[Live] Wild Beasts et Douglas Dare au Grand Mix

Soirée anglaise au programme de ce 14 octobre 2016 au Grand Mix. Si l’on vient pour les excellents Wild Beasts, déjà passés au même endroit deux albums plus tôt, on est aussi très curieux de découvrir Douglas Dare, jeune londonien qui devrait offrir une vraie première partie cohérente pleine de claviers et d’accents british. 

Wild Beasts, le Grand Mix, Tourcoing, 14 octobre 2016

La soirée commence sous les meilleurs auspices avec l’entrée en scène de Douglas Dare. Le jeune Anglais entre en scène, accompagné de deux musiciens, et s’arrête rapidement après le premier morceau pour nous dire qu’il va nous jouer une nouvelle chanson, et se ressaisit dans un accès de lucidité en ajoutant « Mais je pense qu’elles seront toutes nouvelles pour vous ce soir ». Puis il nous précise un peu plus tard que c’est aujourd’hui que sort son nouvel album, « Aforger ».

Avec son délicieux accent anglais et sa gestuelle un rien maniérée de dandy british pendant les morceaux (Douglas Dare aime fermer les yeux et étendre ses bras comme un oiseau déploierait ses ailes), il n’est pas jamais bien loin de nous faire penser à Patrick Wolf, l’exagération en moins et la subtilité en plus.

Au final, le set de Douglas Dare se révèle tout en tension et plutôt sombre, comme les tenues des membres du groupe et la tonalité générale de l’album. On reste fasciné, mais un peu mal à l’aise, ce qui est au final plutôt bon signe : la foule s’est laissée happer par l’ambiance du live de Douglas Dare, ce qui change des premières parties où la moitié de la salle se raconte sa journée accoudée au bar du Grand Mix.

Changement d’ambiance, changement de dandys anglais pour l’entrée en scène de Wild Beasts. Ici, on est clairement dans un revival 80’s ; veste en jean sans manches pour Hayden Thorpe, veste en cuir, casquette et grosses baskets blanches immaculées pour Tom Fleming. Encore plus que sur l’album, « Big Cat » sonne d’emblée comme l’expression d’une crise de la quarantaine un peu macho pour le groupe, mais musicalement et visuellement, ça fonctionne plutôt très bien.

Sur scène, Thorpe joue un peu les gros bras et adopte une attitude qui transpire la testostérone. Tout cela s’accorde bien avec le « Boy King », ce géant présent sur la pochette de l’album qui occupe ici toute la hauteur du fond de scène, tandis que Wild Beasts a manifestement appris à mieux occuper l’espace sur scène. On se souvient de Thorpe et Fleming jouant clavier contre clavier, serrés en face à face au centre de la scène sur les tournées précédentes. Désormais le groupe est déployé en losange aux quatre points cardinaux de la scène. On regrettera simplement que Chris Talbot et sa batterie soient laissés dans la pénombre à l’arrière.

Après avoir attaqué sur « Big Cat », le groupe enchaîne avec le vieux « We Still Got The Taste Dancin’ On Our Tongues » puis va de manière méticuleuse alterner morceaux de « Boy King » et des précédents albums. « Bed of Nails » va permettre à Tom Fleming, jusque-là plutôt calme derrière son clavier, de commencer à s’agiter de sa manière si caractéristique (en tapant du pied et en lançant ses bras en l’air comme un pantin désarticulé). « 2BU » lui donne ensuite l’occasion de donner la pleine mesure de sa superbe voix de baryton.

On en profite alors pour se retourner et constater que le public est essentiellement constitué de « mâles » entre 35 et 50 ans. On avait plutôt le souvenir d’un public de groupies en transe sur les précédentes tournées. À croire que le virage pris par le groupe sur « Boy King » a eu une grande influence jusque sur la nature même de l’audience du groupe. Comme une exception à ce constat, on remarque un groupe plutôt familial massé dans un angle du bord de scène. Tom Fleming semble les remarquer aussi et s’amuse alors à adresser des regards évocateurs aux mères du groupe.

Et si on reprochera aux Wild Beasts un vrai manque de communication verbale avec le public, on ne pourra leur opposer un manque d’attention, comme lorsque Chris Talbot offrira ses baguettes à un petit garçon ayant passé tout le concert collé devant la scène, ou lorsque Hayden Thorpe descendra dans le public donner quelques accolades viriles aux hommes de la foule.

Musicalement, on retiendra encore l’enchaînement du titre « Alpha Female » finissant le set avant que Wild Beasts ne revienne entonner « Get My Bang » comme premier titre des rappels, ces deux morceaux ayant une telle densité live qu’ils valent à eux seuls les nouvelles orientations musicales du groupe.


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David Tabary

photographe de concert basé à Lille, rédacteur et blogueur à mes heures