[Interview] Das Kinø

Depuis la sortie de « The Call of a Vision », Das Kinø continue de surprendre à travers des concerts intimistes et d’une puissance mélodique exceptionnelle, et des clips surprenants et passionnants. L’aventure de Léa et David, commencée grâce à ce disque, ne cesse de prendre forme devant nous, dévoilant à chaque nouvelle étape une figure supplémentaire de l’œuvre d’art globale que nos deux musiciens ne cessent de construire, patiemment et intensément. Alors qu’ils s’apprêtent à se produire dans le cadre des Bars en Trans, nous avons voulu les soumettre aux questions qui nous brûlaient les lèvres, afin de les laisser s’exprimer sur leur projet, son évolution et son expressivité en perpétuel mouvement.

crédit : RBKrecords
  • Bonjour à tous les deux et merci de bien vouloir répondre à nos questions ! Tout d’abord, comment se passe la vie pour vous depuis la sortie de « The Call of a Vision » ?

Léa : Nous travaillons encore plus qu’avant la sortie de cet album. Il s’agit, pour nous, de ne pas « nous endormir sur nos lauriers », et nous devons d’ores et déjà penser au deuxième album.

David : Oui, effectivement, puisque nous sommes à la fois notre propre label mais aussi notre propre manager, nous avons quinze mille trucs à penser et gérer au quotidien. Mais c’est un plaisir d’être totalement maîtres de notre histoire.

  • Parlons de l’album, si vous le voulez bien. Comment est-il né ? Quels ont été les différents projets qui vous ont amenés à travailler ensemble et à donner naissance à ce disque ?

Léa : David avait composé des titres pour un éventuel quatrième album de Smooth, et ses mélodies m’ont tout de suite plu. Puisque nous jouions déjà ensemble dans Dtwice depuis quelques années, je savais que nous serions de bons complices dans l’élaboration de ce projet.

David : Au-delà des morceaux, c’est l’envie de créer une histoire inter-générationnelle au sujet de l’Amour, du désir et de l’abandon qui me motivait. Nous avons fait de notre différence d’âge un atout plutôt qu’une barrière.

  • Les différentes pistes et arrangements sont très travaillés, mais sonnent avec un naturel vraiment impressionnant. Comment se déroule votre travail de composition ? Qui fait quoi ?

Léa : David s’occupe de composer les mélodies, la production « électro », l’enregistrement, le mixage ainsi que l’écriture des textes.

David : Léa s’occupe de toute l’harmonisation et des arrangements. Mais toutes les décisions finales sont prises de manière collégiale et rien n’est jamais imposé à l’autre pour le résultat définitif.

  • Comment travaillez-vous les échanges vocaux lorsque vous composez ? On entend, dans l’album, comme une conversation entre vous deux.

David : C’est exactement ça. Nous voulions effectivement créer une atmosphère à la fois intimiste et confidentielle dans nos chants. C’est pour cette raison qu’il n’y a jamais de parties chantées de manière énergique ou « rock ». Par contre, en live, les choses sont différentes et plus marquées dans l’intention, puisque ce sont nos regards qui illustrent nos échanges.

  • Il est beaucoup question, sur « The Call of a Vision », du rapport assez tendu entre la passion et la morale, telle qu’elle est présentée selon des règles bien précises. On sent que, avec Das Kinø, vous allez au-delà de cette dernière, mais sans choquer. Quel est votre perception du couple que vous formez, de votre histoire et de vos partages, par rapport au regard des autres ?

Léa : Ce n’est pas un couple, mais un duo. Nous entretenons une relation purement fraternelle et très complice qui nous autorise à inventer des histoires que nous aimons chanter. Aux travers de celles-ci, nous essayons de trouver des réponses sur l’éternel débat de l’amour et du désir.

David : Nous n’avons pas pour habitude de mélanger nos vies privées avec celle de Das Kinø. C’est une aventure musicale avant tout. Notre conception du couple est très personnelle et respectueuse.

  • Vous mélangez le français et l’anglais dans certaines de vos chansons. Quelle est votre volonté à travers cette rencontre de deux langues différentes, que chacun de vous porte ?

David : Cet album est une transition vers le prochain, qui sera en grande partie écrit en français. Nous avons enfin découvert le plaisir de chanter dans notre langue maternelle. C’était un challenge.

Léa : Pour ma part, le choix est naturel, puisque je parle peu anglais.

  • Le clip de « Wicked Love » renforce la marginalité de Das Kinø, entre l’humour et la remise en place de certaines impressions de domination masculine. Comment vous est venue l’idée de cette excellente vidéo ?

