[LP] Bryan’s Magic Tears – Bryan’s Magic Tears

Le nom du quintet parisien Bryan’s Magic Tears ne résonne pas encore aux oreilles de tous comme familier, mais voici un premier mini-album éponyme qui mériterait de changer la donne. Inspirés par les grandes références de la noise pop du siècle dernier, ils œuvrent à une synthèse de ces sons anxieux avec une légèreté mélodique dont l’aboutissement ne démérite pas.

Autant l’annoncer d’emblée : si Bryan’s Magic Tears est présenté comme parisien, c’est plus par volonté purement factuelle de la part du groupe qu’un indice donné au lecteur lui permettant d’imaginer à quoi s’attendre. Et pour cause : si ce premier mini-album éponyme s’inscrit dans une lignée évidente, ce serait plutôt dans celle des scènes noise pop et lo-fi américaines et anglaises. Outre les références inévitables que constituent donc les décennies 1980 et 1990, avec Pavement et The Jesus and Mary Chain, il y a quelque chose des premiers temps des anglais de Yuck, auxquels on aurait ajouté un surplus de nervosité dans le jeu.

Le groupe, dont l’origine du nom serait à rechercher du côté d’un dealer d’acide de la capitale, déroule pendant ces trente minutes un son délicieusement saturé, distordu plus que de raison et chargé de multiples couches de fuzz. Le chant, au lieu de s’élever au-dessus de la mêlée instrumentale, se voit aussi contaminé par ces distorsions et consacre ces sonorités encrassées de bout en bout, sans qu’il y ait de concessions apparentes à déclarer. Prenant ses distances avec toute forme de clarté et la pop bien lissée, ce son brut a quelque chose à la fois d’une passion et d’une honnêteté encore un peu adolescente, qui participe aussi à son charme particulier.

Par-delà toute cette accumulation sonore presque illisible, ce premier album reste travaillé par des mélodies légères très pop, teintées d’une tendance psyché qui ressort dans tout son éclat à l’écoute de « Small Dick Fucks Cheerios ». L’intérêt de Bryan’s Magic Tears est dans cette rencontre entre désordre et mesure mélodique, qui apporte à ce premier mini-album variations rythmiques et reliefs bienvenus. Entre des sections incisives, du côté de « Come » ou de « The Hand of a Witch », et d’autres qui construisent une tension plus retenue, notamment avec l’excellent « Lightning Beast », le quintet parvient à raviver l’attention de son auditeur tout au long de l’écoute de ce « Bryan’s Magic Tears » sans trop de difficultés.

En ayant brassé et intériorisé toutes ces influences, Bryan’s Magic Tears a réussi à mettre sur pied un album qui fait la jonction entre les deux siècles, inspiré de l’un, mais résolument ancré dans l’autre. La rencontre entre la noise pop et une légèreté plus innocente aboutit ici à un disque entêtant qui a tout d’une première jolie réussite, dont on attend pour sûr une suite dans le futur.

« Bryan’s Magic Tears » de Bryan’s Magic Tears est disponible depuis le 6 décembre 2016 chez XVIII Records.


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Cassandre Gouillaud

Étudiante, passion musique. Si jamais un soir vous me cherchez, je suis probablement du côté des salles de concert parisiennes.