[Live] Lollapalooza Paris 2023

Le festival Lollapalooza revenait les 21, 22 et 23 juillet à l’hippodrome de Longchamp pour son édition française 2023. Rosalia, Kendrick Lamar ou encore Lil Nas X étaient au rendez-vous pour le bonheur des fans parisiens. Pour sa 5e édition parisienne, Lollapalooza a misé sur de gros noms internationaux qu’on ne voit pas si souvent en France : les jeunes Coréens de Stray Kids le vendredi, la star espagnole Rosalia le samedi, et l’icône américaine Kendrick Lamar pour clôturer le festival le dimanche.

Lollapalooza Paris 2023 © Jean-Léo Bost

Plusieurs stars françaises étaient également présentes dès le vendredi : les rappeurs Niska puis Damso enflamment le public sur les deux main stages. On découvre ensuite la violoniste californienne Lindsey Stirling, qui intègre les codes de la pop contemporaine à des compositions au violon particulièrement énergiques. Entre danse et solos virtuoses, Lindsey Stirling chauffe parfaitement la scène pour le groupe de K-pop Stray Kids. Le public de cette première journée est majoritairement composé de fans inconditionnels du groupe ayant saisi cette chance unique de les voir en France, tant le boys band coréen se fait rare sur les scènes européennes. La performance est maitrisée de bout en bout, accompagnée d’une scénographie particulièrement importante pour une date de festival.

Samedi, on profite de la journée complète pour découvrir ce que le festival propose au-delà de la musique : stands de nourriture nombreux et variés, associations présentes pour présenter leur travail aux festivaliers, ateliers coiffure et maquillage… L’endroit est immense, même un peu trop pour créer un vrai sentiment de convivialité. On est séduits par le food corner spécial chefs étoilés : Alain Ducasse, Jean Imbert, Mory Sacko, Cédric Grolet et Stéphanie Le Quellec proposent chacun un stand avec menu unique concocté par leurs soins. Néanmoins, les prix forcément bien plus élevés que ce qu’on a l’habitude de voir en festival peuvent être dissuasifs.

On se rend ensuite sur l’intimiste scène hip-hop, dont la curation était particulièrement léchée tout le week-end. Prince Waly et Makala s’enchainent pour des prestations furieuses devant un public livré à leur cause. On passe jeter un œil et faire quelques pas de danse sur le set electro de DJ Diesel, aka la légende de la NBA Shaquille O’Neal. Sur les scènes principales, on apprécie passer l’après-midi avec les Islandais de Kaleo et leur folk toujours très plaisant, ainsi qu’avec le rap ensoleillé de J.I.D. Le soleil se couche sur Niall Horan, qu’on aimerait voir plus souvent mis en valeur médiatiquement tant certains de ses morceaux sont aussi agréables et efficaces que les tubes de son ancien comparse des One Direction, Harry Styles. L’attente pour Rosalia monte de plus en plus, des fans de la chanteuse étant présents devant la main stage depuis l’ouverture des portes du festival. Lil Nas X investit l’hippodrome de Longchamp juste avant l’arrivée de la musicienne espagnole, accompagnée d’une scénographie somptueuse et de danseurs brillants.

La performance de Rosalia restera sans doute notre show préféré du week-end. Elle arrive émue, car c’est la dernière date de son immense tournée mondiale pour l’album « Motomami », qui l’a propulsée sur le devant de la scène pop. Le lien avec le public se crée immédiatement, la chanteuse allant même jusqu’à descendre jusqu’à la fosse pour chanter avec ses fans. La direction artistique du concert est remarquable, faisant la part belle à l’image : des caméras sont cachées sur la scène ou les accessoires des danseurs, permettant un sentiment de proximité très rare sur des concerts de cette envergure. Une performance sans faille où s’enchainent ses plus gros titres, de « Despechà » à « La Fama », en passant par le toujours émouvant « La Noche de Anoche ». On aurait bien vu cette performance comme une conclusion en apothéose de la journée, mais c’est Kygo qui se charge de donner le dernier concert du samedi. Un dj set solide, entre hits électro de ces dernières années et morceaux choisis de la discographie du producteur norvégien.

On commence la dernière journée du festival avec le rap poétique de Lémofil, jeune artiste français à suivre de près. La scène hip-hop nous ravit toujours autant : Anna Kova, Bianca Costa, Benjamin Epps… décidément, la jeune génération du hip-hop français est riche et prometteuse. On passe voir le guitariste John Butler, et on y reste jusqu’au bout tant c’est à la fois virtuose et touchant.

La soirée commence avec un plaisir nostalgique devant le concert de One Republic, sans surprise, mais toujours efficace. Puis on fait face à l’une des plus grandes déceptions du festival. Central Cee, jeune rappeur britannique connu pour des morceaux comme « Doja » ou « Sprinter », se fait attendre un gros quart d’heure sur scène avant de n’y rester qu’une trentaine de minutes, décevant une bonne partie du public qui s’attendait à le voir performer une heure complète. On oublie ça en profitant des tubes ultras efficaces et fédérateurs d’Aya Nakamura. Les dizaines de milliers de personnes réunies devant la scène prennent un plaisir non dissimulé, les mouvements de danse s’enchainent et les refrains sont repris en cœur. L’ambiance est parfaite pour accueillir celui que tout le monde attend depuis le début du week-end.

Kendrick Lamar livre une performance impériale. En maîtrise parfaite de son art, le rappeur de Compton gâte le public avec tous ses plus gros morceaux, de « Swimming Pools » à « King Kuta », en passant par « HUMBLE. » ou « DNA ». « Mr Morale and the Big Steppers », son dernier album acclamé en 2022, est également présent dans la setlist avec notamment « Count Me Out », l’un des moments forts du show. Les morceaux s’enchainent avec une énergie folle, Lamar ne prenant que rarement le temps de parler au public, embrassant parfaitement son statut d’icône intouchable. Il quitte la scène sans fioritures après avoir retourné l’hippodrome de Longchamp pendant 1h15. Les lumières se rallument, et c’est déjà l’heure de se diriger vers la sortie.

Cette édition de Lollapalooza nous laisse un petit goût mitigé en bouche. Certes, les grosses têtes d’affiche ont livré des performances mémorables, et plusieurs « petits » noms de la programmation nous ont séduits. Il reste que pour un prix si élevé, le line-up parait un petit peu léger, le lieu trop grand et impersonnel… On a l’impression de faire partie d’une grosse machine industrielle qui se balade à travers le monde sans prendre le temps de travailler le détail pour rendre cette expérience aussi singulière et chaleureuse qu’elle pourrait l’être. C’est dommage, mais on ne peut tout de même s’empêcher de se demander quelles surprises l’édition 2024 du festival va nous réserver.


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Jean-Léo Bost

Jean-Léo Bost

Basé à Paris, Jean-Léo Bost est photographe pour des artistes et évènements musicaux, ainsi que pour des artistes d'art et de cirque contemporain.