[EP] Julie Bally – Where Happiness Born

Ce qui nous est présenté comme un disque rock teint de quelques couleurs électroniques se révèle être une œuvre tranchante et râpeuse, prouvant que Julie Bally est certainement l’une des artistes les plus possédées et matures de sa génération.

Ça pourrait être de l’amour. Une déclaration confidentielle, un appel à l’aide qui ne sera entendu que si l’on y accorde un minimum d’attention. Mais c’est, plus que tout, une déferlante, insidieuse et imprévisible, qui s’abat comme une caresse autant qu’une gifle sur nos esprits alors dévastés et éberlués. Lorsque l’on sort de l’écoute de « Where Happiness Born », on ne sait plus où on est, ce qui vient de se passer ou, plus encore, comment on fera pour continuer à vivre sans revenir au premier EP de Julie Bally. Le disque est une démangeaison rock, de celles qui se frottent contre nos âmes et nos cœurs afin de mieux faire sentir leur présence, avant de frapper un grand coup et de nous transformer. Radicalement.

Lentement, viscéralement, notre souffle se coupe avant que l’on plonge dans les méandres de la psyché compulsive et précise de l’artiste. « Pieces of Art » alterne entre rêve et cauchemar, tandis que le chant s’épuise puis s’éveille sur des arpèges et des larsens plaintifs et profonds. La piste évolue, cardiaque et fulgurante, pour mieux ouvrir le bal. « Where Happiness Born » s’amplifie, nostalgie contemporaine d’une époque qui n’a pas fini de faire parler d’elle mais qui, sous les doigts et la plume de Julie Bally, fond et brûle nos peaux frissonnantes de plaisir. La splendide pesanteur de « Sunday Evening » dérive, inexorablement, vers les abysses saturées de distorsion d’un cri, d’une urgence, d’un regret. L’exil sonore dans sa splendeur la plus émouvante. « A Whisper in your Tears », conversation entre une six cordes volontaire et une voix tentant de l’amadouer, prend le temps de créer le malaise puis la libération, visible et palpable à travers le magnifique et lumineux « Day », explosion sensorielle dont on peinera à se remettre. L’éclaircie, enfin.

Puis, on observe un futur qui ne sera plus le même ; un avenir qui tracera sa route avec, en fond sonore, les fantômes et tourments de Julie Bally. Le bonheur tient à ces petits riens qui font de grands changements ; « Where Happiness Born » est une montagne que l’on gravit à la sueur de son front et les phalanges ensanglantées, mais dont le panorama est aussi fascinant que redoutable.

« Where Happiness Born » de Julie Bally est disponible depuis le 15 mars 2018.


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Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.