[LP] Lionlimb – Tape Recorder

Déjà repéré sur scène dans le groupe qui accompagne la fabuleuse Angel Olsen sur scène, le duo Lionlimb originaire de Nashville sort avec « Tape Recorder » son deuxième album. Deux ans après « Shoo » qui ramenait le demi-dieu Elliot Smith d’entre les morts pour le bien de l’espèce humaine, Stewart Bronaugh et Joshua Jager révolutionnent leur son sans pour autant en modifier l’ADN. C’est d’une splendeur à se jeter aux orties.

Là où « Shoo » était finalement assez minimaliste en n’ajoutant pas plus d’arrangements aux chansons qu’un orgue omniprésent, faisant beaucoup pour le charme seventies de l’album, « Tape Recorder » se révèle orchestral sans aller vers une surenchère dans laquelle il est facile de se perdre. Le résultat tend à une aridité que l’on sentait déjà à sa façon dans l’essai précédent. Les cordes ne sont jamais pompeuses, mais pour autant font clairement partie du processus de composition. Celles-ci offrent des merveilles de thèmes dissonants, mettant un peu plus encore en emphase la mélancolie de cette voix qui décidément fait revivre l’auteur de « Either/Or ».

Quand « Shoo » était résolument un album rock, la suite découle peut-être plus de la musique de chambre ; la finesse d’écriture et la douceur de l’interprétation amènent à cette proximité intense avec les musiciens, une intimité rare qui se laisse regarder. Les quelques notes de piano qui apparaissent ici et là transpercent nos oreillettes alors que ces occasionnels vents sillonnent notre peau dont les poils se hérissent. Certains pourraient dire que la musique de Lionlimb est trop intellectualisée ou baroque pour qu’on prenne un réel plaisir à s’y plonger, c’est peut-être vrai dans la mesure où « Tape Recorder » est finalement austère. Ce serait pourtant passer à côté d’un disque dont les émotions ne sont ni froides, ni distantes, mais empreintes d’une pudeur qui prend la main vers une mélancolie fatale.

« Tape Recorder » ne fera pas de Lionlimb des célébrités. Cependant, les deux compères auront eu le mérite d’écrire un disque qui ne se terminera probablement pas dans une temporalité mortelle chez ceux ayant croisé son chemin.

crédit : Justine Orrall

« Tape Recorder » de Lionlimb sortie le 23 février 2018 chez Bayonet Records.


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Maxime Dobosz

chroniqueur attaché aux expériences sensorielles inédites procurées par la musique