[Live] La Bonne Aventure 2018

On s’était dit que si la première édition de la Bonne Aventure s’était déroulée sous un grand soleil une fin juin dans le Nord, il était peu probable que le miracle se reproduise une 2e fois pour l’édition 2018. Et pourtant, c’est sous un grand ciel bleu et un soleil radieux que l’on arrive à Dunkerque. C’est donc dans les meilleures conditions que l’on vient vérifier si ce nouveau festival, petit frère des Nuits Secrètes, tient ses promesses : celles de mélanger programmation populaire sur la Grande Scène, et découvertes en tous genres sur le front de mer et sur les parcours secrets.

La Bonne Aventure, dimanche 24 juin 2018, Dunkerque

La bonne aventure sur la grande scène

Et ce qu’on retiendra en premier lieu du festival côté Grande Scène, c’est qu’il ne fallait arriver en retard ni samedi, ni dimanche, tant les « petits noms » chargés d’ouvrir les deux journées auront remportés tous les suffrages.

À commencer par The Spunyboys, les régionaux de l’étape. Il aura fallu à peine deux morceaux aux Lillois pour redonner au rockabilly ses lettres de noblesse devant un public qui devait avoir jusque-là comme seule « référence » française du genre les Forbans… Mention spéciale à Rémi et sa contrebasse, avec laquelle il aura tenté toutes les acrobaties : la soulever à bout de bras à la verticale, la tenir entre ses dents, monter dessus ou encore la jeter dans les airs pour mieux la rattraper. Jusqu’à tenter avec elle un improbable crowd surfing porté par… deux personnes, les abords de la Grande Scène n’étant pas encore bondés en cette fin d’après-midi. Le groupe fera même un rappel et en profitera pour faire venir sur scène quelques personnes du public pour danser avec eux.

Le lendemain ce sera au tour de KOKOKO! de mettre le feu au même endroit dès la fin d’après-midi. Tous les membres du groupe jouent en combi jaune sous un soleil de plomb, et partagent avec nous une musique électro venue de Kinshasa, avec des instruments de récup (boîtes de conserve, poubelles, bouts de bois etc) Le tout est tellement hypnotique que le public se prend vite au jeu et il faut voir la foule danser et répondre aux « injonctions » du groupe pour qu’elle chante avec lui.

Ce concert aura été tellement intense que le public aura du mal à enchaîner avec la musique pourtant si entraînante de General Elektriks. C’est à la faveur d’une reprise de Tainted Love de Soft Cell que la foule rentrera à nouveau dans l’ambiance du festival.

Mais au global, outre ces deux concerts, sans doute un peu moins attendus que les autres et pourtant de très haute volée, il faut absolument saluer l’absence de la moindre fausse note sur cette Grande Scène de la Bonne Aventure. Quels que soient les goûts musicaux des uns et des autres, de Camille à Marcel et son Orchestre, de Fakear à Selah Sue, de Angus & Julia Stone à General Elektriks, tous auront assurer à leur manière, sur cette grande place derrière le Kursaal (le palais des congrès de Dunkerque faisant face à la mer), à grande coups de générosité, d’engagement scénique et de petites attentions pour le public familial présent.

La belle aventure des parcours secrets

C’était une première, on s’est initié aux parcours secrets ! Puisque c’est l’association qui porte les Nuits Secrètes qui est derrière la Bonne Aventure, le même concept a été repris et adapté à l’univers à la fois urbain et marin de Dunkerque : on monte dans un bus et en route pour voir un artiste dont on ignore le nom dans un lieu atypique dont on ne sait rien. Et si vous vous posiez la question, la presse n’est pas non plus dans la confidence. Essayez de négocier le parcours secret de tel ou tel artiste, et on vous répondra qu’on ne peut rien vous dire !

Peut-être intimidés pour notre première, on n’osera s’engager que sur un parcours, en se disant que dans la liste des artistes participants, on aimerait bien tomber sur Malik Djoudi, que l’on avait manqué au Grand Mix de Tourcoing il y a quelques mois, et dont on n’avait entendu qu’éloges et retours dithyrambiques.

La Bonne Aventure, dimanche 24 juin 2018, Dunkerque

Au bout de quelques minutes de voyage dans les rues de Dunkerque, notre bus nous arrête dans le port, juste derrière l’imposant bâtiment de la Communauté urbaine. Là est amarré un bateau restaurant vers lequel on nous emmène. Une sono semble se mettre en marche à la proue du navire, et c’est bien là que nous avons rendez-vous. Juché en haut du poste de commandement, qui voit-on apparaître ? Malik Djoudi ! La chance du débutant sans doute, on n’est pas peu fier d’avoir choisi au pif le bon parcours.

