[Interview] Escobar

On avait à cœur de vous faire découvrir l’une des pépites du dernier Binic Folks Blues Festival. Power duo, Escobar n’a eu aucun complexe vis-à-vis des têtes d’affiche internationales que sont les Meatbodies ou King Khan and the Shrines pour venir se hisser parmi les talents montants comme le Villejuif Underground. Depuis sa date au festival breton, le groupe formé par Rémi et Charly a sorti son troisième album en trois ans et distille avec une énergie intacte sinon imparable un rock nourri d’influences 90’s. Rencontre avec l’une des figures montantes du rock indépendant français. 

crédit : Titouan Massé
  • Pourquoi avoir choisi le nom d’Escobar ? Est-ce un culte en la personne de Pablo ou un clin d’œil à un certain groupe suédois des années 2000 ?

Rémi : On ne peut pas dire un culte mais oui on admire l’histoire de Pablo Escobar, il y a d’ailleurs un bon livre à lire sur le sujet, c’est « Killing Pablo » de Mark Bowden.

  • Vous venez tous les deux d’autres formations, Rémi des Weird’Omen et Anomalys et Charly du mythique groupe des années 90’s The Bushmen et de Daria. Comment avez-vous mis vos expériences passées à profit de votre duo ?

On a monté un duo pour fonctionner différemment d’un groupe à trois ou quatre, que ce soit en tournée ou en studio, donc difficile de répondre à cette question. Quand on monte un groupe, à part essayer de ne pas réitérer les éventuelles mêmes conneries, tout le reste est plutôt nouveau.

  • Aujourd’hui, êtes-vous parvenus à un équilibre qui vous permet de vivre de votre musique ou la musique reste-t-elle un à côté ?

On vit de notre musique, mais même si on n’en vivait pas on n’aurait pas le courage que ça devienne un à côté.

  • Comme Olivier Besancenot a demandé à Philippe Poutou, lors d’une interview, ce qu’il ferait s’il est élu président (chose qui, de leur aveu, n’est pas prévu malgré leur candidature à la présidentielle). Êtes-vous préparé au grand succès ? 

Étant donné que nous ne sommes pas sponsorisés Kronenbourg ou Crédit Mutuel, évidemment que non.

  • Quel groupe combo guitare – batterie, comme vous, nous conseilleriez-vous ?

The Sex Organs et leur premier album « Intergalactic Sex Tourists » sur Voodoo Rythm Records!

  • Pourriez-vous nous raconter un instant « badass » que vous avez connu en tournée ?

On a failli se faire tuer par le patron d’un club à Hambourg parce qu’on jouait trop fort, mais c’était plus chiant que « badass ». Le public nous a soutenus et le concert s’est fait quand même. Grand moment.

  • Votre dernier album est distribué par Dirty Water Records pour les USA. Quelles ont été les retombées de cette ouverture américaine ?

On a eu la chance de pouvoir tourner là-bas pour la sortie de l’album en novembre dernier, principalement dans le Sud des États-Unis. On a également eu la chance d’avoir rencontré des personnes, des groupes, des médias, avec qui nous continuons de travailler sur le projet.

  • Votre premier album éponyme mais titré en japonais était-il une tentative pour s’ouvrir vers l’Orient ?

En fait, la pochette est inspirée du visuel d’une marque japonaise. Le titre entier de l’album, c’est « Watch out for Escobar », on trouvait ça visuellement plus agressif écrit en japonais.

  • Vos pochettes d’album sont franchement cool et très graphiques. Les avez-vous réalisées vous-même ou à quelle aide extérieure avez-vous fait appel ?

C’est Pedro Garot, qui jouait avec Charly dans The Bushmen, qui a fait les visuels de nos trois albums.  Toujours un plaisir de travailler avec lui.

  • Même question pour vos clips « Before You Die » et « Misbehavior ».

Pour « Before You Die », c’est Quentin Pechon, un ami artiste qui vit à Bruxelles, qui a eu la bonne idée du combat de coqs sanglants et qui nous a monté le clip, et « Misbehavior », c’est moi qui a dessiné et réalisé le stop motion.

  • Vous venez de Limoges qui n’est pas l’une des places les plus connues pour l’essor de groupes. Qu’est-ce que la ville et ses structures vous ont apporté ?

Il y a toujours eu plein de groupes de passage sur Limoges, puisque c’est en plein centre de la France et que les groupes en tournées ont souvent l’occasion de venir jouer. On travaille depuis plusieurs années avec la fédération Hiero et La Discomobile, qui nous aident à nous développer et à nous produire, et on bénéficie aussi de l’aide du CCM John Lennon, qui nous donne accès à des locaux de répétition.

  • Quel est, pour vous, le label qui vous correspond le mieux d’un point de vue philosophique ?

Les trois labels français sur lesquels on a signé notre dernier album ; Seb et Romain de Beast Records qui sont avec nous depuis notre premier album, Ludo avec Adrenalin Fix, qui est aussi notre manager et notre tourneur et Fred de Strychnine Records. Ce sont des gens en qui on peut avoir confiance et qui sont prêts à prendre des risques sur des groupes qui leur plaisent.

  • Après des tournées en France, Italie, Suisse et Espagne, vous allez jouer en mai en Angleterre. Pour vous, quel est le pays qui pourrait le plus apprécier votre musique ?

L’Australie, c’est une tournée qu’on veut faire depuis longtemps et puis il y a tellement de groupes australiens qui sont des références pour nous : Eddy Current Suppression Ring, The Victims, The Saints…

  • Vous en êtes à peu près à un album par an. Si je fais bien les comptes, le quatrième doit être en préparation ? Pouvez-vous nous en parler ?

Oui, ça fait quelques mois qu’on le teste en live, on est actuellement en train de l’enregistrer. On prévoit une sortie pour cet automne.

  • Si vous deviez faire découvrir un groupe ou un album limougeaud aux chercheurs de pépites musicales que nous sommes. Que nous conseilleriez-vous ?

Vous pouvez aller écouter le groupe Myciaa, duo électro punk qui vient de sortir son dernier album en février dernier.


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Nicolas Halby

Parce que notoriété ne rime pas forcément avec qualité. J'aime particulièrement découvrir l'humain derrière la musique.