[Live] Sunflower Bean au Point Ephémère

On avait quitté Sunflower Bean avec « Human Ceremony », album de trois ados new-yorkais biberonnés au surf et au psyché venus réveiller Paris depuis Brooklyn avec sa fraîcheur et son sens de la mélodie. Nous les avons retrouvés sur scène le 9 avril dernier dans un trip désormais post-adolescent et qui appelle les plus beaux esprits du soft-rock US.

crédit : David Servant

Deux ans après son premier passage dans la même salle du Point Ephémère, c’est un trio qui a grandi qu’on découvre sur scène vers 21h30, et dans tous les sens du terme. La jeune formation la plus cool de Brooklyn change de look et de son pour passer le premier cap de la vingtaine, d’où le titre de son nouveau long format « Twentytwo In Blue ».

Quand il était encore ado, le band de Julia Cumming explorait des territoires aux couleurs psychées et teintés de surf, que ce soit sur son « debut album » ou son premier EP. Pour son retour, Sunflower Bean excelle désormais sur des partitions plus pop et rétro version 80’s, ringardisant Haim tout en faisant appel aux esprits de Fleetwood Mac à l’aide d’incantations tout droit sorties d’un rêve de Stevie Nicks. Rien de nouveau à l’horizon serait-on tenté de soupirer, mais ces trois-là manient la nostalgie avec un certain brio : loin d’un simple pastiche, Sunflower Bean sonne plus juste que jamais avec un soft-rock responsable des refrains les plus catchy de ce début d’année.

« Let’s do some rock music » prévient Julia Cumming en grimpant sur scène. Signe de la nouvelle ère, la chanteuse a abandonné les cheveux très courts pour une coupe au carré, tout en troquant le jean troué pour le long manteau de diva pop collant à sa voix devenue plus suave et mystique, tandis que son batteur a renoncé à la chevelure coulante à la Kurt Vile.

L’introduction se fait sur « Burn It », censée ouvrir leur nouveau long-format sur des airs très classic rock. La musique du groupe semble ainsi s’être convertie en quelque chose de plus instantanément accrocheur et immédiat. Mais le public va surtout s’agiter sur une série de tubes évidents qu’illustre à merveille le mélodique « Twentytwo », comme une ode au premier tournant de la vingtaine, ou le génial « I Was A Fool », sollicitant le guitariste Nick Kivlen au vocodeur sur des refrains diablement dansant.

Une nouvelle tonalité qui s’impose vite malgré la volonté de présenter un set hybride avec quelques retours psychés obligés en piochant dans les différents disques (dont le tout frais « Human For ») ou la virée surf « 2013 » que jalouserait leurs voisins brooklynois de DIIV. Ainsi, un sommet de nostalgie est atteint pour les Parisiens présents quand ils suivent le groupe en chœur sur une cover plutôt inattendue du « Harvest Moon » de Neil Young.

Ce qui marque franchement le nouveau visage du trio consiste surtout en de belles friandises pop d’un autre temps, quand Julia Cumming se laisse accompagner de chœurs mystiques (évidemment plus ressentis sur l’album que sur le live à deux ou trois voix) à faire vibrer les fans de Stevie Nicks. On pense alors à « Memoria », avec ses séquences instrumentales jouissives, l’efficace « Sinking Sands » en duo avec Nick Kivlen, ou encore l’envoûtant « Only For a Moment » qui, placé en rappel, tient plus de la ballade mélancolique. Ce dernier donne l’occasion de produire un contraste saisissant avec l’ultime partition du set, prise dans les premières démos de la petite discographie du groupe : « I Was Home .

Si toute l’œuvre du trio n’est pas parfaitement équilibrée, avec deux disques aux compositions respectivement inégales qui peinent à prendre une ampleur plus globale, Sunflower Bean triomphe assez franchement dans ses moments forts pour ne pas décevoir dans ses instants moins mémorables. Et chose heureuse : dans une prestation d’une heure, ils ne gardent toujours que le meilleur. Alors, pourquoi se retenir au moment de solliciter un « encore » ?


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens