[Live] The Horrors et Mueran Humanos au Splendid

En ce samedi soir de 11 novembre, il plane un silence de mort sur Lille. Est-ce le froid humide ? La pluie ? Les commémorations de l’armistice ? Ou encore le foisonnement de spectacles offerts ce soir-là dans la métropole (Mac DeMarco en concert complet à l’Aéronef ou Fink au Grand Mix, pour ne citer que ceux-là) ? En tout cas, on est à peine surpris en rentrant dans un Splendid à moitié vide. La salle a été reconfigurée avec de grands rideaux noirs qui la coupent en deux au niveau de la console ; et encore, on n’est pas serrés !

The Horrors
The Horrors – crédit : David Tabary

La soirée débute avec Mueran Humanos. Tout est dans le nom ou presque. Mueran Humanos, ça veut dire « Mourez, humains » en espagnol. Le groupe, composé de Carmen Burguess et Tomas Nochteff, est basé à Berlin et livre des compos chantées en espagnol dans un genre musical quelque part entre post punk, shoegaze et rock indus.

En réalité, toute catégorisation du duo ne passe pas l’épreuve du live, tant l’expérience est assez déroutante. Les esprits faciles feront des comparaisons avec The Kills, mais la musique de Mueran Humanos est bien plus torturée et donne vraiment l’impression que nous allons tous mourir. La noirceur va peu-à-peu envahir tout le Splendid et préparer à la perfection l’arrivée de The Horrors. On reprochera juste au duo des temps d’enchaînement entre les morceaux bien trop longs pour offrir la prestation compacte qu’on aurait pu espérer.

Les membres de The Horrors entrent alors en scène avec « Hologram », titre qui ouvre également leur dernier album, « V ». On constate immédiatement l’absence totale de lumière frontale et une volonté du groupe de jouer dans une forme de pénombre, à l’exception peut-être de Rhyss Webb, plus exposé avec ses claviers dans un angle de la scène. Impossible de distinguer clairement les visages des autres membres, tandis que des lumières froides parcourent l’arrière de la scène, à base de verts, de bleus et de roses. Tout juste remarque-t-on le magnifique T-shirt à paillettes de Faris Badwan, le chanteur du groupe.

The Horrors enchaînent avec « Machine » et l’on remarque les étranges pas de danse de Faris Badwan qui ne cesse de jouer avec le fil de son micro, l’agitant comme un fouet ou, peut-être, une corde de gymnaste rythmique. Ses mouvements de déplacement de l’arrière vers l’avant de la scène sont tellement vifs qu’on a parfois l’impression qu’il prend de l’élan pour se jeter dans la foule. Peut-être se ravise-t-il a chaque fois en constatant que, de foule, il n’y a pas vraiment et qu’il risque de nous faire une Shy’m.

Les stroboscopes se mettent à balancer leurs flashs frénétiques et permettent d’apercevoir furtivement les visages des membres du groupe. Puis, des lumières un peu plus franches apparaissent sur « Who Can Say », titre du génial album « Primary Colors » ; juste ce qu’il faut pour apprécier les pas de danse de Joshua Hayward à la guitare et Tom Cowan à la basse. A bien y réfléchir, il y a une ambiance très disco pop dans ce concert, tranchée par la profondeur des ombres sur scène et la froideur des lumières et des claviers. C’est l’ambiance du dernier album qui prévaut ce soir, ce que ne démentira pas une setlist composée pour moitié de titres de ce magnifique « V ».

Profitant d’une incursion sur l’album « Skying », Faris prend son élan et saute, non pas dans le public mais avec beaucoup d’habileté, sur la crash barrière, et s’offre quelques serrages de main avec les fans des premiers rangs. On pense le concert près à atteindre de nouveaux sommets, mais Badwan ne tarde pas à annoncer la fin du concert avec « Still Life ». Le groupe n’est pourtant pas sur scène depuis une heure !

Une petite sortie côté rue à l’arrière du Splendid et le groupe remonte sur les planches avec « Ghost ». Le concert s’achève tout de suite après sur « Something To Remember Me By », sans doute un des titres les plus dansants de « V ». Un bon moyen effectivement, pour The Horrors, de marquer définitivement les esprits, tout en invitant le public à aller voir ailleurs si la soirée se poursuit sur d’autres dancefloors. Il n’est en effet pas 22h30 et The Horrors auront joué moins de 1h15. Quand c’est bon, on aimerait toujours en avoir plus ; mais, en l’occurrence, il faudra s’en contenter et se rappeler que « plus » n’est pas forcément synonyme de « mieux ». Compact, court, intense, le set de The Horrors aura été sans concession d’un bout à l’autre et laissera ceux qui l’avaient choisi ce soir-là persuadés d’avoir assisté à la meilleure performance de ce samedi. C’est bien là l’essentiel.

Setlist de The Horrors au Splendid

Hologram
Machine
Who Can Say
In and Out of Sight
Mirror’s Image
Sea Within a Sea
Weighed Down
Press Enter to Exit
Endless Blue
Still Life

Rappel :

Ghost
Something to Remember Me By


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David Tabary

photographe de concert basé à Lille, rédacteur et blogueur à mes heures