[EP] Holbrook – Hello Angel

En cinq titres, Holbrook nous offre une vision à la fois personnelle, complexe et audacieuse de la composition, n’hésitant jamais à inviter à la danse des genres opposés pour une osmose ayant tout d’un sabbat sonore différent et d’ores et déjà caractéristique d’un langage à part. Une belle réussite, étonnante et trouble, mais à l’inaltérable pouvoir de fascination.

Au premier abord, Holbrook semble venir de pays inconnus, jamais foulés par l’homme et dont les ethnies recèlent des secrets harmoniques aussi parfaits que chamaniques. Car « Hello Angel », cet appel au protecteur autant qu’à la muse, tourne sans cesse, trouble les repères et les bases de sculptures sismiques entre magie noire et désir, pour l’auditeur, d’intégrer une entité qui a fait de sa passion un moyen de communication jamais perçu auparavant. Cinq pistes brûlantes et caressantes, mouvementées et insidieuses, qui se déroulent devant nos yeux de la plus belle et étrange des manières. Cinq filets qui nous capturent, nous emmènent à fond de cale pour des destinations inconnues, mais dont on sait d’ores et déjà qu’on reviendra totalement métamorphosé.

« View to Share », regard tourné vers les événements prêts à se produire, convie autant l’intensité d’un chant grave et hypnotique à des rythmes et arrangements funk chorégraphiés à la perfection. Une entrée en matière idéale et qui fonctionne sans accroc, avant de nous balancer, tel un seau d’eau froide pour nous rafraîchir et nous remettre de nos émotions, « Wonder », dont la forme tribale mêlée à des impulsions électriques et synthétiques pénètre nos épidermes, s’enfonce dans nos crânes et nous met en mouvement sans que l’on puisse, un seul instant, reprendre le contrôle. « Damage » confesse, sur un ton plus lent et posé, les conséquences de la souffrance, d’une douleur sourde autant physique que mentale ; un pansement sale que l’on enlève, révélant une plaie ouverte qu’il faut rapidement désinfecter, pourvu qu’elle ne se nécrose pas. Puis, l’éclat retentit de nouveau au sein des fabuleuses cordes de « Did You », moment glorieux et puissant d’une musique intimiste et directe, mais ne perdant jamais son impact immédiat et transgressif, introduisant le final « Trampoline », défilé d’instantanés de sauts au ralenti, libérateurs et approchant, autant que possible, une certaine idée d’un bonheur éphémère ; ce que ses ultimes secondes laisseront en suspens, quelque part entre l’espoir d’une rédemption et la révolte contre une soumission qui n’est en aucun cas celle de Holbrook.

« Hello Angel » est autant un accueil grinçant qu’une poignée de main ferme et sûre d’elle ; une collection entre rage contenue et exultation harmonique, un décor abandonné et solitaire où le geste se doit de redonner vie à ce que l’homme a abandonné. Rien ne nous avait préparés à un tel disque, qu’il faut apprivoiser pendant de longues heures, toutes plus bénéfiques les unes que les autres ; mais le jeu en vaut la chandelle et révèle un projet sur lequel il faudra compter et, on l’espère, pour très longtemps encore.

« Hello Angel » de Holbrook est disponible depuis le 4 avril 2017.


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Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.