Vertige de la pop

Après l’article sur le parfait Bloom de Beach House, c’est une autre sortie récente qui tape à l’oeil. Egalement de Baltimore, le groupe Lower Dens a sorti le 30 avril dernier leur second album intitulé Nootropics.

En 2010, Jana Hunter revenait sur le devant de la scène accompagnée de sa nouvelle formation Lower Dens avec l’album shoegaze pop Twin-Hand Movement, et encore Chris Coady derrière la table de mixage (une tradition Baltimorienne ?).

Rebelote cette année avec le tout jeune Nootropics. Précisons que les nootropiques sont des drogues permettant de modeler la pensée, perfectionner sa mémoire… nicotine, caféine, chocolat et d’autres trucs plus méchants. L’article précédent parlait déjà de drogue… Bref, musicalement le nouvel album de Lower Dens est aussi coloré que la pochette de celui-ci. Pas forcément négatif, justement, Nootropics est une sorte d’exploration transhumaniste (H+) de ce que peut être l’atmosphère en musique… Oui, ça peut foutre le cafard au premier abord.

Fidèles à eux-mêmes, les Lower Dens poursuivent dans la veine “shoegaze électro un peu psyché”. Un son qui peut paraître lassant pour certains, intéressant pour d’autres, mais la qualité et la richesse y sont.

Alphabet Song se charge d’ouvrir l’album avec force en faisant référence au poème “Suicide” de Louis Aragon (Lower Dens intellectualise souvent ses morceaux). La voix androgyne de Jana Hunter perce encore.

Plus rythmé, le (vraiment) beau morceau Brains démarre avec un mouvement de batterie entêtant, des synthés qui s’amplifient, puis la voix rauque de Jana… On se laisse porter jusqu’à ce que le morceau prenne un superbe tournant pour entrer dans une ambiance différente qui se conclut avec le petit Stem, morceau Joy Division-esque. On n’y comprend rien, mais c’est rudement efficace.
Suit le décadent Propagation, une incantation où la voix moins pudique de Jana Hunter est suivie de chœurs fantomatiques.

Ces trois titres sont les plus marquants de l’album. Le restant de l’album est plus planant, plus instrumental et répétitif, donc soporifique (voir chiant à mourir) pour certains (les mélomanes fainéants qui aiment la surprise et les brèves montées d’adrénaline). Mais pour d’autres, il est tout aussi intéressant d’explorer l’idéalisme et l’éthique en musique… Bref, Nootropics a plusieurs niveaux d’écoute (et aucun n’est le bon ou le mauvais ; chacun sa perception).

Lower Dens utilise une technique transhumaniste en proposant la technologie moderne comme échappatoire à l’existence vaine de l’être humain. Nootropics appelle à la réflexion sur notre condition et se clôt sur le titre symbolique et apocalyptique In The End is the Beginning (titre d’ailleurs en accord avec An End Has A Start de nos chers Editors)…
Mais je crois que Lower Dens fait aussi de la musique et vient de sortir un album !

Nootropics est un disque sensé : la pochette, le titre, les sonorités expérimentales et expérimentées, les textes, tout se rejoint. Un bel opus qui pourrait dans quelques années être un monument pop vertigineux.

lowerdens.com

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Léa Jiqqir

Chroniqueuse pétillante passionnée par la culture indé.