[Live] Hellfest 2017, jour 3

Tout comme le mercure, l’énergie et la folie dans les rangs n’a cessé de monter durant cette troisième journée de l’édition 2017 du Hellfest. Entre trips psychédéliques et assauts thrash ou hardcore, il n’a pas fallu longtemps pour retrouver l’énergie nécessaire afin d’acclamer, de hurler, de crowdsurfer… Depuis le Deep South jusqu’aux fjords norvégiens en passant par les blocks de Los Angeles, retour sur cette brûlante et ahurissante journée.

Article par Maxime Antoine et Olivier Roussel
Photographies par Erwan Iliou et Jean-Marie Jagu

Dernier jour du Hellfest : jour où la fatigue n’existe plus, où l’alcool coule à flots et où l’on s’autorise tout ce qu’on ne voulait pas faire les deux premiers jours, histoire de pouvoir dire que, même si on a vu une soixantaine de concerts, on a aussi profité et fait la fête. Surtout lorsque l’on célèbre ses vingt-cinq ans ce jour-là, il est vrai. Nonobstant, anniversaire ou pas, le rituel reste le même et, à 10h30, nous voilà de retour sur l’herbe de la Valley pour un concert-petit-déjeuner devant les Franco-Londoniens de Bright Curse, qui envoient jovialement un stoner aux forts relents de hard rock anglais des années 70, T-shirt de Deep Purple à la clé pour le bassiste, sorte de sosie rigolo et jeune d’Axl Rose. Le trio pallie un peu sa nervosité (surtout vocale) par sa bonne humeur et son show spectaculaire, le fameux bassiste se révélant un bel atout pour foutre le feu et sauter partout ou prendre des poses héroïques. Quelques morceaux du dernier album « Before the Shore » sont joués, dont le single « The Shore » ou « Walking in the Graveyard », ainsi qu’un remarquable morceau issu d’un précédent EP, « Shaman », ponctué d’un étonnant solo de flûte traversière aux relents très ritualistes. Bright Curse se démarque aussi des autres groupes du genre par une tendance à l’improvisation et à la jam assez bienvenue, qui souligne à la fois l’alchimie entre ses musiciens et la volonté d’utiliser tout leur créneau. Revu depuis à Lyon, le reste de leur répertoire dévoile plus de subtilité et en fait une valeur montante, définitivement à suivre sur la scène stoner psyché.

Leur succède une des formations les plus curieuses du festival, qui rassemble malgré l’heure matinale une belle petite foule de curieux attirés par la photo du groupe et le résumé sur l’appli du festival. Vôdun donc, encore un trio aux deux tiers féminin, débarque sur scène devant le regard ébahi des spectateurs. Costumes bariolés d’inspiration créole et africaine, peintures corporelles évoquant autant la guerre qu’un rituel sacré, percussions traditionnelles… La curiosité monte et, rapidement, le concert explose et nous libère une demi-heure plus tard, complètement exsangues. La chanteuse possède une voix soul tantôt suave, tantôt puissante, et frappe sur ses tambours comme une furie pendant que le guitariste joue des riffs montagnes russes gorgés de fuzz et de divers effets psychédéliques et que la batteuse cogne comme si sa vie en dépendait sur un kit imposant. Difficile de comprendre exactement ce qui nous arrive, mais l’énergie et l’originalité folle du combo sont très contagieuses et le public se déchaîne aux premiers rangs du concert, exultant à chaque nouvelle salve électrique, à chaque cri perçant, à chaque tourbillon de batterie. On se demande comment font les musiciens pour tenir le coup et garder le cadence tant ils envoient une quantité colossale d’énergie sur scène. Mais peu importe, on prend un pied intersidéral devant ce trio de quasi inconnus. La touche ethnique qui se greffe sur ce rock psychédélique à la Hendrix fonctionne à merveille, comme un Santana sous acide ou un Funkadelic qui lâcherait les décibels (et les chiens).

