Lorsqu’un album vous remue les tripes avec une incroyable force, il est toujours difficile de partager ce ressenti. Et pour cause : dans le cas de Tomalone, l’histoire s’est étendue sur plusieurs mois, chargés de vidéos et d’extraits à la fois insolites et troublants. Et, parmi eux, « Parédolie » demeure la meilleure carte de visite possible, introduction parfaite à l’univers si particulier de Thomas Didier. Une survivance vécue de l’intérieur, conviant l’auditeur à se replier sur lui-même et à s’interroger, non pas sur son identité, mais sur la manière dont celle-ci lui a échappé et comment il peut la retrouver, en contemplant l’autre.
Des substances, ternes ou colorées, qui évoluent lentement. Des boues, des laves, des huiles sombres ou lumineuses. Une création. Une sculpture en mouvement, portée par les visions crues et réalistes de Tomalone. Il y a, le long de « Paréidolie », de ce stimulus visuel qui nous fait deviner, dans la matière, des figures rationnellement inexistantes, une sensualité à la fois sauvage et désirable. Une merveille de contemplation des formes et des traits, ici symbolisés par ces viscosités coulant le long de surfaces que l’on ne verra jamais. Érotisme et langueur. Poésie et action.
La nudité, sous le regard de Tomalone et Olivier Caranta, aura rarement semblé aussi simple et offerte. Sans aucune vulgarité, mais avec une constante envie de retranscrire l’attrait et la fascination, cette piste, sensible dans ses instrumentations en constante mutation et ses paroles brutes et charnelles, voit converger en elle seule toute l’originalité d’un projet que d’aucuns jugeront difficile d’accès, mais dont les secrets se dévoilent et se déshabillent au fur et à mesure des écoutes. Nous vous reparlerons bientôt du mémorable « Seuls » ; en attendant, laissons notre vision se troubler pour mieux cueillir les éclats d’un court-métrage hors norme et diablement attachant.
