[Live] Mac DeMarco au Cabaret Sauvage

Mac DeMarco, icône du rock indé des 15 dernières années, était de passage à Paris pour trois soirées à guichets fermés dans la très belle salle du Cabaret Sauvage. On a eu la chance d’y être, pour un concert à la fois généreux et surprenant.

Mac DeMarco © Jean-Léo Bost

En voyant la longue file d’attente serpenter le long des quais de La Villette en attendant l’ouverture des portes du Cabaret Sauvage, on se dit que Mac DeMarco fait partie de ces artistes que le public aimera toujours et dont la popularité ne faiblira jamais. Ces derniers temps, le guitariste canadien n’a pourtant pas essayé de provoquer le succès : une compilation de 8h40 de morceaux (ou plutôt de démos) sortie en début d’année, suivie d’un 5e album studio, « Five Easy Hot Dogs », entièrement instrumental.

Ce dernier album, il est au cœur de la tournée intimiste menée par Mac DeMarco en cet été 2023. En effet, le chanteur commence son concert par jouer l’intégralité des 14 titres du projet, accompagné d’un nouveau groupe de trois musiciens. DeMarco lui-même le souligne sur scène : il est particulièrement rare de pouvoir prendre le temps de jouer l’entièreté d’un album en concert, qui plus est lorsque les morceaux sont si loin des codes classiques. On profite avec lui de ce moment qui, on le sait, ne se reproduira pas de sitôt. Certes c’est un peu long par moments, mais la gouaille de DeMarco est irrésistible. Le dialogue avec le public est permanent, allant d’un inventaire très précis des villes canadiennes à visiter (ou non), de l’histoire commune des membres du groupe, des origines de certains morceaux, à quelques blagues sur Paris et les Français… On apprend même qu’un spectateur s’est fait raser le crâne sur scène lors de la date de la veille. L’artiste arrive à faire quelque chose que trop peu de musiciens prennent le temps de faire : instaurer un vrai moment de complicité unique, où l’on n’assiste pas au même concert que la veille ni à celui du lendemain.

Cette démarche assez radicale de jouer l’intégralité de son dernier album, qui plus est un album concept n’ayant logiquement pas le succès populaire des précédents, semble ainsi dénuée de tout égo mal placé. DeMarco lui-même est conscient que la plupart des gens ne sont pas là pour ça. « Two more, and we’re done », scande-t-il avec un léger sourire en coin lorsqu’il sent que l’ambiance dans le public redescend légèrement.

Après cette première heure, l’ambiance change radicalement dès les premières notes de « Salad Days », morceau iconique de son album éponyme (2014). Mac DeMarco réinvente les titres majeurs de sa discographie (« My Kind of Woman », « Still Beating », « Nobody », « Still Together »… pour ne citer qu’eux) avec de nouveaux arrangements, plus acoustiques. Les refrains sont repris en chœur, les téléphones immortalisent le moment. Il y a le sentiment partagé par tous d’un moment privilégié, dans une si petite salle, avec une configuration si intimiste et chaleureuse. Après une longue improvisation finale basée sur le morceau « Still Together », Mac DeMarco et ses musiciens mettent brillamment fin à 2 heures et demie de concert.

On sort du chapiteau du Cabaret Sauvage aux anges. Ça nous donne envie d’aller réécouter toute la discographie du chanteur canadien, qui nous accompagne depuis 2012 et la sortie de « 2 ». Surtout, on a hâte que Mac DeMarco ressorte un album dont il a le secret, à la fois entraînant et mélancolique, que l’on pourra reprendre à gorge déployée s’il décide un jour de le jouer en intégralité sur scène.


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Jean-Léo Bost

Jean-Léo Bost

Basé à Paris, Jean-Léo Bost est photographe pour des artistes et évènements musicaux, ainsi que pour des artistes d'art et de cirque contemporain.