Même style mais horizons radicalement différents avec les Islandais de The Vintage Caravan qui, comme leur nom l’indique, sont eux aussi coincés dans les seventies, décidément décennie à l’honneur aujourd’hui dans la Valley (et c’est loin d’être fini). Là encore, belle énergie et joie d’être devant nous palpable chez les musiciens, dont le hard rock tendance stoner scandinave est moins original mais très efficace. « Midnight Meditation » et ses riffs à la chaîne sort du lot, comme une sorte de Kyuss sous speed. Le groupe dédie la ballade « Innerverse » au public du Hellfest, expliquant que c’était leur rêve de se produire ici, et le morceau se conclut sur un solo épique qui rappelle les grandes heures de groupes comme Spiritual Beggars ou The Sword. Un court bug coupe le son de guitare pendant le solo de « Babylon », mais le groupe s’en remet comme si de rien n’était, à l’image d’un concert très professionnel et enjoué.

Des années d’attente et, enfin, l’effroi nous gagne devant la prestation sanguinolente des barbares de Ghoul. Venus de la contrée de Creepsylvania, Fermentor, Dissector et consorts se présentent sapés comme des bûcherons, un sac de toile sur la tête tâché de sang au niveau de la bouche. Nous avons droit à un véritable spectacle grand-guignolesque où l’hémoglobine asperge à plusieurs reprises le public après moult menaces de massacre. Sur la forme, le thrash est des plus véloces. Les deux guitaristes s’emparent tour à tour du lead comme deux charognards se disputant une dépouille, et les soli sont certainement les plus puissants et précis entendus pendant le week-end. Ghoul est vraiment un groupe à prendre au sérieux malgré le 36e degré dont font preuve leurs morceaux, qui constituent une discographie très solide depuis une quinzaine d’années. Le général masqué et terrifiant présent sur la pochette du titre « Wall Of Death », publié en 2016 sur Tankcrimes en amont de l’ignoble et jouissif « Dungeon Bastards », arrive sur scène pour invectiver public et membres du groupe. Armé d’une matraque ou d’un marteau, il en vient même à essayer d’étouffer de ses bras ces derniers avant d’agoniser, terrassé par une créature gigantesque et ridicule en carton-pâte aux bras immenses qui, elle-même, mourra sous les coups d’un yéti velu et casqué. Un satyre répugnant fait office de roadie et l’on pourrait craindre que tout ce carnaval masque la force du groupe, qui insuffle une ahurissante énergie punk au sein d’une scène thrash usant parfois des mêmes poncifs. On en vient même à regretter que le groupe ne se soit pas produit en Warzone, où l’accueil aurait certainement été plus délirant. Il n’empêche que le type que nous avons vu jongler tout au long du set dans la fosse aurait été bien plus en peine d’accomplir cet exploit. Respect !

Côté Temple, les Français de la formation ambitieuse Regarde les Hommes Tomber mélangent, tout au long d’un set parfait et sans défaut, black metal, doom et hardcore avec un rendu précis et massif qui fait honneur à des compositions longues et tortueuses, délivrées avec une exécution parfaite et un son impeccable. Sans doute le meilleur concert de black metal du festival en terme de maîtrise, de puissance et d’originalité.

On retourne ensuite dans la Valley pour une très belle surprise, à savoir Crippled Black Phoenix, supergroupe anglais comprenant des anciens membres de Mogwai ou Electric Wizard et qui joue un metal sombre et complexe que nous aurions bien du mal à faire rentrer dans une case. Au fil de leur set assez long (le groupe s’accordant même un petit bonus sur la fin), on passe ainsi d’un rock sombre aux relents new wave ou dark folk à un doom psychédélique entêtant, pour terminer sur un post rock mélancolique très réussi lors du dernier morceau, puissante montée de près d’un quart d’heure entamée juste avant la fin de leur créneau et annoncée comme un ultime titre, habile coup fourré au vu de sa durée. Les huit musiciens, avec leurs claviers, leurs trois guitares et les différents chanteurs ou chanteuses qui participent, permettent d’avoir un son remarquablement dense et subtil et de toucher à tous les genres, ou presque, sans difficulté. Un concert hors du temps, hors des genres, mais incontestablement magnifique.

La subtilité n’est pas vraiment la spécialité du groupe suivant à se présenter dans la Valley, puisque les Italiens d’Ufomammut – rien que le nom – font dans le doom psychédélique le plus lourd et le plus lent qui soit. Leurs très longs morceaux, conçus comme de petites odyssées musicales ou des trips cosmiques au ralenti évoquent ainsi aussi bien le space rock de Hawkwind que les rites sataniques d’Electric Wizard. Le concert est, sans mauvais jeu de mots, pachydermique, déballant une usine à riffs monumentaux sur un mur de guitares tellement assourdissant qu’on n’entend parfois même plus la batterie, et le chanteur use de nombreux effets sur sa voix pour rajouter dans le psyché cosmique. Terrassant.

