[LP] Le Duc Factory – Breaking Ground

Bien plus qu’un simple disque de rock psychédélique, « Breaking Ground » de Le Duc Factory fait autant preuve de maîtrise que de modernité et d’inventivité dans le déroulement sans faille de ses pistes, toutes audacieuses et palpitantes. Un sentiment vital, contagieux et viral, devenant rapidement aussi trépidant que les prestations scéniques de ce projet à part.

Ceux qui étaient au Crossroads Festival de Roubaix au mois de septembre dernier ont eu la chance de voir, à deux reprises, les prestations imparables des Lillois de Le Duc Factory ; d’abord en plein air pour ce que l’on pourrait considérer comme un tour de chauffe (ce qui n’a pas empêché le quatuor de s’en donner à cœur joie) puis, deux jours plus tard, sur l’une des deux scènes de La Condition Publique. Deux cadres différents, certes, mais le débordement rock du projet n’a faibli à aucun moment et nous a terriblement donné envie de découvrir « Breaking Ground », afin de comparer les enregistrements et leur présentation sur les planches. Le constat est sans appel : l’album est une pure merveille énergique et électrique, portée par des arrangements et envolées instrumentales ravageurs et contagieux. Impossible de ne pas sentir son corps vibrer et bouger au rythme de ces histoires enchaînées sans temps mort, de ces déluges apprivoisés soufflant autant de chaleur que de douceur. Ainsi, Le Duc Factory ne s’inscrit dans aucun domaine, si ce n’est le sien même ; un art de la sculpture sonore, entre rythmes saccadés et arpèges démoniaques, le tout au sein d’une orgie harmonique envoûtante et obsédante.

Dérive des continents alors que nous sommes embarqués sur un navire en perdition, l’opus se fait chair au fur et à mesure de ses expérimentations et libérations ; d’abord profond et dynamique sur « Tired of Being so Bored », rébellion contre l’ennui qui donne l’eau à la bouche – et pourrait même susciter des vocations -, nos quatre gaillards parsèment leurs performances de larsens et bruits divers, tous apportés pour créer un ensemble tour-à-tour déstabilisant et homogène. « Strawberry House » est un délice sucré et pulpeux, un nectar halluciné et réconfortant quand, plus loin, l’imparable dynamique finale de « Reverse » nous plonge dans les ténèbres d’un rock hypnotique et acéré. Savoir alterner l’incantation et la prière ; c’est ce que Le Duc Factory se fixe comme objectif au fil de 45 minutes de tourments et de repos, quand « Stinky » s’allonge langoureusement sur un matelas dur et clouté avant que « The Great Comedy » ne se révèle théâtral et techniquement génial, introduction sans concession au phénoménal « Cloud We Used to Know » et à l’apogée éthérée et thérapeutique de l’aérien « Out in the Snow », qui n’oubliera pas de délivrer une ultime fulgurance rassasiant même les plus affamés.

Une petite merveille venue de nulle part et apportant à chacun d’entre nous une raison supplémentaire de ne pas tomber dans le marasme ; digne représentant d’un nouveau courant qu’il semble être le seul à porter sur ses épaules, héritier de ces créateurs qui prenaient le risque de faire la différence, Le Duc Factory fait montre d’un caractère affirmé et sûr de lui, sans jamais essayer un seul instant de fédérer sur des bases qui ne lui conviendraient absolument pas. De là à parler de nouveau style, il n’y a qu’un pas ; à vous de le franchir. De notre côté, c’est déjà fait !

crédit : Nicolas Djavanshir

« Breaking Ground » de Le Duc Factory est disponible depuis le 24 mars 2017 chez Celebration Days Records.


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Raphaël Duprez

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