[Interview] Jet Banana

Finaliste du tremplin Music On Stage au Divan du Monde, début octobre, nous sommes allés à la rencontre de Jet Banana. Le groupe power rock nous a présenté son projet juste avant de monter sur scène pour le dernier concert chanté en anglais de l’histoire de la mythique salle de la capitale.

crédit : Laura Pouilhe
  • Ce concert en tête d’affiche au Divan du Monde, dans le cadre du tremplin, c’est le plus important de votre carrière ?

Fred (chant) : À Paris oui, c’est notre plus grande date. En plus, on a appris qu’après cela, le Divan du Monde ne ferait plus jouer de groupe en anglais, et vu que c’est notre cas, on sera le dernier mot en anglais de cette salle et ça nous fait plaisir.

  • Parmi les groupes sélectionnés pour les auditions, vous sembliez être le plus expérimenté… Vous étiez sur d’autres projets avant Jet Banana ?

Thomas (guitare) : À la base, je jouais avec Fred (le chanteur NDLR), on était dans la même classe au lycée, et on a monté un groupe à partir de là et qui a duré jusqu’en 2011. C’était du glam, on était tous grimé en meuf, c’était terrifiant. Fred, le batteur, est arrivé en 2014, avec son expérience aussi.

  • Est-ce qu’il y a toute une structure qui accompagne Jet Banana aujourd’hui : label, tourneur, etc. ?

Fred (chant) : On est accompagné par une SMAC (Scène de Musique Actuelle NDLR) en Seine-et-Marne, File 7, depuis trois ans. On a un manager-attaché de presse via la structure Dooweet, Christophe Sousa, et on bosse avec une tourneuse depuis juin.

  • Qu’est-ce qui vous a permis d’intégrer cette SMAC ?

Fred (chant) : On y est arrivé quand on faisait des petits tremplins, à un moment où nous enregistrions avec des trucs pourris genre micro avec une carte SD et on enregistrait un son sans vraiment faire gaffe puis avec un vieux logiciel pourri puis on assemblait pour rendre ça cohérent. Avec ça, nous avons fait quelques morceaux qu’on a envoyés pour la finale d’un tremplin d’une université, avec lequel on a gagné un enregistrement au File 7 sans trop savoir comment.

Frédéric (batterie) : Nous réservons à l’année, et on y a accès des journées entières, ou même on peut choper des résidences. Ils sont bien équipés, on y va facilement et ça coûte bien moins cher qu’un studio. Nous y avons également enregistré la batterie pour notre disque.

Fred (chant) : Tout le reste est fait chez nous dans un petit appart’ après qu’on ait acheté un peu de matos, dont un extrait dans ma salle de bain.

  • Le premier disque que vous avez sorti en 2016, “Master Is The Enemy”, est donc une autoproduction ?

Fred (chant) : DIY à mort, on a fait l’enregistrement, le mixage, et même le mastering. Cette dernière phase à notre manière, mais de telle sorte que ce soit suffisamment pro quand même par rapport à notre niveau même si on n’avait pas le budget pour l’adaptation à certains supports. Il a fallu apprendre sur le tas, se former nous-mêmes. C’est également le cas pour les clips qu’on monte seuls. Le premier c’était “Kelly” justement, c’était au début donc un peu plus à l’arrache, mais aujourd’hui on a besoin de faire des choses toujours plus techniques, on souffre pas mal pour apprendre de nouvelles choses, et là, le dernier qui arrive c’était juste la plus grosse galère de notre vie, c’était encore plus compliqué que pour tout l’album, un bordel incroyable.

Thomas (guitare) : On voulait prendre le temps de le faire chez nous, le refaire, retravailler et ainsi de suite. Parce que même au File 7, louer un studio plusieurs jours ça nous aurait coûté de l’argent.

crédit : Simon Vergniaud
  • Qui est “Kelly”, la figure centrale de l’album concept ?

Fred (chant) : Kelly est un personnage fictif qui n’existe pas en vrai ; à la base c’est un prénom que je n’aimais pas du tout. Désolé si tu as un pote qui s’appelle Kelly ! C’est un personnage à qui je pouvais faire tester des trucs et voir comment il réagit. Je sais c’est que c’est un peu con et bizarre dit comme ça, vu que c’est une histoire que j’écris. C’est quelqu’un qui est victime de sa vie, qui est imagée par une pute dans le clip, et qui n’arrive jamais à avancer, qui refait les mêmes erreurs et qui est dans un schéma psychologique de destruction en permanence. L’album raconte les étapes de ce processus. Kelly qui est un single d’avant le disque, c’est le prologue de tout ça, la mise à plat de la situation. Ensuite l’album détaille ce qu’il s’est passé et pourquoi. Tout fonctionne autour de trois pôles, un triangle : il y a le “maître”, un personnage qui représente son idéologie, ce qu’elle aimerait devenir, sans aucune règle ou contrainte, un idéal pulsionnel en quelque sorte. Il y a ensuite le “peuple” qui représente sa conformité à la société et à la norme. Et enfin il y a le “lambda”, en bas qui est son libre arbitre. Les trois personnages représentent Kelly et ça, c’est l’histoire de l’album. Dans le prochain clip qu’on va sortir le 15 novembre, – le fameux sur lequel on a galéré -, pour un nouveau single, il y aura l’épilogue de tout cela.

  • C’était où et quand votre tout premier concert ensemble en tant que Jet Banana ?

Thomas (guitare) : Avec l’étiquette Jet Banana c’était le 1er septembre 2012 au Batofar pour le Fallenfest, un tremplin. Un peu spécial pour Fred parce que c’était sa première fois en tant que chant-lead car avant il était chanteur et batteur… Donc c’est sa vraie première fois à lui en tout cas.

  • Quelle était la toute première chanson que vous avez terminée ensemble ?

Fred (chant) : La vraie première pour te dire, on l’avait enregistré au Studio Bleu, mais en fait dans une annexe du studio à Joinville, on avait enregistré un EP à l’époque, mais qui n’est jamais sorti, car entre-temps on a rencontré l’ingé-son qui nous a dit : « c’est cool votre truc les gars, mais allez-y quoi, arrêtez de vous prendre la tête et allez-y foncez, soyez plus énergiques et efficaces. » Après quoi on a compris, et pendant que lui mixait dans le studio, on a réservé un créneau et on a composé une musique qui est devenue « White and Red ».

  • Et votre première émotion musicale de groupe ? Les références que vous partagez tous ?

Thomas (basse) : Même si on ne les a évidemment pas découverts ensemble, je dirais qu’on se rejoint pas mal sur les Beatles, Led Zeppelin, Nirvana…


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Charles Binick

Journaliste indépendant, chroniqueur passionné par toutes les scènes indés et féru de concerts parisiens