La lutte d’un homme à la recherche du sommeil, dans une atmosphère bleutée et pourtant onirique ; « Sleepless night » de Sire s’amuse à brouiller les pistes tout en nous impliquant dans l’insomnie de son protagoniste, nous rappelant ces heures perdues durant lesquelles il nous est impossible de trouver la paix.
Des images en accéléré, alors que la caméra tourne autour du lit où Sire essaie tous les remèdes possibles et imaginables pour, enfin, sombrer dans les bras de Morphée. Dès les premières secondes, la réalisation de Jay Sroussi, également auteure du texte de la chanson et aidée par le travail impeccable le chef opérateur Florian Forléo, marque les esprits. Pourtant, quelque chose nous dérange dans cet enchaînement : d’une part, l’ambiance paraît presque irréelle, légèrement trouble et filmée selon une méthode proche de la Nuit Américaine. D’autre part, on ne connaît pas les causes de cet éveil éprouvant et ne voulant pas s’achever, même à grands coups de lecture ou au moyen de quelques bouffées de cigarette électronique. Or, dans le chant et la musique de Sire, la cause et la conséquence s’entrelacent ; et si l’individu lui-même était la source des maux, de même que la muse que l’on perd et qui nous empêche de fermer l’œil ?
La réponse, fulgurante, viendra du songe, alors que l’homme a finalement atteint sa petite mort. il s’agit bien d’une absence, certes, mais pas de celle que l’on croyait tenir. Il s’agit d’une innocence égarée, d’une fin sans recommencement possible, d’une disparition. Ainsi, l’artiste s’égare dès qu’il s’assoupit ; tant et si bien que l’on se demande s’il ne fait pas exprès de s’interdire quelques heures réparatrices. Car, au lieu de soigner, ces dernières blessent, viscéralement, mentalement. Le fil est si ténu entre le rêve et le cauchemar ; surtout quand il s’agit de solitude…
