[Interview] Esplanades

Bêtes de scène en constante réinvention, les membres d’Esplanades n’ont eu de cesse de parcourir les salles de concerts pour distiller leur pop maligne et immédiatement attachante. Une vision toute personnelle de la composition et de l’interprétation, tout au long d’un périple personnel et artistique qui n’a pas fini de faire parler de lui. En attendant leur prestation au prochain Crossroads Festival, Tim et Cucci ont bien voulu revenir, pour nous, sur leur incroyable parcours.

crédit : Djavanshir Nico
  • Bonjour à tous les deux et merci de bien vouloir répondre à nos questions ! Vous avez commencé à jouer ensemble sous le nom de Tim Fromont Placenti ; combien de temps et comment s’est déroulée cette expérience, et pourquoi avoir choisi de vous transformer en Esplanades ?

Tim : Merci à toi pour cette interview ! Nous avons joué ensemble dans « TFP » de 2012 à 2016. L’expérience a été particulièrement enrichissante pour tous, tant humainement que musicalement. Nous étions cinq dans le groupe à ce moment-là. C’était un groupe que j’avais monté afin de pouvoir traduire les arrangements de mes albums composés et arrangés en solo – tous disponibles sur les plate-formes Internet dignes de ce nom ! (rires) Assez naturellement, les musiciens ont aussi commencé à apporter leur personnalité au projet dès 2014.
J’ai d’abord pris la décision de privilégier une formule de trio pour le live TFP en 2016 avec Nîm (basse) et Cucci, tout en élaborant Esplanades en leur compagnie en coulisses. Lorsque Nîm a décidé de ne pas continuer le live avec nous (il joue cependant brillamment sur certaines chansons des versions albums), Cucci et moi avons décidé de continuer à deux.

Quant à la raison de la transformation, je pense que, personnellement, j’étais arrivé au bout de ce que je désirais exprimer dans le format musical du quintet et que tout concentrer derrière mon propre nom avait de moins en moins de sens ; d’autant plus que je commençais à m’exprimer aussi dans la musique de film ou au théâtre. Même à notre humble échelle, je ne sentais enfermé dans un répertoire, une image et un format, donc le mode chrysalide Esplanades s’est vite imposé.

  • Vous avez un incroyable nombre de concerts à votre actif (200 fois en cinq ans). Comment vous y êtes-vous pris pour vous produire autant, et avez-vous des souvenirs ou anecdotes en particulier de ce parcours ?

Tim : La raison première vient du fait que nous adorons jouer et qu’il nous semblait logique de partager cet univers avec le plus de monde possible. Nous avons très vite été accompagnés par la structure de management et de booking Vailloline Productions. La collaboration avec Maxime est basée sur la confiance, le travail et une exigence nécessaire à son développement. On va donc dire que c’est à la fois un travail acharné et, aussi, le fruit d’un entourage et d’un soutien de qualité de la part de Vailloline.

Cucci : C’est fou de se rendre compte du nombre de concerts ! Personnellement, outre les nombreuses belles scènes que l’on a foulées, je repense souvent aux endroits cocasses dans lesquels on a pu jouer : dans un bus, dans une église, chez les gens, dans une distillerie…

  • Vous êtes actuellement en train de travailler sur le premier EP d’Esplanades et un premier single, « Funny Talking Animals », est sorti le 21 mars dernier. Celui-ci est un grand moment de pop à la sauce rock et funk, mais démontre également une touche très particulière dans votre façon d’arranger la place de chaque instrument, que l’on entend très distinctement. Quelles sont vos exigences en matière d’enregistrement et de production ?

Tim : Merci beaucoup pour ces jolis retours ! Notre exigence première, à Cucci et à moi, est la présentation d’une musique de niveau professionnel. Rien de décidé « par défaut » ou « par facilité ». Quand bien même la musique ne parlerait pas à telle ou telle personne, il faut absolument que l’auditeur puisse apprécier notre expression à sa juste valeur, et cela passe par une expression la plus précise possible. En termes de production, cela correspond à une recherche de textures et d’instruments à utiliser pour servir au mieux le propos de la chanson. Malgré l’arrangement parfois « flamboyant », il est nécessaire que ce qui est dit soit essentiel à la chanson. Pour les exigences d’enregistrement, cela concerne aussi beaucoup Cucci, qui est ingé-son professionnel musique et ciné. Et, pour les choix de micros et les différentes façons d’enregistrer sa batterie et les guitares électriques, il pourra sûrement rebondir là-dessus !. Comme nous avons tous les deux nos petits home studios respectifs, on peut chacun avancer séparément dans nos travaux avant que cela parte dans les mains de notre mixeur attitré pour la première saison d’Esplanades, Guyom Pavesi. Le travail de précision et de spatialisation est sublime dans ses mixes et on est très fier de collaborer avec lui. Du coup, un vrai travail d’équipe. On est en effet très exigeants mais passionnés, on ne s’en rend pas malades.

Cucci : Il est vrai que le studio est un super espace d’expérimentation ! Tim a déjà très bien expliqué le processus de fabrication ; j’ajouterai à cela qu’on aime bien que les instruments rock soient assez massifs. Je pense qu’on fait naturellement un lien avec le live, où on aime l’énergie brute, tout en conservant la richesse des arrangements.

