[Live] Calexico et Gaby Moreno à l’Aéronef

La veille s’était déroulée, à l’Aéronef, une soirée groove-funk pleine de saxophones et de trombones. C’est un autre genre d’ambiance cuivrée qui nous fait revenir, ce dimanche 24 avril, au même endroit : celle américano-mexicaine si particulière et reconnaissable de Calexico.

Calexico, l'Aéronef, Lille, 24 avril 2016
Calexico – crédit : David Tabary

Premier constat : Calexico semble faire moins recette que par le passé. Si, la veille, la grande salle était quasiment pleine, aujourd’hui, la mezzanine est fermée et la salle a été réduite d’au moins un tiers en profondeur, si ce n’est de moitié. Calexico est-il devenu un groupe pour vieux cons mélomanes ? Pas vraiment. Dans la salle, la moyenne d’âge est certes assez élevée, mais on y trouve aussi des familles avec de jeunes enfants. Familiale, c’est définitivement l’adjectif qui siéra le mieux à l’atmosphère de cette soirée dominicale.

La première partie est assurée par Gaby Moreno, jeune artiste guatémaltèque peu connue chez nous, mais qui a déjà quatre albums studio à son actif et a collaboré au dernier disque de… Calexico. Dès le premier morceau, Gaby Moreno nous fascine, seule en scène avec sa guitare acoustique, sa voix cristalline et son sourire enjôleur.

Dès le deuxième morceau, le nouveau bassiste de Calexico la rejoint sur scène. Puis, c’est Joey Burns himself qui l’accompagne sur le titre suivant ; John Convertino retrouve à son tour la bande sur celui d’après, avant que ce ne soit toute la formation live de Calexico qui débarque. Une partie du public est perdue, on entend murmurer : « C’est toujours la première partie là ou bien c’est Calexico ? » Il faut bien avouer qu’il aurait été difficile d’imaginer première partie si cohérente avec la suivante.

Moment de poésie : Gaby Moreno reprend « Le Temps de l’Amour » de Françoise Hardy et en livre une très jolie version. Elle s’excusera de sa prononciation, pourtant quasi parfaite, car elle avait appris cette chanson phonétiquement il y a longtemps.

Six petits morceaux et puis sort de scène. On a le sourire et on attend désormais le plat de résistance. Le changement de plateau est très rapide et c’est dans l’indifférence quasi générale que Calexico entre en scène, personne ne s’attendant à les voir revenir si vite.

Alors que le groupe initie le concert avec « Frontera / Trigger », on est frappé par la perfection absolue du son de Calexico. Pas besoin de bouchons dans les oreilles, ce soir. Chaque instrument, du clavier à la guitare en passant par la trompette ou la contrebasse, se distingue à la perfection. Rien n’est joué trop fort. Et le tout est caressé par la voix chaude et si reconnaissable de Joey Burns.

Le premier moment de véritable émotion vient avec « Black Heart » et ses cordes qui donnent la chair de poule tout en annonçant l’orage (ça tombe bien : à l’extérieur de l’Aéronef, il pleut des cordes). Pourtant, d’orage, il n’y aura pas. Ou alors, c’est un déchaînement de cuivres, puisque le groupe enchaîne immédiatement sur un « Dub Latina » endiablé. On apprendra plus tard que cette soirée est la dernière date française de la tournée de Calexico et, accessoirement, que c’est l’anniversaire de John Convertino. Et, de fait, on a l’impression, devant ce concert, d’assister à une fête de famille dont le thème serait les mariachis. Tout le monde sur scène est détendu, a le sourire et l’air facile. Burns parle peu, mais adresse régulièrement de grands gestes du bras au public pour l’inciter à crier, à lever les bras ou à taper dans ses mains, ce que à quoi tout le monde obtempère de bonne grâce.

La moitié du concert bien dépassée, Gaby Moreno vient rejoindre le groupe pour entonner quelques morceaux à ses côtés, complétant ainsi le sentiment d’une soirée passée en famille. Sur « Moon Never Rises », le cercle accroché en fond de scène derrière Convertino, qui avait jusque-là plutôt donné l’impression d’un soleil couchant dans l’Ouest américain, prend des airs de pleine lune. La nuit vient et, avec elle, la fin du concert.

À l’évocation de l’anniversaire de John Convertino à la toute fin du set, le public se met à chanter « Joyeux anniversaire », parachevant ainsi la fête. On rentre chez soi en sautant dans les flaques, le cœur léger et l’envie de retrouver très vite cette petite famille pour jouer de la trompette et des maracas auprès d’eux.


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David Tabary

photographe de concert basé à Lille, rédacteur et blogueur à mes heures