[Focus] Hellfest 2017 : retour dans les allées de l’Enfer

Le rituel Hellfest est désormais bien calé. Un sold-out assuré en septembre, l’annonce impromptue en décembre d’une programmation toujours saluée, puis la patience de dizaine de milliers de festivaliers mise à rude épreuve jusqu’en juin… Cette douzième édition ne déroge pas à la règle.

Article écrit par Olivier Roussel et Maxime Antoine

Que dire de cette affiche 2017, si ce n’est qu’elle prouve à nouveau que le metal ne peut se résumer à une caricature « vestes à patchs – bière – double grosse caisse » ? La multitude de styles représentés donne déjà le tournis.

Découvrir Chelsea Wolfe sur scène surprendra probablement ceux qui souhaiteront en découdre dans le pit, tant le doom porté par une voix éthérée pourrait littéralement envoûter l’audience. On se prend même à imaginer que le très folk et très troublant « Hypnos », sorti à l’été 2016, intègre la setlist. Un peu de douceur parmi le chaos ne ferait pas de mal.

Deafheaven a aussi l’art de brouiller les pistes sans pour autant perdre sa fanbase en route. Black metal ? Screamo ? Noise pop ?! On ignorera les étiquettes et on appréciera la prestation forcément fulgurante qui sera livrée.

Violence à tout crin pour les slashers thrashers de Exhumed dont le gore metal horrifiera, pour leur plus grand plaisir, les festivaliers les plus dingues. À la rescousse, les gangsters masqués de Ghoul débarqueront à toute blinde depuis leur contrée de Creepsylvania. Quinze ans après le début de leurs méfaits, leur dernier LP, « Dungeon Bastards », prouve que la puissance vénéneuse et la folie destructrice du groupe n’a pas faibli d’un iota.

Mais c’est surtout côté Valley que le gros de la fête se passera, avec une sélection ahurissante de doom metal et de stoner : Skepticism et son funeral doom classieux et implacable, un groupe rare en live et une occasion à ne manquer sous aucun prétexte, les inénarrables Electric Wizard qui viendront nous raconter quelques histoires de sorcellerie, de meurtres et de fumées qui font planer à grands coups de riffs crasseux et menaçants, tandis que les Aquitains de Mars Red Sky mettront un peu de mélancolie dans leur stoner psychédélique. De la fumée toujours du côté de Bongzilla ou des incroyables Monkey3, et puis un lot de groupes de premier rang et parfaitement incontournables : Red Fang, Helmet, Monster Magnet, Baroness ou Slo Burn. La simple lecture de ces noms les uns à côté des autres devrait suffire à mettre l’eau à la bouche à tout amateur de sludge et de stoner.

Place aux machines avec la synth wave rétro-futuriste de Perturbator. De quoi attirer l’attention des curieux … et provoquer des remous brutaux. La performance sera-t-elle 100% électronique ou appuyée par une armada métallique de six-cordes et de fûts ? Qu’importe, l’ambiance techno-apocalyptique qui envahira la scène collera certainement au décor.

Rancid, Tagada Jones, The Damned, Agnostic FrontPunk’s not dead et l’on se dit que la Warzone porte décidément bien son nom !

Parmi les têtes d’affiche, Opeth tient son rang de force majeure du death progressif et devrait alterner les extraits plus calmes et envoûtants de ses derniers opus à la violence jubilatoire et techniquement irréprochable de leurs classiques. Ce sera aussi le grand retour de Nostromo après des années de silence et une tournée avec Gojira qui les a introduits à un nouveau public plus jeune, mais pas fermé à ce mélange de grindcore et de death metal.

Côté nouvelles scènes black metal, les Français d’Alcest défendront le sublime « Kodama » et les plus confidentiels Regarde les hommes tomber distilleront leur post black teinté de sludge avec vigueur. Ultra Vomit sera l’occasion de rire un peu entre deux pintes de bières devant leurs parodies désopilantes, mais musicalement impeccablement exécutées. Il y aura les géants suisses du thrash metal, Coroner, véritables légendes qui tournent de nouveau depuis quelques années, en attendant un éventuel nouvel album.

De vieux briscards viendront faire la leçon du haut de plusieurs décennies vouées au rock et ses excès et certainement coller une claque : Blue Oyster Cult, Pentagram, Hawkwind. Ces derniers en profiteront-ils d’ailleurs pour se recueillir devant la statue de Lemmy ? Passage obligé devant les géniaux Primus qui, menés par le bassiste dingue Les Claypool, trace leur route tout en restant absolument insaisissables et fascinants dans leurs délires.

Il y aura de quoi faire pour ceux qui veulent suer du thrash par tous les pores. Parmi tant d’autres, Obituary, Kreator, Verbal Razors ou encore Insanity Alert qui tiennent vaillant le feu d’un thrash crossover louant la fumette et le skate. Le week-end s’annonce sportif pour les irréductibles du pit.

Chacune de leurs prestations au Hellfest est restée mémorable et, cette fois encore, Clutch et son rock sudiste magnétique d’une puissance et d’une classe folles, marquera les esprits. On ne manquera pas non plus la prestation forcément graveleuse de Steel Panther à la gloire du hair metal des 80’s et de la débauche.

Il est difficile de résumer l’effervescence des genres et sous-genres qu’il nous sera donné d’entendre pendant cette édition qui s’annonce incroyable. Mais il est plus difficile encore de rester patient dans l’attente de fouler les allées de l’Enfer…


La 12e édition du Hellfest, c’est du 16 au 18 juin 2017 à Clisson.

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Olivier Roussel

Olivier Roussel

Accro à toutes les musiques. Son credo : s’autoriser toutes les contradictions en la matière.