[LP] Superchunk – What a Time To Be Alive

On ne pouvait pas commencer l’année sans le retour des titans de l’indie rock américain. Il s’agit de Superchunk, qu’il est tout simplement inutile de présenter dans nos colonnes, car ils ont débuté leur carrière quand certains d’entre nous portaient des couches ou mangeaient leurs crottes de nez. Le quatuor de North Hill, qui est un porte-étendard du puissant label Merge Records, revient avec « What a Time To Be Alive » ; et autant dire que les papys de l’indie rock ne sont pas contents du tout.

On avait donc laissé Mac McCaughan, Laura Ballance, Jim Wilbur et Jon Wurster avec un dixième opus intitulé « I Hate Music » paru en 2013, qui était de bonne facture mais faisait pâle figure face au reste de leur discographie. Il y a eu, bien évidemment, des albums solo pour les membres du quatuor, comme celui de Mac McCaughan en 2015, entre autres. Et, comme pour la majorité des groupes, ils ont senti le vent tourner en leur défaveur en raison de l’arrivée d’un incompétent à la Maison-Blanche en novembre 2016. C’est ainsi que ce « What a Time To Be Alive », qui est tout simplement un hommage à la mixtape des rappers Future et Drake, est né et souhaite éveiller les consciences de chacun d’entre nous (on était à deux doigts d’imaginer une relecture indie rock de cette mixtape ; cela aurait été drôle, n’empêche…).

Très vite, Superchunk ne perd pas de temps et branche les guitares afin de souffler un vent de révolte avec ces onze compositions indie rock / power-pop sans fioritures, grâce notamment au morceau-titre furieux, qui donne le ton dès le départ avec ses paroles symbolisant le dégoût du résultat des élections américaines de 2016 (« To see the rot in disguise, oh what a time to be alive […] The scum, the shame, the fucking lies, oh what a time to be alive »). Il est suivi de la boucherie punk « Lost My Brain » parlant du mépris de ces mêmes résultats, mais encore « Bad Choices », « Dead Photographers » ainsi que « Reagan Youth », où Mac McCaughan et ses compères sont bien plus outrés que n’importe quel citoyen américain pour qui les lendemains des élections furent très très difficiles.

Ce que l’on retiendra également du très enragé et engagé « What a Time To Be Alive », c’est le nombre d’invités issus de la nouvelle génération indie rock américaine qui partagent également leur outrage, comme Sabrina Ellis du groupe A Giant Dog sur « Break The Glass » et David Bazan sur le second défouloir agressif qu’est « Cloud of Hate ». Ancienne comme nouvelle génération prêtent aussi leurs forces, comme sur l’excellent « Erasure » où Katie Crutchfield, alias Waxahatchee, et Stephin Meritt de The Magnetic Fields sont conviés à la fête. Après dix morceaux enflammés et fougueux, place à une conclusion plus mélancolique et compensée du nom de « Black Thread », avec l’apparition magique de Skylar Gudasz calmant quelque peu le jeu. Pour ce nouveau disque anti-Trump, Superchunk a musclé à nouveau son jeu ; un peu comme si on revenait dans les années 1990 avec leur mélange d’indie rock et de pop-punk bien survitaminé, où l’heure est à l’urgence et tandis que le combat continue. Un peu d’espoir à travers ces journées sombres aux États-Unis ne fait pas de mal, de nos jours.

crédit : Lissa Gotwals

« What a Time To Be Alive » de Superchunk est disponible depuis le 16 février 2018 chez Merge Records.


Retrouvez Superchunk sur :
Site officielTwitterBandcamp

Florian Soni-Benga

Florian Soni-Benga

Comptable dans la vraie vie mais oreille curieuse sur les Internets. Aime découvrir de nouveaux talents musicaux indie, electronica et world sur Bandcamp et Soundcloud ou en parcourant les salles parisiennes avec son reflex. Fondateur du site lesoreillescurieuses.com