[Interview] Romain Lannoy, organisateur du Melodica Festival Paris 2018

Festival DIY par excellence, le Melodica Festival est de retour à Paris pour une 4e édition cette semaine du vendredi 9 au dimanche 11 février. Avec comme promesse, celle de nous faire vivre treize concerts d’artistes folk français et européens dans un cadre acoustique et intimiste. Un rendez-vous précieux et unique en rupture franche avec le rythme imposé par les grandes villes. Une bouffée d’air frais que nous avons souhaité partager avec Romain Lannoy, l’un des trois organisateurs du Melodica Festival Paris 2018, qui nous présente, avec enthousiasme, l’historique et la singularité de cet évènement musical collaboratif, sa philosophie et ses enjeux.

crédit : Jacques Rousseau
  • Le Melodica Festival est un festival dédié à la musique acoustique qui se tient chaque année depuis près de dix ans dans de nombreuses villes : New York, Reykjavik, Cologne, Sydney, Hambourg ou encore Melbourne. Comment ou plutôt grâce à qui Paris a rejoint cet évènement, sinon ce mouvement en octobre 2013 ?

C’est sous l’impulsion d’Éléonore Defer et de Valérie Brochard, duo de Telma & Louise que la première édition du Melodica Festival Paris est née en 2013 à la Bellevilloise. Elles furent invitées la même année à l’édition du festival à Reykjavik. C’est là qu’elles ont rencontré Pete Uhlenbruch, le fondateur du Melodica. Elles ont, de suite, adhéré au concept du festival et ont souhaité monter une édition parisienne.

  • Parlons un peu de toi Romain, tu es l’un des organisateurs du Melodica Paris. Comment présenterais-tu ce festival et qu’est-ce qui au-delà de sa programmation essentiellement acoustique fait sa singularité ?

Le Melodica Festival est un festival participatif, humain et solidaire où les artistes forment une communauté. L’idée première du festival fondé par Pete était de créer une communauté d’artistes, de partager, de créer des liens entre ces différents artistes et de se soutenir mutuellement. De festival en festival, d’édition en édition la famille s’agrandit partout en Europe. L’autre particularité du Melodica et qui démontre cet esprit participatif et familial est que, par exemple, certains des artistes qui viennent à l’édition française sont des organisateurs d’autres éditions en Europe.

  • D’ailleurs, peux-tu me présenter tes complices Nicolas Boblin et Sébastyén Defiolle ?

J’ai rencontré Nicolas, il y a 3 ans chez Walrus (disquaire dans le 10e arrondissement de Paris) lors d’un showcase de She Owl, duo italien dont je m’occupe sur le micro label Rockers Die Younger. Puis, j’ai convié Nicolas et son groupe White Note à une soirée « I Folk My Brain » que j’organisais à l’Alimentation Générale en compagnie de She Owl et de Dalva. C’est par la suite que Nicolas m’a proposé d’intégrer l’équipe du Melodica pour l’édition de 2016.

J’ai croisé Sébastyén Defiolle pour la première fois à une des soirées acoustiques qu’il organisait à la Cantine de Belleville, où White Note jouait également. Puis je l’ai revu à un concert de Darren Cross où l’on a sympathisé. Sébastyén nous a rejoints cette année dans l’organisation du festival. C’était une évidence pour Nicolas et moi-même. Il est également cette année à l’affiche du Melodica avec son groupe Opium Dream Estate.

  • Les grandes forces du Melodica Paris sont sa programmation internationale, son prix abordable et son emplacement. On va donc commencer par l’essentiel : sa programmation. Peux-tu me présenter ces groupes qui vont rythmer ces soirées du vendredi 9 au dimanche 11 février prochain ?

Treize artistes cette année se partageront la scène du Melodica. Moins d’artistes cette année que la précédente édition, mais toujours une programmation d’artistes venant de toute l’Europe. Vous pourrez y découvrir cette année : Odds & Ends (France), Triinu (France / Estonie), I’m Kingfisher (Suède), Ava Freddy (Norvège), Opium Dream Estate (France), Hugo Barriol (France), Town of Saints (Hollande/Finlande), Charlotte Bridge (Italie/Luxembourg), Bernhard Eder (Autriche), Howie Payne (Angleterre), Louise Thiolon (France), White Note & Roosmarijn (France/Hollande) et RABEA (Allemagne).

  • Les artistes qui jouent cette année viennent de nombreux pays d’Europe du Nord et de l’Est. Comment a été montée cette programmation ? Êtes-vous partis à la découverte de ces artistes ou ces derniers sont-ils venus à vous ?

L’essentiel de la programmation a été composé par Nicolas. C’est notre spécialiste du Melodica. Avec son groupe White Note, il a joué dans pas mal d’éditions du Melodica en Europe et a donc pu rencontrer de nombreux artistes, dont certains qui sont programmés cette année. Sébastyén et moi-même avons également proposé des artistes que nous avons pu rencontrer lors de concerts à Paris ou ailleurs en Europe. Ensuite, place au vote afin d’en tirer le line-up du festival. Le choix est chaque année difficile, mais nous essayons de programmer le ou les artistes que nous n’avons pas retenus sur l’édition suivante.

  • Vous investissez cette année deux lieux : le théâtre Le Vent Se Lève pour une pré-soirée le vendredi 9 février puis la Bellevilloise les soirs du samedi 10 et du dimanche 11 février. Ces lieux ont-ils été choisis pour leur acoustique ou pour d’autres raisons ?

La Bellevilloise est le lieu historique du festival. Nous avons une relation privilégiée avec l’équipe qui nous soutient depuis la première édition. Il était donc tout naturel de revenir dans ce lieu qui se prête très bien à la musique acoustique. Un lieu cosy, où l’on s’assoit pour écouter.

Cette année, nous avons souhaité organiser un tour de chauffe avant les deux soirs à la Bellevilloise. Nous avons choisi le théâtre Le Vent Se Lève pour la soirée Warm Up. Un tiers lieu culturel et un espace de création partagée géré par un collectif, en totale résonance avec l’esprit du Melodica.

  • Aussi, combien de personnes attendez-vous cette année ?

L’an dernier, environ 600 personnes sont venues sur le festival. Nous espérons dépasser ce nombre cette année et convaincre le public de revenir l’an prochain.

  • La philosophie de ce rendez-vous musical, c’est également d’afficher un prix d’entrée tout à fait abordable : 3 euros par soirée cette année, avec la possibilité de donner plus pour soutenir l’évènement et dédommager les artistes qui y participent. Du côté de l’organisation, comment financez-vous ce rendez-vous qui se rapproche dans l’esprit des concerts à prix libre ?

Nous n’avons pas de financement propre. L’ensemble de l’équipe est bénévole, de même pour les artistes qui sont soit amateurs ou en voie de professionnalisation. Notre volonté première depuis le départ était d’avoir un prix abordable pour le public qui vient découvrir le festival et ses artistes. Nous mettons toute notre énergie pour que les artistes soient bien accueillis et jouent dans de bonnes conditions. C’est pour cela que l’ensemble de l’argent récolté via le prix d’entrée et les donations est reversé aux artistes pour le défraiement de leur déplacement.

Au fil des années, nous nous organisons. La Bellevilloise est partenaire depuis la première édition pour la mise à disposition du lieu. Nous avons également notre partenaire, l’Institut des Métiers de la Musique, qui nous aide sur le budget communication (flyers, affiches), le collectif Disruptif Factory pour la création du site web. Cette année, l’artiste Jacques Rousseau a signé la magnifique affiche de l’édition 2018. Pour les hébergements, la famille, les amis, les amis d’amis… nous aident pour loger tout ce petit monde. C’est un peu un festival DIY.

  • Comment s’opère la connexion entre les différentes éditions internationales du Melodica Festival. Vous « prêtez-vous » des artistes entre villes organisatrices ?

La connexion entre les différents organisateurs se fait via le Melodica Festival Curators, plateforme collaborative où nous partageons nos bonnes pratiques, idées, les différents line-up et retours d’expérience sur l’organisation des différentes éditions.

  • Cette édition offrira au public parisien une collaboration éphémère entre Nicolas Boblin, organisateur, mais également leader du groupe folk White Note, et la multi-instrumentiste néerlandaise Roosmarijn Tuenter. Ouvrir l’évènement à des collaborations entre plusieurs nationalités, c’est l’une des aspirations de ce rendez-vous ?

C’est d’ailleurs l’esprit du festival, ce type de collaboration ! Monter sur scène et accompagner d’autres artistes pour créer cette magie qui est propre au Melodica : une famille d’artistes et des moments improvisés magiques.

  • Peux-tu partager avec nos lecteurs quelques souvenirs forts des précédentes éditions du Melodica Paris ?

J’ai surtout un souvenir qui me revient à l’esprit. C’est celui de l’édition de 2016, où Hannah Tolf, artiste suédoise, a clôturé le festival sous un tonnerre d’applaudissements. Elle a littéralement fait pleurer le public. Un souvenir mémorable !

  • Dernière question, et certainement pas la plus simple : quelle définition donnerais-tu de la musique folk ?

Oui, il n’est pas simple de donner une définition précise du folk ou de ses sous-genres. Je pense surtout au songwriting, à la musique traditionnelle et populaire, à l’histoire américaine : une voix, une guitare, un message à faire passer ou une histoire à raconter.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques