[LP] Medora – Ï

Alertez les bébés ! Ici vient la sentence la moins originale de l’année : les Québécois ont la pop francophone dans le sang. Passons toute la séquence du pourquoi et du comment ceux-ci mettent décidément la barre haute, comparés à la plupart des groupes de l’Hexagone ; des confrères ont déjà sûrement disserté longuement sur le sujet en comparant nos invités, Medora, à Karkwa ou encore Corridor, ce qui serait tout à fait judicieux par ailleurs.

On atteint des sommets de lyrisme à l’écoute de ce premier album. La faute, s’il en est, à la voix haut perchée de Vincent Dufour, dont l’ascenseur vocal se révèle plus impressionnant d’écoute en écoute. Par ailleurs, les césures qu’apporte Dufour au chant des textes de Charles Côté se révèlent très surprenantes et offrent à ses mélodies des airs de syncope particulièrement agréables de maîtrise.

Ce chanteur est ainsi parfaitement à l’image de la musique que crée le groupe. On pourrait, après une écoute distraite, résumer Medora à un énième groupe de pop un peu musclée et éthérée ; ce qui ne serait pas faux, mais parfaitement incomplet. Le muscle tient ses racines d’une batterie sous excitants autssi créative que généreuse. Jamais rigide, cette absence de toute lourdeur de la rythmique laisse un vaste espace d’expression pour les guitares. Nous ne sommes pas particulièrement perdus dans des suites d’accords folles de renouveau ; cependant, leur classicisme est souvent contredit par un accord surprenant qui apporte une richesse harmonique bienfaisante.

Malgré une peut-être trop grande homogénéité des chansons au sein de ce disque, quelques morceaux ressortent particulièrement du lot. Citons, par exemple, « Le peintre » et sa nostalgie douce-amère qui parvient à faire donner du sublime à une phrase qui serait parue ridicule chez de nombreux autres groupes (« La passion qui shake dans l’appartement humain ») ou encore le conclusif « Petite chantier », qui aurait été une pause onirique bienvenue plus tôt dans le disque.

En fait, « Ï » a les défauts et les qualités d’un premier album. C’est un disque de toute évidence écrit avec le cœur par un groupe qui souhaite montrer le son qu’il s’est imaginé. Fort à parier que Medora est un groupe à suivre attentivement, ne serait-ce que pour voir cette générosité et maîtrise exploser en folie artistique.

« Ï » de Medora est disponible depuis le 25 Août 2017 chez Boîte Béluga.


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Maxime Dobosz

chroniqueur attaché aux expériences sensorielles inédites procurées par la musique