Avec « Abraxas », Ravages convie les âmes d’une cité solitaire et monochrome au bord de l’implosion, cherchant dans la conscience de chacun un moyen de sauver ce qui semble destiné à ne plus exister.
« Demain, tout peut disparaître ». Ces mots, portant dans leur chair tout l’âme de « Abraxas », illustrent à la perfection le court-métrage auquel nous convie Ravages. Formé par deux membres d’Exsonvaldes, Simon Beaudoux et Martin Chourrout, le projet affirme d’ores et déjà une écriture et un sens de la composition totalement dévoués à la vision tantôt chargée d’espoir, tantôt désabusée d’un monde en pleine implosion. Mais, au cœur de ce marasme, les visages, les origines, les cultures défilent et se dressent contre la solitude et la froideur d’un cadre désert, dont la modernité étouffe la créativité. Il souffle ici un parfum âcre d’apocalypse et de désincarnation, que seuls les hommes et les femmes qui se succèdent (et dont certains feront réagir bon nombre de spectateurs) paraissent pouvoir déraciner afin de replanter le bien-être d’une société mise à mal.
La réalisation de Cédric Nussli alterne les places abandonnées et les traits certes tirés, mais brillants des intervenants. Confrontation de l’âme et du matérialisme, « Abraxas » – ces 365 émanations d’un Dieu Suprême, ces sept perfections des anges inférieurs, ces talismans et amulettes repoussant la maladie – imprègne les structures et lieux, comme une délivrance programmée grâce à la symbiose des esprits et des corps, au point de déformer les lignes les plus lisses et géométriques. Dans son élan pop aussi mélancolique qu’admirable, Ravages promet de belles heures de frissons et de réflexion dans les mois à venir. Et il nous tarde de les vivre, pleinement.
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