[LP] Wild Beasts – Boy King

Là où certains groupes ont besoin d’une pause de cinq ans entre deux albums, Wild Beasts sort son déjà cinquième disque en huit ans. On pourrait craindre une usure prématurée de la recette qui a fait le succès de ces Anglais-là, mais il n’en est rien tant « Boy King » se démarque de ses prédécesseurs et s’affirme dès la première écoute comme un disque qui comptera dans la carrière du groupe.

Wild Beasts - Boy King

À l’ouverture de « Big Cat », le titre introductif de ce « Boy King », on est tout de suite en terrain connu : un beat assez basique, un son de clavier qui sonne comme un chœur féminin, et la voix de fausset de Hayden Thorpe qui nous délivre des sous-entendus sexuels. Ronronnant les bêtes sauvages ? Pas du tout. Des petits indices viennent peu à peu émailler ce « Big Cat » comme pour nous révéler ce que va être ce « Boy King » : une voix qui semble parfois se robotiser légèrement, tout comme des chœurs lointains, et surtout une poignée d’accords d’une guitare étranglée qui semble lutter à la fin du morceau pour exister et prendre le dessus sur les synthés. Big Cat « won’t be a house cat, are you ok with that? » nous demande Thorpe. Et comment !

Et « Tough Guy », le morceau suivant, met tout de suite les choses au clair : des rythmes pleins de groove assez basique sur lesquels viennent s’ébattre claviers et surtout guitares musclées matinées d’effets tout droit sortis des années 80. La recette vous paraît simple, voire simpliste ? Essayez de résister au « Alpha Female » qui suit juste pour voir !

Ce qui marque progressivement l’écoute de l’album, c’est le côté très froid et métallique des sons et arrangements qui rentrent en confrontation directe avec la chaleur et la musicalité pop des voix d’Hayden Thorpe et de Tom Fleming. Un peu comme si deux divas de la pop venaient s’ébrouer sur une composition de Trent Reznor. Jamais les aigus de l’un ne se seront aussi bien mariés avec les graves de l’autre : falsetto versus baryton for the win !

Avouons-le, nous avons quand même l’impression que c’est Tom Fleming qui fait toute la différence au chant sur cet album. Il faut écouter le travail qu’il fournit en backing vocals, que sa voix soit hyper présente (« Tough Guy », « Get My Bang ») ou plus en retrait, tout en subtilité à peine perceptible comme sur le superbe « Celestial Creatures ». Alors bien sûr, lorsque Thorpe laisse la place de chanteur à Fleming, cela fait mouche à chaque fois. « 2BU » est à n’en pas douter un des titres les plus réussis de l’album, doté d’une charge émotionnelle énorme, portée par la voix et des claviers empruntés à Depeche Mode, le tout posé sur un beat très R’n’B. Quant à « Ponytail », c’est à n’en pas douter le titre pop de l’album.

Le cinquième album de Wild Beasts se termine sur le titre « Dreamliner » qui vous filera à n’en pas douter la chair de poule. Quelques notes de piano et Hayden Thorpe quasi a capella, soudain soutenu par un clavier subtil et bien senti, et une nouvelle fois Fleming qui débarque aux deux tiers du morceau faire la différence pour nous conquérir définitivement et nous donner l’impression d’avoir entendu un des grands morceaux, mais aussi un des grands disques de cette année 2016, à réécouter en boucle.

crédit : Tom Andrew
crédit : Tom Andrew

« Boy King » de Wild Beasts est disponible depuis le 5 août 2016 chez Domino Recording.


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David Tabary

photographe de concert basé à Lille, rédacteur et blogueur à mes heures