  • Quels sont les styles que vous souhaitez aborder sur l’EP que vous êtes en train de créer ? Sans trop en dévoiler, comment le décririez-vous ?

Tim : Je dirais qu’on est dans une sorte de pop alternative flamboyante. Il y a quelque chose de très frontal dans chaque titre, c’est vraiment ce que j’avais envie d’explorer après avoir emprunté beaucoup de chemins de traverse avec TFP. Tu vas y trouver autant une chanson funk-baroque, comme « Funny Talking Animals », qu’une sorte de parade officielle aux accents hip-hop. On a beaucoup travaillé sur la cohérence du propos malgré l’éclectisme du genre pratiqué. Cela reste un format de chanson avec des structures très définies ; je pense que Cucci et moi avons aussi ça en commun, une sorte de « culture de la chanson ».

  • Récemment, pour France 3 Nord-Pas-de-Calais, vous avez enregistré et filmé une superbe version du « Plug In Baby » de Muse au Musée d’histoire naturelle de Lille. Pourquoi avoir choisi cette chanson en particulier, et comment s’est déroulé le tournage dans ce cadre si spécial ?

Tim : On est ravis de cette expérience et c’était un moment assez hors du temps, tant par le cadre que par la version assez aérienne du titre, qui épousait de façon très solennelle la réverbération naturelle du musée. Le personnel du Musée d’histoire naturelle a été plus que disponible pour la production, super sympa, curieux et ouvert, et l’ambiance avec l’équipe de tournage de France 3 était bon enfant. Malgré le format « pastille », qui se doit être hyper efficace très vite, Fabienne Pureur et son équipe ont mis un point d’honneur à créer de jolis plans et à nous mettre à l’aise pour l’exercice. Pour le choix de la reprise, j’ai proposé deux titres du groupe à Cucci, parce que je savais que ça risquait de le brancher !

Cucci : Effectivement ! Muse est le groupe qui m’a donné envie de jouer en groupe et de faire de la scène. C’est celui qui m’a accompagné à travers mon évolution musicale, donc j’étais très heureux que Tim me propose d’en faire une reprise ! « Plug In Baby » s’est imposé assez vite, car il figure sur mon album préféré du groupe. C’est un single pop/rock imparable ; en faire une version acoustique plus épurée nous semblait être une bonne idée.

  • En quoi les concerts d’Esplanades diffèrent-ils de ceux de Tim Fromont Placenti ? Avez-vous une scénographie revue selon le nouveau chemin que vous empruntez ?

Tim : Cela n’a plus rien à voir, vraiment. Les énergies sont complètement différentes, le propos aussi. Dans un premier temps, on présente cette fois-ci les chansons d’un groupe, donc chacun a une légitimité égale au plateau. On joue tous les deux en front stage, face à face. Dans le cadre de TFP, j’imagine que le personnage scénique était une sorte de version amplifiée du Tim qui avait écrit ces chansons. Avec Esplanades, on est chacun la chanson elle-même, avant d’être nous. Et, en même temps, ce que je dis là est hyper paradoxal, du fait que la personne que je suis sur scène avec Esplanades est beaucoup plus proche de celle que je suis au quotidien. Il y avait peut-être une retenue solennelle avec TFP due style, j’imagine…. La scénographie est donc complètement différente. Chaque chanson est un petit carré d’une mosaïque dont l’illustration se révèle au fur et à mesure du concert, et on considère vraiment le set comme un tout, tant dans le choix des guitares utilisées que dans les déplacements et les interactions entre nous. On a travaillé avec un coach vocal et un coach scénique ces deux dernières années… Flamboyant alternative pop show !

  • Vous allez bientôt jouer au Crossroads Festival ; que représente, pour vous, cette opportunité, et qu’attendez-vous de votre prestation et de l’événement en général ?

Tim : C’est une opportunité incroyable que de pouvoir présenter notre musique dans un festival dont le but est clairement d’organiser des liens entre artistes et professionnels. On attend donc surtout que ces concerts fassent des petits et que l’on puisse faire voyager l’univers du groupe !

  • L’EP est en cours de mixage ; avez-vous déjà une idée de sa période de sortie, et qu’allez-vous faire dans la foulée ?

Tim : Oui, « Rebirth Of Bravery » contiendra sept titres et sortira au mois de janvier 2019. Il est impératif pour nous de tourner dans la foulée, on est donc sur l’organisation de ballades « Esplanadesques » un peu partout en France et en Belgique, en compagnie de Vailloline Productions. On a déjà en tête une release party au concept assez racé, qui m’excite beaucoup ! Un deuxième EP est également enregistré à 83% (soyons précis), il ne me reste que les guitares électriques et les chants à enregistrer, et je m’y consacrerai donc à ce moment-là. Sa sortie n’est pas encore prévue, mais on joue déjà quelques chansons dans notre set !

  • Dernière question : qui est Solo et qui est Chewie ?

Tim : Je pense qu’assez naturellement, et toute pilosité mise à part puisque nous sommes tous deux de descendance italienne, que je serais peut-être bien Solo, parce que c’est le pilote du vaisseau, mais qu’il ne serait pas grand chose sans Cucci-Chewie, le copilote à la confiance absolue, toujours là pour lui sauver la mise lorsqu’il s’égare (rires).

Cucci : Brwaaaaaaaaaaaaa !


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Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.