[EP] Grands Boulevards – Blue Paradise

Concentré d’énergie à la fois éblouissante et mélancolique, le nouvel EP de Grands Boulevards surpasse par bien des aspects tous les artistes dont il est supposé s’inspirer, en écrivant une page chargée d’émotions et de bouleversantes vérités musicales qui nous possèdent et nous obsèdent. Référentiel et incomparable.

Novembre 2015 : surgi de nulle part, le premier EP des Parisiens de Grands Boulevards, « Hit The Ground », prenait tout le monde par surprise. Un condensé de mélodies urgentes, où l’électronique et le rock s’amusaient à se séduire avant de passer à la vitesse supérieure et de s’unir dans les élans dynamiques aussi compulsifs qu’à travers des pistes comme « Wait » et « Keep Going ». Dès lors, on savait que l’on tenait là un projet à part et que rien ne semblait devoir imiter, ou avec lequel il serait difficile de rivaliser. Bien sûr, Grands Boulevards fait penser à certains créateurs que nous ne citerons pas ici, de peur de dévaloriser le travail d’orfèvre qu’est « Blue Paradise », nouvel opus vibrant et frissonnant qui ne cesse de nous hanter, jour après jour. Car l’identité propre au quatuor n’a jamais été aussi palpable et tangible que dans ces six chansons d’une incroyable variété, faisant de nous des cibles immédiatement touchées droit au cœur.

Ces larmes harmoniques qui coulent le long de nos joues et nous étreignent sans nous laisser respirer se ressentent dès le fulgurant et puissant titre éponyme, ouverture d’une beauté à couper le souffle qui nous paralyse dès ses premiers accords, ornant le chant de boucles synthétiques et de guitares hypnotiques errant entre le contemplatif, la noirceur et le merveilleux. Trois professions de foi qui parcourent l’intégralité de l’EP, mais jamais de la même manière ; qu’ils soient pop sur « Bird On A Wire » ou bercés de folk et d’électro sur le fascinant « Brings Me Back », ces termes qualifient avant tout une démarche que nos quatre compositeurs remettent en question à six reprises différentes, donnant ainsi naissance à des êtres hybrides constitués de claviers envoûtants et chaleureux (le superbe piano du bien nommé « Hypnotic River », élément central viscéral et profond de l’EP), de voix artificielles n’ayant jamais sonné de manière si réaliste et poignante (le tendre et marquant « Children of Light ») ou d’un diptyque final (« Dream ») laissant exploser une batterie et une guitare acoustique cédant leur place à l’éruption sonore la plus lumineuse que l’on ait entendu depuis des années.

Autant l’admettre tout de suite, et sans aucun doute possible : « Blue Paradise » est l’un des disques les plus importants de 2017. L’union d’un chant possédé et d’instrumentations aussi abyssales que nuageuses, de chœurs et de percussions allant chercher dans nos esprits les pensées les plus enfouies et secrètes, car douloureuses et que l’on ne préfère ni confier, ni conter. La jonction entre l’humain, l’intime et l’artifice n’aura jamais sonné de façon aussi juste et précise, créant une bulle sonore dans laquelle chacun de nous peut trouver refuge pour rire ou pleurer, murmurer ou hurler ; mais, avant tout, pour se sentir exister. Une œuvre sur laquelle le temps, les dépressions et les éléments n’auront aucune emprise, tant sa pureté est faite pour durer éternellement ; du moins, aussi longtemps que nous la chérirons comme elle le mérite. Inespéré et céleste.

« Blue Paradise » de Grands Boulevards » est disponible depuis le 5 mai 2017.


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Raphaël Duprez

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