La cinquantaine de personnes ayant fait le même choix s’installe paisiblement par terre au soleil, à quelques tables dispersées ou s’accoudent sur les bords du bateau. En plein cagnard, avec la réverbération, on se sent vite étourdis, à moins que ça ne soit la voix cristalline et envoutante de Malik Djoudi, telle celle d’une sirène, qui nous met en émoi. Accompagné d’un musicien aux claviers et d’une guitare, Malik Djoudi va livrer 30 minutes d’une performance sans égal, dont on n’a pas forcément trop envie de parler, pour que cela reste un truc partagé entre les seuls présents.

La Bonne Aventure, dimanche 24 juin 2018, Dunkerque

Et s’il nous fallait une raison de regretter de ne pas avoir fait plus de parcours secrets, on la tient dans cet instant. Sans le moindre doute, il existe une part de magie, de sorcellerie bienveillante dans ces lieux hors du commun où les artistes proposent des shows qu’ils ne refont nulle part ailleurs. Rien que pour ça : précipitez-vous aux Nuits Secrètes ou prenez déjà rendez-vous avec la 3e édition de la Bonne Aventure !

La meilleure des aventures face à la mer

Et pourtant, malgré ce qu’on a écrit ci-dessus, on se demande si on n’a pas encore préféré la partie appelée « Face à la mer » du festival. Il y avait une forme de beauté, de tendresse familiale à voir ces concerts joués soit au balcon du Kursaal (lieu haut perché pourtant peu propice de prime abord au partage et à la communion d’un artiste et son public), soit sur cette minuscule scène improbable installée à l’arrière des food trucks. Le tout étant gratuit, accessible sans billet à tous les passants du front de mer, qu’il s’agisse des promeneurs, des vacanciers de retour de la plage, des jeunes du quartier ou des festivaliers éclairés.

Que dire lorsque nos premiers instants passés à la Bonne Aventure l’auront été devant cette chorale senior, The Mamys and The Papys (accompagnée d’une autre chorale appelée Salt and Pepper), reprenant Antisocial ou Highway To Hell ? Et que ce concert aura été immédiatement suivi d’un set de feu des Rappeurs en Carton ?

On retiendra aussi le fondu enchaîné parfait entre Azur, Maud Geffray et La Fraîcheur pour ambiancer au mieux un début de soirée qui se terminera au Klub (à l’intérieur du Kursaal – et que nous manquerons malheureusement). Et surtout, surtout, on retiendra ce set improbable de Vladimir Cauchemar et son masque de tête de mort jouant face à un ciel de coucher de soleil paradisiaque, sorte d’oxymore hallucinant en version musique live.

En fait, les souvenirs de ce « Face à la mer » se bousculent encore dans notre tête. On revoit encore les mises en bouche parfaites proposées par General Elektriks ou Fakear quelques heures avant leurs passages respectifs sur la grande scène. On repense au pop-rock planant de Bagdad Bahn, un des deux groupes lauréats du tremplin L’Ascenseur (la veille on avait raté de peu l’autre lauréat, Jojobeam, qu’on avait vu au festival Minuit avant la Nuit le vendredi, on peut donc vous dire sans avoir été là que ça devait être foufou).

Et puis il faut accorder une mention spéciale à toutes les installations prévues sur le front de mer qui auront parfait la magie des lieux : tout d’abord le banc de sardines volantes d’Aérosculpture, installées sur la plage le samedi, elles auront envahi tout le site du festival le dimanche. Les loops de Jonas Vorwerk, ces anneaux métalliques installés sur la plage et qui génèrent des boucles musicales lorsqu’on les fait tourner. L’installation « Floride ! » de Laurent Perbos et ce palmier en plastique qui aura trôné en contrebas du balcon du Kursaal tout le week-end. Ou encore The Discobug, remorque rétro reconvertie en poste avancé pour DJ set enflammé par Ben GC.

Bref, si avec tout ça vous n’avez pas déjà bloqué votre dernier week-end de juin 2019 pour la 3e édition de La Bonne Aventure, on ne sait plus quoi faire pour vous !


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David Tabary

photographe de concert basé à Lille, rédacteur et blogueur à mes heures