[Live] Crossroads Festival 2018

Vendredi 14 septembre

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Au troisième jour du festival, les mêmes causes produisent les mêmes effets et on arrive à la Condition Publique à la fin du concert de iNA iCH, juste à temps pour profiter de la voix puissante de Kim-Thuy Nguyen, de son clavier virevoltant et des percussions juste de son compère Aurélien. On enchaîne, et quand on sait que le groupe Caravane est venu du Québec pour participer à ce Crossroads Festival, la formule est facile mais on se rend vite compte que le groupe n’a pas fait le voyage pour rien. Surtout Dominic, son chanteur, qui ne ménage pas ses efforts, lève les bras, mime ses textes, descend dans le public pour mieux finir à genoux seul devant la scène (le public encore timide s’étant retranché vers la console). Vient alors Balao sur la scène d’en face. Rappeur lillois à la carrure impressionnante, l’homme ne lésine pas sur les allers-retours de gauche à droite de la scène en petite foulée, accompagné de ses invités. Doté d’un flow à toute épreuve et de textes ciselés, son titre « Corner » reste tout de même sa meilleure arme avec son entêtant « J’fais mes affaires dans mon coin, vous devriez faire de même ». Puis c’est au tour de Le Vertigo, qui s’appelait encore il y a peu Vertigo. À la faveur de l’ajout de la particule, le groupe a changé de son. Plus rond, plus chaud mais aussi plus psychédélique, cette nouvelle formule est une véritable réussite, très classe et accessible à la fois.

Après une pause apéro-réseautage entre pros, c’est When Airy’ Met Fairy qui entre en scène. A-t-on basculé dans un univers parallèle ? À l’image des lumières très blanches qui balayent la scène, on a l’impression de se retrouver dans une sorte de paradis perdu, et d’être accueillis par un ange ou un elfe, sensation renforcée par la voix cristalline de Thorunn Egilsdottir, qui convie à cette fête sensible une bonne part des mythes de l’Islande, d’où viennent les parents de cette Luxembourgeoise.

Le public du Crossroads Festival était-il au courant que Luke, le chanteur de Cardri, était d’origine américaine ? On a senti la foule interloquée par le fait qu’il parlait tantôt en français, tantôt en anglais. En tout cas, le son de Cardri est définitivement cosmopolite et transcende les courants musicaux : pop, rap, rock, electro, leur showcase était un véritable melting pop.

Il n’y avait encore eu aucun bug technique à la Condition Publique durant ce Crossroads, il aura fallu que cela tombe sur Ours Samplus. Le groupe a semblé avoir des difficultés avec l’écran géant situé derrière lui et aura dû au final s’en passer. Que le duo lillois se rassure, cela n’aura en rien nuit à sa prestation tellement son son est original et nous emmène loin en dehors des sentiers battus. Ce mélange de jazz, de rap et de soul aura été une des grosses sensations du festival.

Avec Blue Orchid, duo venu de Clamecy (près d’Auxerre), back to basics! Et avouons que cela n’est pas pour nous déplaire. Une guitare, une batterie, un bon gros son garage rock, que demander de plus ? À l’opposé, dans tous les sens du terme, Idiot Saint Crazy Orchestra se sera montré totalement inclassable et non moins jubilatoire : déguisements, masques, musique épique digne d’une bande son de Sergio Leone, un peu comme si le nouveau western était localisé à Dunkerque. Inclassable et jubilatoire on vous a dit ! Ces deux qualificatifs, on pourra toutefois les attribuer également aux Rennais de Le Groupe Obscur. Tous vêtus de drôles de tenues noires équipées de petites lampes, maquillés, chantant aussi bien en français que dans leur propre langue, l’obscurien, Le Groupe Obscur aura apporté tout à la fois noirceur, fraîcheur et une bonne dose d’onirisme salvateur alors que la nuit était tombée sur Roubaix.

Roubaix, c’est d’ailleurs le titre du premier morceau jouée par les locaux du festival, Bison Bisou. Ce nom un peu potache aurait pu nous laisser imaginer un groupe d’éternels ados venus jouer en dilettante à la Condition Publique. Et si l’on peut sans nul doute les qualifier de grands enfants, le groupe aura laissé une claque uniforme à l’ensemble du public. La preuve, ils sont repartis du Crossroads avec le prix Longueur d’Ondes dans la poche et un joli « coup de cœur dans ta gueule » pour Tsugi !

Dur dur derrière ça pour un artiste de relever le double défi d’enchaîner après une telle déflagration et de conclure le festival. Du haut de ses 20 ans, le DJ Brook Line ne s’en laissera pas compter. Parfaitement calme et stoïque derrière ses platines, il délivrera un set électro tout à la fois dansant, festif et pesant. Et n’oublions pas qu’en vrai, le Crossroads Festival continuait le lendemain samedi 15 septembre avec le « Mini Mini Chat Mini Mini Show » du Club des Chats pour le bonheur des enfants et de leurs parents. Car c’est aussi ça la force du Crossroads : pouvoir parler à tous les publics !


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David Tabary

photographe de concert basé à Lille, rédacteur et blogueur à mes heures