmonie avec la peur de la déchéance. Michael Wookey s’expose, dessine les tableaux de petits riens qui font les grands contes modernes. Grâce à une palette bercée de blues, de pop et, plus que tout, d’une douceur quasi mystique, le disque transpose le quotidien dans son ressentiment, son intériorisation, son analyse. Une virée émotionnelle au ralenti, s’arrêtant sur des aires d’autoroute sensorielles désertes, dans des hôtels miteux où tout se joue dans les bruits provenant des chambres avoisinantes. Une lutte infinie contre la décrépitude et la dépression. Une envie, un délice âpre et brûlant.

Le drame, constant, s’étire dans les passages tendus et soutenus de « Sailor » et « Long Live The Meadows », petites merveilles de spleen au bord du vide, d’un romantisme noir qui n’a pourtant pas envie de baisser les bras. La psyché de Michael Wookey, malmenée et livrée à elle-même, déborde de ces pistes entre ténèbres et lumière, entre obscurité et éclat d’une flamme discrète et inattendue. « Give me space but don’t forget me », complainte centrale du titre éponyme, résumé parfaitement l’intention de l’opus : ce besoin viscéral de se frotter à la solitude, celle-là même qui s’orne de cordes subtiles et délicates, anges gardiens d’une âme en peine mais refusant de céder à l’abandon et à la soumission. « Motherfucker » et ses nappes synthétiques rejettent les brouillons d’amitiés et d’amours impossibles, pied de nez à ces rapports impersonnels et vides de substance, quand « Pistol Whipped » injecte une dose d’adrénaline surannée et collective, une ambiance de veille avant que nos yeux  ne s’ouvrent sur un quotidien à jamais métamorphosé. Détresse et envie ; deux substantifs errant dans les couloirs vides d’un esprit en recherche d’une vérité certes cruelle, mais parfaitement exutoire.

« Hollywood Hex », tempête mentale versant dans la déchéance et la reconstruction du sensible, est d’un lyrisme à fleur de peau, caressant et pansant les blessures d’un combat perdu d’avance. Mais dont Michael Wookey connaît à présent les enjeux et conclusions, après avoir volé en se jetant dans le vertige du doute et de la révélation.

crédit : Antoine Magnier

« Hollywood Hex » de Michael Wookey est disponible depuis le 6 avril 2018 chez We Are Unique ! / La Baleine.


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Raphaël Duprez

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