[Live] La Luz au Point Éphémère

Nous avions quitté La Luz en 2015 avec un deuxième album fou qui mêlait pédales fuzz et éclats de voix doo-wop sur une production signée Ty Segall. Le retour du quatuor de Seattle ouvre une nouvelle page, celle de la maturité finale, le moment où leur son semble s’être totalement défini et affirmé.

La Luz – crédit : Cédric Oberlin

Avec son troisième long format, une fois les limites du lo-fi et les impuretés garage passées, La Luz a invité Dan Auerbach (The Black Keys) en studio pour soigner son fameux « surf noir » qu’elle veut aujourd’hui plus rêveur et éthéré, et surtout moins sombre que ses compositions un temps inspirées par les romans graphiques de Charles Burns. Mais tout n’a pas entièrement été transformé, car depuis ses débuts on aime dire qu’un disque de La Luz fait toujours figure d’une BO rêvée pour un western Tarantinien. Et, en 2018, « Floating Features » ne fait pas exception avec son ambiance surf du grand ouest, délocalisé de Seattle pour une Californie burlesque. Dans le cadre de ce retour sur scène au Point-Ephémère le 20 septembre au soir, la setlist ne s’y trompe pas, quand elle se lance – comme sur l’album d’ailleurs – avec l’intro instrumentale très fuzzy de la chanson titre puis le très cinématographique « Cicada », imaginé comme la soundtrack de leur propre parodie de film.

Juste avant cette entrée en matière, la batteuse Marian Li Pino et la bassiste Lena Simon s’étaient glissées sur scène pour jouer avec Will Sprott, voisin de Seattle membre de Shannon & The Clams. Et cela tombe bien, car musicalement les deux projets marchent en symbiose.

La prestation de La Luz joue ensuite sur la diversité nouvelle du bagage de compositions des Américaines, qui entre deux titres planants remettent le nez sur leurs pédales pour envoyer le fuzz crépitant de « Weirdo Shrine » (« I Wanna Be Alone With You », « With Davey », notamment) et des chœurs doo-wop saisissants. Le garage plus crade du tout premier long format « It’s Alive » trouve également sa place lors du concert avec « Call Me In The Day » et « Sunstroke », ajoutant à leur façon quelques impuretés sur un ensemble de partitions que La Luz sait désormais mieux lisser.

Le sommet surf-rock de la soirée est cependant à attribuer à « California Finally », qui permet de supposer que « Floating Features » est bien le meilleur disque du groupe, car plus complet et plus abouti. D’ailleurs, l’autre facette appréciée chez La Luz et qu’on relie surtout à ce troisième LP est celle plus rêveuse et planante offerte par « The Creature » ou « Mean Dream » – interprétée en danse synchronisée – qui assurent sur la scène parisienne le travail vocal le plus réjouissant du groupe, autant sur le lead de la chanteuse Shana Cleveland que le backing de ses trois acolytes.

Il ne manque peut-être qu’un soupçon d’audace du quatuor qui pourrait étirer sa setlist au-delà de la petite heure de show, meilleure façon d’assumer la densité grandissante de ses compositions de qualité qui devraient être compilées lors de sa tournée. Pas sauvés par un rappel riquiqui, les bons titres absents étaient en effet nombreux, et auraient pu donner à ce grand concert une autre dimension, celle de véritable claque.


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens