[EP] TAUR – Gris Nuit

Depuis son premier clip, « Black Fire », qui l’emmenait sur les terres d’Irlande, TAUR, alias Mathieu Artu, construit et pourchasse ses rêves avec instinct et précaution. Après une série de singles passionnants et admirablement mis en images, le producteur parisien signe un premier EP, « Gris Nuit », hyper sensible. Une photographie nocturne, sonore et émotionnelle d’une nouvelle évasion en quatre actes et passant par autant de chemins de traverse.

TAUR - Gris Nuit

Nouveau départ ou ultime adieu : c’est la voix en peine que TAUR nous accueille sur « Gone », premier acte solennel d’une escapade loin d’être courue d’avance. Le chant troublé de Mathieu répond à une instrumentation électronique confidente et confinée. Peu à peu, l’atmosphère se relâche pour dévoiler crescendo toute la beauté et la lumière d’un titre magnifié par une présence chorale chaleureuse et une instrumentation plus soutenue.

Est-ce l’affection ou bien l’affliction qui nous questionne tant sur « Clarity » ? Mathieu Artu poursuit sa somptueuse route de nuit, subtilement rythmée par quelques touches de clavier et par la batterie, avant de nous emporter dans un tumulte d’émotions vives. Derrière le caractère austère sinon intrinsèque du titre se cache un trésor de retenue et de réserve qui, comme la piste précédente, se libère pleinement au fil de l’écoute. Un morceau lucide et follement sensible dont on ne parvient plus à décrocher.

Passage le plus paisible de ce premier EP, « Nuit » s’adresse à tous les rêveurs éveillés d’une ville endormie. Le ton, toujours solennel, aspire désormais à la quiétude. Confident nocturne sur son piano, TAUR fait le point sur sa vie, se laissant porter par l’émotion des cordes et par le lyrisme de son chant. Dessus, l’électronique se fragmente, s’amoncelle pour mieux éclater, la guitare s’invite avec retenue, les rythmiques s’ajoutent et portent brillamment l’ensemble avec force et émoi.

« Asphalt » vient en conclusion d’un EP plus personnel, moins expansif ; fruit de la maturité acquise par le multi-instrumentiste parisien, qui brouille ici les pistes autant qu’il en dévoile de toutes nouvelles. Accompagné par David Bouhanna (Ninety’s Story) à la section rythmique sur ce dernier acte, TAUR prend le chemin des grands axes pour une dernière virée au vent, évacuant les sentiments pour s’abandonner à l’ivresse de la vitesse. Un dernier espace de liberté à conquérir.

crédit : Aline Roy
crédit : Aline Roy

Avec ce premier EP, TAUR s’affiche comme l’un des meilleurs défenseurs d’une pop électronique raffinée, soignant chaque apparition avec réserve et précaution, pour mieux nous pourfendre de sa plume et de son ressenti inédit. Souhaitons à « Gris Nuit » qu’il ne reste pas très longtemps dans l’ombre.

« Gris Nuit » de TAUR est disponible depuis le 25 mars 2016 en vinyle et digital sur le site grisnuit.com.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques