[LP] Astroid Boys – Broke

Révolutionnant le hip-hop en y ajoutant des instrumentaux abrasifs et corrosifs, Astroid Boys signe un disque sans nul autre pareil, entre colère intérieure et envie urgente de contaminer les codes et ordres établis.

Bouleverser les apparences et les langages. Relire les influences, les genres, les inspirations pour fournir une source noire et grattant les plaies ouvertes d’une société en pleine déliquescence. Désormais, ce phénomène porte un nom : Astroid Boys. En effet, le collectif de Cardiff ne fait rien comme tout le monde, et s’autorise même le luxe de mettre une grande claque à la soi-disant élite du hip-hop en injectant, dans ses formules alchimiques, une quantité de saturation et de distorsion totalement immersive. « Broke », leur dernier opus en date, leur a ouvert les portes du pourtant sélectif label Music for Nations, plus orienté metal que flow. Grand bien lui en a pris, tant ce disque détruit tout sur son passage et fait de l’obscurité une source intarissable de décharges électriques marquantes et furieuses. Une nervosité ambiance, retenue parfois mais, le plus souvent, aspergée au visage des apparences avec ce qu’il faut de vitriol pour y fondre des traces indélébiles.

Avec une réputation de bêtes de scène que l’on ne viendra surtout pas démentir au vu des extraits disponibles sur Youtube, il fallait bien à Traxx (MC), Benji (MC), DJ Comfort (DJ), Dellux (producteur) et Big H (percussions) un opus digne de la sueur qui émane de leurs performances. « Broke » déchire les murs fins séparant lyrisme et guitares hurlantes avec une ambition certes immense, mais parfaitement dans leurs cordes. On oscille ainsi de pistes menaçantes mais n’éclatant jamais (« Cheque », « Foreigners ») à des explosions sonores qui nous parcourent de part en part, ne nous octroyant aucune seconde de répit (« Razz », « Dirt » et l’inépuisable et tentateur « Mask »). Cela étant, le groupe ne commet jamais l’erreur d’autres projets s’étant risqués à mixer les éléments les plus extrêmes ; car les cinquante minutes auxquelles nous sommes conviés sont d’une cohérence à toute épreuve, bâtisse dont les fondations tremblent sans jamais s’écrouler. « Ghost » et « Lost » déploient une atmosphère aussi effrayante que fascinante quand, plus loin, « Kill » complexifie son interprétation afin de lui donner une ampleur toujours plus attractive et inédite. Le talent d’Astroid Boys éclate au grand jour, sortant les bêtes sauvages d’instrumentaux sur le fil du rasoir pour délivrer une amplitude vocale râpeuse et incandescente (« Free » ou le remarquable « Soonish », où les dissonances répandent un poison courant dans nos artères et nous paralysant de douleur et de plaisir).

Impossible de rester insensible face à cette débauche d’effets secondaires addictifs et ravageurs ; Astroid Boys a engendré rien de moins que l’un des plus parfaits albums de ces dernières années, prenant des risques inconsidérés aux yeux des puristes mais affrontant ces périls programmés en les annihilant avec intensité et intelligence. Un uppercut qui laissera, pour sûr, des cicatrices indélébiles, mais que l’on sera fier d’arborer.

« Broke » d’Astroid Boys est disponible depuis le 29 septembre 2017 chez Music for Nations.

Astroid Boys sera en concert le 7 février 2018 à l’Élysée-Montmartre, en première partie de Hollywood Undead.


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Raphaël Duprez

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