[EP] Losange – EP

Réunion de Quentin du Collectif_sin~ et Colin de DR(DR)ONE, le label underground Johnkôôl Records, en pleine émergence sur Paris via ses nombreuses mixtapes à l’identité toujours plus hétéroclite, inaugure son catalogue avec le premier EP éponyme de Losange. Au programme, musique de chambre 2.0 et pop expérimentale voguant avec nostalgie sur les méandres de l’Internet Wave. 

Losange - EP

Le producteur d’Aix-en-Provence (également photographe), Benoit Baudrin de son vrai nom, n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’on aperçoit sur sa page Bandcamp trois albums faits maison, respectivement parus en 2010, 2014 et 2015, en autoproduction. Héritier de la french touch (l’influence du groupe Air se fait clairement ressentir), de la chiptune et de la musique de chambre, Losange fusionne ces références au sein d’un carcan pop entièrement instrumental, aux contours mélodiques et délicats.

Et si nous mentionnons l’Internet Wave, c’est pour le système do it yourself du projet, sa volonté de creuser le sillon de l’expérimentation, l’esthétique rétro kitsch, tout en recyclant les fragments vintages et dépareillés des années 90. En résulte un premier EP aux volutes cotonneuses et abstraites, déclarant sa flamme aux machines d’un futur d’ores et déjà révolu.

Dès l’ouverture baptisée « Chœur des Morts », Losange nous propose une réinterprétation de la volupté pianistique de Satie, en déployant une série d’infimes variations synthétiques enveloppant l’esprit, au fil d’une inébranlable montée vers les cieux délavés des années 90. « Necropolis » s’engouffre dans la veine pop, tout en multipliant les sonorités 8-bits distillées en filigrane de la mélodie rétro-futuriste. La cadence s’accélère et se confirme dans le titre suivant, « Urbicandre », qui s’enfonce avec force et humilité dans l’expérimentation pop, à la fois joyeuse et psychédélique.

« Il pleut » retourne dans le minimalisme de la musique de chambre, avec ces vastes échos synthétiques, nous emportant dans une atmosphère vaporeuse des plus subtiles. « Protos » achève l’écoute avec une douce mélodie chiptune aux strates finement ciselées, alliant une poignée de beats pop mid-tempo et quelques notes rappelant de vieilles cartouches de la NES en fin de morceau. La tracklist s’offre même les services de remixes et reworks divers, par Alexis Le Tann, Salopecia, Jim Jim et le surréaliste Flavien Berger. Décidément, une belle surprise peut en cacher une autre.

Ce projet synthétique, qui s’étire par moment vers des régions épiques, réussit à séduire via sa mélancolie judicieusement dosée. En découle une force émotionnelle qui l’empêche de tomber dans les affres d’une musique qui s’enfonce dans l’expérimentation, pour le pur plaisir de faire de l’art pour de l’art. Les modalités de la pop rendent très accessible cette petite bulle légère et nostalgique, que nous offre Losange, artisan émérite de synthés analogiques capables de secouer l’âme des passionnés.

Losange


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Etienne Poiarez

Étudiant en master d’information-communication à Paris 3 Sorbonne-Nouvelle. Éternel adepte de Massive Attack et passionné de cinéma, d'arts plastiques et de sorties culturelles.