Plus doux et plus classique ensuite, devant une Valley qui a retrouvé une partie de son public effrayé par les riffs éléphantesques des Italiens, les pionniers du doom heavy Pentagram débarquent privés de leur chanteur de toujours (et seul membre d’origine du groupe) , Bobby Liebling. Ce dernier ayant vraisemblablement rechuté dans l’addiction de sa vie, l’héroïne, s’est retrouvé hospitalisé et privé de tournée. C’est donc le guitariste Victor Griffin qui se charge des vocaux pour le quatuor réduit en trio. Au programme, c’est facile, le groupe enchaîne les classiques de l’album fondateur « Relentless », paru en 1985, et ceux de son successeur, « Day of Recknoning », de 1987. Le tempo est nerveux, le son reconnaissable entre mille, et le public, connaisseur. Quelques types sont déjà un peu trop alcoolisés et la fosse se transforme en un grand n’importe quoi à mesure que le set avance et que le groupe joue ses derniers atouts, gardant l’immortel « Relentless » pour la fin.

Le hardcore de Deez Nuts arrive tout droit de NYC et nous ne sommes dès lors pas surpris de flairer des effluves de hip-hop derrière les accords furieux et les coups effrénés sur les fûts. La rage est très présente, et les hurlements, impressionnants. Dès les premières secondes, la centrifugeuse est en marche. Nous sommes dimanche midi, la Warzone tient bon.

Nous continuerons à rester indifférents au mélange pâteux et indigeste d’Ill Niño. La caricature de Jonathan Davis à laquelle nous avons droit est à pleurer et la grosse artillerie déverse des flots immondes à travers les speakers.

Nous pensions l’exercice pénible en nous plaçant devant la scène pour voir Candiria. Pas le moindre centimètre carré d’ombre accessible, une chaleur à faire faillir et l’appréhension d’une démonstration savante et ampoulée de metal progressif lorgnant sans vergogne vers le jazz. Tous les ingrédients étaient réunis pour que nous passions notre chemin. L’obstination – à moins que ce ne soit l’inconscience – nous a permis d’assister à un show honnête. Le batteur réussit à être brutal et subtil quand les guitaristes, planqués derrière leurs Ibanez à sept cordes, semblent sortir du conservatoire, diplôme en mains. Le chant est exemplaire et le growl est très convaincant. Certainement plus appréciable avec 10°C de moins, le set suscite l’interrogation, et nous étudierons de près la discographie probablement étonnante de Candiria.

C’est l’heure que nous choisissons pour tester la « piscine » du coin presse ; en réalité, une jolie fontaine avec des crânes-papillons qui, en l’espace de trois jours, ressemble plus à un marigot qu’à un bassin accueillant. Néanmoins, sa fraîcheur est bienvenue avec ce soleil qui cogne toujours plus fort et la pénurie de glaces annoncée au bar. Après cette pause bien méritée, nous retournons dans la Valley pour observer le concert des vétérans du festival, Blue Öyster Cult, dont le public est clairement venu pour eux et pas d’autres. La moyenne d’âge a considérablement augmenté, et l’ambiance est calme et bon enfant, mais fervente dans les minutes qui précèdent le show. De tous les groupes « dinosaures » rescapés des seventies qui se seront produits au festival cette année, ils seront, avec Hawkwind plus tard le même soir, les plus convaincants, et de loin. Si peu de membres d’origine sont encore là, tous les musiciens sur scène sont des virtuoses accomplis que des années de tournées incessantes ont aguerri. La setlist est assez variée et puise dans un spectre large du répertoire du groupe, mais plus on avance et plus les classiques font surface : « Godzilla », bien sûr, joué d’ailleurs exactement un an avant au même endroit par Fu Manchu, mais aussi « Don’t Fear (The Reaper) » que tout le public connaît absolument par cœur ; et, enfin, « Cities on Flame With Rock’n’Roll ». Tout au long de ce très agréable concert, les musiciens trouvent le juste équilibre entre fidélité aux versions studio et une marge mesurée d’improvisation qui se traduit souvent par des solos impressionnants de facilité et d’aisance, sans verser pour autant dans la démonstration pompeuse. Un concert d’une rare élégance de la part de ces messieurs plus vraiment tous jeunes.

Si vous cherchiez quelque chose de plus festif et de plus dynamique, c’est vers la Mainstage qu’il fallait aller, où le crépuscule enflammait un public déjà bien remonté pour accueillir un des événements de cette édition : Prophets of Rage. Le supergroupe, constitué de tous les musiciens de Rage Against The Machine moins Zack de la Rocha et de membres de Cypress Hill et Public Enemy, avait un lourd poids sur les épaules tant les attentes étaient hautes – et les rumeurs, pas franchement encourageantes. Le début de concert laisse d’ailleurs augurer le pire, le groupe se débarrassant vite fait de son single éponyme et enchaînant d’emblée sur deux incontournables du répertoire de RATM, « Testify » et « Take the Power Back ». À ce stade du concert, le groupe accuse un faux rythme assez pesant, manque de pugnacité dans le chant et dans l’attaque des riffs, semblant se reposer uniquement sur la capacité du public à profiter en mode automatique d’un concert programmé. Fort heureusement, la machine bien réglée déraille rapidement et la folie s’empare du public lorsque la Rage se fait enfin sentir sur scène. Et pourtant, le point de départ ne réside pas dans un morceau de RATM, mais bel et bien dans le passage hip-hop du concert, entamé après deux restitutions plutôt honnêtes de « Guerilla Radio » et de « Bombtrack ». Après le « Fight the Power » de Public Enemy, un medley de Cypress Hill comprenant des extraits de « Insane in the Brain », « Bring the Noise » et « Jump Around » fait littéralement asseoir puis sauter des dizaines de milliers de personnes en ébullition. Le medley enchaîne sans temps morts sur le riff d’intro de « Sleep Now in the Fire » et le concert atteint alors des zones stratosphériques de puissance et d’euphorie. Le public est en furie, même à des dizaines de mètres de la scène : tout le monde scande vigoureusement les paroles des morceaux et saute un peu partout et, après une pause hommage au récemment décédé Chris Cornell avec la reprise du « Like a Stone » d’Audioslave (groupe dans lequel jouaient également Tom Morello, Brad Wilk et Tim Commerford), Prophets of Rage enchaîne un sans faute qui rappelle à quel point la discographie de RATM et de Cypress Hill est hallucinante : « Know Your Enemy » est l’occasion de tester un crowd-surfing exubérant qui nous fait parcourir environ soixante mètres et atterrir en plein solo au milieu du circle pit, « Bullet in the Head » abîme dangereusement nos cordes vocales et son riff final est toujours aussi monstrueux, tandis qu’ « How I Could Just Kill a Man » est un choix futé, puisque ce morceau de Cypress Hill avait été repris par RATM sur « Renegades », ce qui fait que quasiment tout le monde connaît bien les paroles également. Enfin, alors que l’on n’y croyait plus, l’intro du génial « Bulls on Parade » retentit, et tout n’est plus que bruit et fureur pendant quelques minutes d’extase inouïes. Et, comme si nous avions encore l’énergie nécessaire à un tel baroud d’honneur, ce concert dantesque s’achève sur le très attendu et inévitable « Killing In the Name », qui emporte avec lui ce qui nous reste de voix et d’articulations.

Il est enfin temps de revoir ceux dont les prestations ont toujours affolé le Hellfest. Celui-ci ne dérogera pas à la règle. « Psychic Warfare » s’est ajouté à la liste des albums tous indispensables de Clutch, et la démonstration de la puissance du quatuor sur scène est à nouveau hallucinante. Seul Neil Fallon s’agite quand guitariste, batteur et bassiste jouent sur l’économie de moyens ; mais l’osmose reste bel et bien présente. À nouveau, la ferveur gagne les rangs avant même le début de la performance, le groupe élargissant sans cesse son cercle d’admirateurs. Le frontman est à la fois punk, soulman, bluesman et rocker et ensorcelle littéralement l’audience, ravie de célébrer dans la joie, voire l’euphorie, la musique du diable née aux confins du Mississippi. Les hits sont présents et subjuguent également les festivaliers sortis indemnes du concert de Prophets Of Rage. Les bras se lèvent, la liesse gagne les mecs et les filles et tout le monde sort gagnant de ce show qui a réussi à nous transporter plus loin que ce que nous espérions.