David : Pour être franc, nous n’avions pas de budget pour réaliser le clip que nous souhaitions au départ. C’était une histoire avec des dragons et un hiver qui arrive du nord. Il y avait beaucoup de costumes et des châteaux, ainsi que beaucoup de chevaux… Bref. On s’est vite rabattu sur une idée moins onéreuse. Nous avions décidé de réaliser nous-mêmes ce clip afin d’assumer complètement le fond du propos. Nous partons du principe qu’un artiste doit se mouiller et incarner les histoires qu’il chante. L’humour et l’autodérision sont de bons vecteurs de pensée.

Léa : Cette vidéo permet aussi de casser pas mal de clichés qui nous concernent, comme quoi je serais sous « l’emprise » de David et que celui-ci serait un mec très prétentieux qui se « prend au sérieux ». Je peux vous garantir que c’est mal le connaître !

  • De même, vous l’avez réalisée ensemble. Quelles ont été les conditions de tournage ? L’expérience a-t-elle été difficile ou, au contraire, source de plaisir ?

David : Que du plaisir. Tout s’est fait naturellement. Enfin, je veux dire par là, que ce n’est pas dans mes habitudes de m’habiller en nana. Mais ce n’était pas déplaisant… C’est plus pour Léa que c’était gênant : elle n’a pas l’habitude de tenir un mec en laisse en lui versant de la crème sur le visage tous les jours !

Léa : Je suis très heureuse d’avoir pu concrétiser, avec David, notre vision du problème de la condition féminine. Paradoxalement, nous n’avons pas eu de grands éclats de rire lors du tournage ; nous étions conscients que nous prenions un risque en nous affichant de la sorte. Mais notre désir de bousculer les codes étaient plus grand que nos doutes.

  • Le lien entre masculin et féminin porte vos chansons, de même que l’album dans son entier, jusque dans la pochette qui représente un « morphing » de vos deux corps. Cette fusion est-elle la base fondamentale de votre duo ? Et était-ce le cas dès le départ ?

David : L’idée est de faire fi de l’identité masculine et féminine pour n’en créer qu’une seule. Les personnages que nous incarnons dans nos chansons ne font qu’un.

Léa : Nos deux chants sont prétextes à incarner la dualité propre à l’Homme. Je représente la part de raison, et David, la part de tentation. Nous racontons donc l’histoire d’une seule et même personne.

  • Vous tournez beaucoup en ce moment et on vous retrouvera aux Trans Musicales de Rennes, dans le cadre des Bars en Trans. Comment considérez-vous la scène dans votre processus artistique ?

David : Nous avons créé un album que certains considèrent comme très « arrangé » et « léché ». Nous l’assumons pleinement. Cependant, lorsqu’il s’agit du live, nous aimons nous abandonner un peu plus pour laisser place à l’énergie qui nous habite. Il y a donc une réelle différence entre le live et le studio. C’est aussi pour cette raison que nous souhaitions être accompagnés d’un batteur.

Léa : Cette complémentarité est très enrichissante, au point que nous jouons certains titres exclusivement composés pour le live.

  • Vous échangez beaucoup de regards et de sourires quand vous êtes sur scène, et cela est terriblement contagieux pour le public. Vous rendez-vous compte de ce bonheur que vous inspirez à ceux qui sont venus vous voir ? Quelle vision avez-vous de ce même public ?

Léa : Nous avons juste conscience de la chance que nous avons de pouvoir exprimer notre musique en public. C’est un prétexte suffisant pour avoir le sourire !

David : Nous sommes très complices dans la vie, par l’humour et l’autodérision. Nous avons un regard très tendre et fraternel l’un vis-à-vis de l’autre. D’autre part, nous sommes aussi très impressionnés par le live et essayons juste de nous rassurer mutuellement par nos échanges de sourires et de regards.

  • Comment a été reçu « The Call of a Vision » par le public et la critique ? Quels échos en avez-vous eu ?

David : C’est difficile d’exister parmi toutes les productions qui sortent en ce moment. Nous n’avons pas eu énormément de retours médias. Mais ceux qui ont bien voulu se pencher sur notre propos artistique ont, pour la plupart, été convaincus de la sincérité de notre musique.

Léa : Jusqu’à présent, nous avons toujours eu un accueil chaleureux du public.

  • Que nous réserve Das Kinø dans les mois à venir ?

David : Des concerts et un second album, sur lequel nous planchons déjà. Les enregistrements commencent au mois de janvier.

Léa : Nous avons beaucoup appris durant ces derniers mois et nous sommes enrichis de nouvelles influences. Nous avons hâte de mettre sur bande des nouveaux morceaux, une nouvelle histoire.

crédit : Aurélie Crouan

Das Kinø sera en concert, dans le cadre des Bars en Trans, au Ty Anna (Rennes) le jeudi 7 décembre à 22h. Toutes les infos ici.


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Raphaël Duprez

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