[EP] Alma Alta – Alma Alta

Sans jamais chercher à ressembler à aucune influence, l’EP éponyme de Alma Alta fait non seulement preuve d’une maturité sans faille, mais contient également une originalité débordante et intelligente, charriant son lot de sonorités électroniques et organiques dans un mélange délicieusement glacé et enivrant. Une petite pépite inattendue, mais qui promet de belles choses pour le duo dans les mois à venir.

On peut toujours, à juste titre, s’inquiéter lorsque, au fil des descriptifs de certains groupes ou projets sur Internet, la mention « cold wave » apparaît. En effet, beaucoup s’y sont essayés et se sont malheureusement brûlés les ailes, cherchant simplement à reproduire l’art délicat des ténèbres et de la pesanteur de leurs glorieux aînés. Et pourtant, dans le cas de Alma Alta, c’est le contraire qui vient à l’esprit : en effet, les quatre titres qui composent leur nouvel EP se montre littéralement inclassable, car charriant une quantité d’idées de composition assez incroyables et percutantes, faisant de l’écoute une expérience active et immédiatement immersive. Bercés par le rock et la musique synthétique de la fin du siècle dernier, Adrian Edeline et Aloïs Vandecandelaere s’approprient les formes pour les modeler à leur manière, donnant naissance à des chansons ne ressemblant à rien de connu mais devenant radicalement inspirantes et profondes. Et prouvent que l’on tient là un disque unique, sur bien des points.

« Someone Else » commence ainsi sur une base de claviers et rythmiques artificiels et pesants, bientôt relayés par une voix grave qui, sans prévenir, laisse apparaître un chant affirmé et mélodiquement irréprochable en même temps que des nappes synthétiques lumineuses et à l’opposé de ce que laissait paraître l’introduction. Et c’est bien cet art du paradoxe, d’ailleurs décomposé en deux parties distinctes sur l’EP, que maîtrise Alma Alta tout au long de l’opus ; comment, en effet, rester insensible au rock enlevé de « Hold Me » qui, lui, s’achève sur un solo de guitare presque mélancolique et vibrant, au sein d’une énergie sonore impitoyable et captivante ? « On The Way » se penche, avec un regard nouveau, sur une forme de funk dématérialisée et minimaliste, allant droit au but dans un esprit de liberté totale et ravageuse. Enfin, « Come To The Dark » et ses six minutes alternent six cordes incisives et harmonies de synthés dans un torrent de passion et d’amour pour la noirceur et le froid, laissant cependant apercevoir une lumière salvatrice dans l’épreuve et dans les bruitages spatiaux qui achèvent le titre.

Inutile de chercher à cataloguer Alma Alta ; il s’agirait là d’un principe bien trop réducteur, au vu de la perfection musicale à laquelle nous sommes conviés. Rarement le noir aura été aussi brillant, à la fois complexe et direct, pour un plaisir et une sensualité dans l’obscurité qui bouleversent les sens et les émotions. Sans jamais céder à la facilité, mais avec une dévotion complète à des créations dont l’essence n’appartient qu’à eux, le duo ouvre les portes de son repère accueillant et tamisé à quiconque souhaite vivre une aventure unique et inoubliable. On attend maintenant la suite d’une histoire dont les premiers chapitres donnent envie d’en savoir davantage, et le plus rapidement possible !

crédit : Corentin Bureau

« Alma Alta » de Alma Alta est disponible depuis le 20 janvier 2017 chez Quanta Records.


Retrouvez Alma Alta sur :
FacebookSoundcloud

Photo of author

Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.