[Live] Marissa Nadler au Point Éphémère

Dans le monde de la dark folk glaçante et fascinante, Marissa Nadler a une place assez particulière. Sa voix unique et bouleversante en fait un sujet d’attraction certain à chacun de ses passages parisiens, comme le 25 octobre dernier au Point Éphémère.

Marissa Nadler – crédit : Cédric Oberlin

L’effet est ainsi immédiat dès l’hypnotisant morceau introductif, « For My Crimes », extrait de son neuvième album homonyme. Avec ce nouveau disque, plus dépouillé, elle se permet une tournée quasi solo, s’appuyant ponctuellement sur un guitariste d’appoint pendant ses performances. Par sa voix cristalline et hantée, tout juste portée par une alternance de guitare acoustique ou électrique, Marissa Nadler démultiplie encore plus l’importance de son chant habité pour mieux nous transporter. Ainsi embarqués dans sa transe hypnotique, nous nous laissons saisir à l’écoute des douces complaintes de ses derniers disques. « Leave The Light On », « Dead City Emily », les morceaux pleins de mélancolie extraits de toute part de sa large discographie s’enchaînent alors tel un sombre rituel pour l’artiste toute vêtue de noir.

La performance ténébreuse et lancinante contraste joliment avec la personnalité de celle qui se dévoile entre chaque titre. Ironique ou énervée par les impuretés sonores qui font parfois la surprise et la magie des concerts, on découvre une perfectionniste qui garde toujours un pied dans le monde réel entre deux voyages émotionnels provoqués par ses titres, et apporte un rayon de lumière sur le visage d’une performeuse pour le moins mélancolique. Mais quand elle reprend le fil de sa setlist, son chant se fait le porteur d’une cascade d’émotions paradoxales, au-delà du simple cliché larmoyant. Dans sa robe de prêtresse sombre, Marissa manie les cœurs avec prouesse et sait bouleverser sans en trop en faire, juste avec ce qu’il faut, et c’est pour cela qu’elle est incontournable dans son registre. « Blue Vapor » et « I Can’t Listen to Gene Clark Anymore » s’imposent ainsi sur scène comme les principaux vecteurs des émotions fortes du soir.

Autre moment audacieux et déroutant, Marissa Nadler nous gratifie d’une cover de Fleetwood Mac (« Save Me A Place ») passé sous le filtre de son univers ténébreux qu’on qualifierait bien plus de réinterprétation qu’une simple reprise. Une manière de mesurer l’étendue du talent particulier de l’artiste pour transformer ce qu’elle touche à sa guise et dans son ton. Vivement la prochaine grande messe.


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens