[Focus] Hellfest 2018 : de retour en terres saintes

Depuis quelques années déjà, le Hellfest prouve par son affiche qu’il a dépassé les genres et figures de style au point d’en devenir un festival indispensable, même pour les non-initiés. D’édition en édition, celui qui habite les terres clissonnaises se diversifie sans relâche. Tantôt populaire, tantôt expert, assurément éclectique : faisons le point sur les treize ans du Hellfest du 22 au 24 juin prochains.

Article écrit par Maxime Antoine et Maxime Dobosz

Complet comme toujours des mois en avance, le festival est devenu un véritable phénomène pop au cours duquel nous pourrons retrouver quelques bonnes vieilles madeleines de Proust. Nos corps de vieux adolescents seront réveillés par les souvenirs d’un Marilyn Manson qu’on espère croiser au sommet de sa forme dimanche soir sur la Main Stage 2 tandis qu’on saluera chaleureusement le grand Steven Wilson dès le vendredi soir sur la même scène avec son rock progressif tout en apesanteur.

Ce sera également l’occasion de retrouvailles avec A Perfect Circle, qui joueront sur la Main Stage 2 en toute fin de soirée le vendredi les morceaux de leur quatrième album, « Eat the Elephant », sorti en avril dernier. N’est honteuse que la honte, samedi nous irons probablement jeter un œil à Pleymo, toujours sur la même scène, en mémoire à ces écoutes secrètes des années en arrière, les volets fermés.

Nous chanterons à coup sûr des classiques comme « The Final Countdown » des vétérans Europe (vendredi, Main Stage 1), « I Love Rock’n’Roll » de Joan Jett & The Blackhearts (même jour, même scène, deux heures plus tôt) ou encore l’incroyable « Man In The Box » d’Alice In Chains (Main Stage 2, dimanche). On se souvient encore de cette immense foule scandant les années précédentes « Roots Bloody Roots » de Sepultura ou « Still Loving You » de Scorpions. Ces moments communs à tous les festivals, mais qui au Hellfest prennent une profondeur plus grande encore. Nulle part ailleurs vous ne saurez retrouver une ambiance similaire à ce qu’il se vit là-bas.

On a beaucoup parlé de classiques jusqu’ici, pourtant la découverte fait bel et bien partie du programme. On ira évidemment voir le grand, si ce n’est l’inénarrable, Mike Patton avec son nouveau groupe Dead Cross, fondé avec, entre autres, l’autre grand nom du metal Dave Lombardo de Slayer. C’est une référence que tous les chanteurs en herbe ne peuvent se permettre de louper et ça se passera dans la Valley le samedi soir. Quant aux surprenants Ho99o9 et leur hip-hop punk sale à faire pâlir Death Grips, ils passeront avec grand plaisir leurs cotons-tiges au cyanure dans nos oreilles fébriles, le même jour un peu plus tôt sur la même scène.

Côté Temple, nous participerons également aux messes black metal en nous asseyant sagement aux côtés des vieux de la vieille Dimmu Borgir, Satyricon ou Watain, quand Solstafir soufflera une brise islandaise sous le cagnard (espérons-le) de juin. Du côté du death metal et grindcore, impossible d’oublier les légendes At The Gates et Napalm Death (en Altar ce coup-ci). On ira également voir les Français de Jessica93 qui arrivent décidément à s’incruster absolument partout et qui chopent un créneau un peu tiède (le midi !) dans la Valley.

Un Hellfest ne serait pas réussi sans son lot de groupes cultes un peu plus obscurs ou de jeunes premiers futurs headliners, et cette édition en propose une remarquable flopée : les vétérans du doom tendance romantique dépressif Warning plomberont l’ambiance le dimanche midi dans la Valley, pas avare en groupes géniaux puisque s’y bousculeront pêle-mêle Orange Goblin, les dieux du stoner, Neurosis et leur post hardcore inventif, les fous furieux de Monolord (après un concert d’anthologie à 10h30 du matin il y a deux ans!), les Allemands chevelus de Kadavar ou le space rock de Nebula. Si vous aimez votre Valley plutôt sludge, alors Church of Misery, Eyehategod et surtout Crowbar devrait faire l’affaire, mais gare aux dilemmes de planning, ils seront nombreux cette année entre la Main Stage 2 et la Valley (un seul exemple : Steven Wilson versus Crowbar, Converge en même temps que Bongzilla).

Pour les amateurs, la Warzone offre toujours une sélection pointue de punk et de hardcore dans un décor à la Mad Max façon dôme du sable et du tonnerre. Les rageux de Turnstile seront une option de choix face au black psyché d’Oranssi Pazuzu (dur de choisir, pour notre part), mais c’est surtout des noms comme Spermbirds, Svinkels ou Turbonegro et Bad Religion qui devraient nous faire pousser jusqu’à l’arène pour des pogos dantesques.

Enfin, quelques pépites piochées çà et là devraient satisfaire les plus exigeants d’entre nous : le doom death sophistiqué des Français Misanthrope est un petit événement en soi, tout comme le black lovecraftien des bien nommés The Great Old Ones. Le supergroupe de prog monté autour du batteur Mike Portnoy (ex-Dream Theater), Sons of Appolo, défendra son album en début d’après-midi sur la Main Stage 2 le vendredi, mais si vous préférez votre metal plus people ou tout simplement plus connu, peut-être vous laisserez-vous tenter par le groupe de Johnny Depp, Joe Perry (Aerosmith) et Alice Cooper (himself), Hollywood Vampires (Main Stage 1 le vendredi soir). Il sera par ailleurs difficile d’échapper à la foule des grands jours venue quasi uniquement pour des mastodontes du metal comme Iron Maiden (Main Stage 1, dimanche soir), Avenged Sevenfold (même endroit, la veille au soir) ou même Megadeth, toujours en forme en guise de première partie de super luxe pour la vierge de fer.

Pour finir en beauté le dimanche soir, le Hellfest vous laisse plusieurs options radicalement différentes : soit un spectacle familial mais un peu kitsch en Main Stage 1 avec Nightwish, soit une grosse teuf électronique bien dark dans la Temple avec Carpenter Brut, soit la fête de l’année avec Turbonegro et des cohortes de Turbojugend ivres venant des quatre coins du monde. On vous laisse choisir, mais pour nous, ce sera sans doute un peu des trois.

Impossible de citer tous les 140 groupes invités, il sera dur de faire des concessions tant la qualité est au rendez-vous cette année encore. Vous nous verrez slalomer d’un bout à l’autre des six scènes. Ne vous inquiétez pas pour nous, nos plus belles et solides chaussures sont soigneusement rangées dans nos bagages.


La 13e édition du Hellfest, c’est du 22 au 24 juin 2018 à Clisson.

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Maxime Antoine

cinéphile lyonnais passionné de musique