La fin de soirée est l’occasion d’assister à quelques moitiés de concerts, tant la fatigue se fait ressentir et la programmation maintient son niveau de richesse et d’exigence. Nous restons devant presque l’intégralité de l’excellente prestation de Emperor, piliers du black metal norvégien qui célèbre sur scène les vingt ans de leur deuxième album culte, « Anthems to the Welkin at Dusk », joué dans son intégralité et suivi de quelques morceaux d’autres albums en rappel. Cela a beau être du « true » black metal norvégien, point de costume farfelu ou de maquillage sinistre ici, le groupe joue l’efficacité et la sobriété, croyant à juste titre dans la puissance de frappe vicieuse de leur musique, précurseure des groupes contemporains de black metal qui n’hésitent pas à mélanger le genre avec d’autres éléments. Groupe relativement rare sur scène, c’était une belle chance de pouvoir assister à ce concert anniversaire très réussi et porté par un son remarquablement précis pour le genre.

Suivirent la première moitié du concert de Coroner, groupe phare du thrash metal suisse récemment reformé et en tournée avant d’enregistrer un nouvel album plus ou moins attendu comme le Messie. Leur concert est d’une précision chirurgicale glaciale, nous emportant dans les méandres d’un thrash très technique et parfois qualifié de progressif pour la complexité des structures de ses morceaux, souvent enjolivés de passages électroniques, gérés par un des musiciens derrière son ordinateur. Dans la Valley, nous attrapons la deuxième moitié du set de Hawkwind, les pères fondateurs du space rock à qui l’on peut aussi attribuer la paternité d’une partie de la scène stoner et desert rock, celle qui a vu naître Monster Magnet, par exemple. Malheureusement, nous ne voyons aucun morceau qui figure sur le classique double album livre de 1973, « Space Ritual », mais quelques vieux morceaux tels « Steppenwolf » sont joués, et de plus récents aussi, comme « Into the Woods », montrant que ce groupe est aussi capable de titres plus calmes mais tout aussi psychédéliques, très bluesy, baignés de claviers capiteux et nimbés de vidéos kaléidoscopiques et hypnotiques. Là encore, le public est très âgé ; mais, au contraire de Blue Öyster Cult – musique psychédélique oblige -, l’ambiance rappelle plus mai 68 et Woodstock que le rock de papa le plus tranquille. Hawkwind joue peu de morceaux, mais il les fait durer dans des jams spirales qui nous enivrent et nous séduisent rapidement, malgré leur charme un peu désuet.

Pour le dernier créneau horaire du festival, nous réussissons un peu malgré nous le petit exploit de voir les trois groupes programmés. En effet, nous nous dirigeons initialement vers la Warzone pour voir le concert d’adieu de The Dillinger Escape Plan, dont l’ultime tournée a été marquée par la tragédie d’un accident de bus. Mais leur mathcore extrêmement agressif n’est décidément pas pour nous, et nous faisons demi-tour après quelques minutes de vacarme strident et de changements de rythme intempestifs pour voir la fin du concert de Slayer sur la Mainstage, bien plus en forme que l’année passée où Araya et sa bande jouaient en plein soleil. Coup de chance, nous voyons quelques-uns des meilleurs extraits du répertoire des géants du thrash américain, « Angel of Death », « Raining Blood » et « South of Heaven » qui prouvent, si besoin était encore que les musiciens sont tout aussi capables qu’avant de restituer la vitesse et la hargne qui caractérisent leurs morceaux.

Enfin, nous voyons la toute fin du concert étonnant de Perturbator, qui réussit à faire de la Temple un ersatz étrange de dancefloor le temps d’un crochet à 180° vers les terres électroniques et synthétiques de sa techno malsaine, assortie d’un light show époustouflant. La vision de ces quelques centaines de festivaliers, ravis mais épuisés après trois jours de concerts, parvenant à danser sur de la techno au sein d’un des festivals de metal les plus importants du monde, est quelque chose d’assez fantastique.


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Olivier Roussel

Olivier Roussel

Accro à toutes les musiques. Son credo : s’autoriser toutes les contradictions en la matière.