[Live] Super Besse et San Carol au Joker’s Pub

Mercredi 10 février, le trio post-punk biélorusse Super Besse, en pleine tournée européenne sur son étape reliant Paris à Évreux, profitait d’une halte au Joker’s Pub d’Angers pour partager à nouveau l’affiche avec San Carol, déjà croisé lors du dernier festival Europavox. L’ambiance de ce soir n’était pourtant pas aux retrouvailles mais bien à la démonstration de force, froide et fulminante aux airs de lutte finale.

Super Besse © Fred Lombard
Super Besse

La soirée démarre sous les coups violents de Super Besse. Le trio de Minsk, emmené par son chanteur Maksim Kulsha au regard de tueur à gages, défend et pourfend avec une hargne passionnée une cold wave radicale à la violence expéditive, chantée, et c’est là toute l’originalité, en russe. Laissant place à des riffs incisifs, les mélodies ravageuses de Super Besse sont portées par le chant nerveux et autoritaire de Maksim rendant la pareille à la basse implacable de l’austère Alex Sinica et au combo machines-synthés commandé par Pavel Mikhalok aux claviers comme devant une mise à feu.

Super Besse © Fred Lombard

Alors bizarrement, même si l’envie nous prend de remuer frénétiquement devant la scène, il règne au moment du concert du groupe biélorusse comme un climat d’urgence. De quoi donner à ce début de soirée une vision glaçante, mais savamment dansante d’une guerre thermonucléaire à venir. Radical et jouissif, Super Besse aura fait des heureux du côté des aficionados des plus belles heures du post-punk anglais des eighties ainsi que des étudiants en LV2 russe venus profiter de ce cours du soir un peu particulier.

Réunissant en nombre fidèles et curieux, le Joker’s Pub fait salle comble pour accueillir l’attraction de ce soir, le barbu jovial Maxime Dobosz au clavier et au chant, et ses trois complices, Stw à la guitare, Simon à la batterie et Nerlov (VedeTT) à la basse. En six titres seulement et autant de temps qu’il n’en faut pour les jouer, le public entre en communion avec le krautrock galactique de San Carol, plus impeccable et passionné que jamais. Entre exploration et rêve éveillé, le projet solo angevin devenu, depuis la sortie de son second album « Humain Trop Humain », l’une des figures majeures de la scène rock locale impose son univers décloisonné à nos oreilles plus ouvertes que jamais.

San Carol © Fred Lombard

Ce concert sera l’occasion de noter les progrès scéniques remarquables de la formation angevine jouant moins longtemps, mais avec plus d’intention et d’intensité. Inflexible, droit et profondément changé par ses dernières scènes (et d’évidentes résidences d’accompagnement), Maxime Dobosz épate par sa capacité à fédérer autour de sa musique et de son univers un public toujours plus diversifié et épris de son talent. Sans rappel, et ce sans appel, San Carol livre date après date une prestation toujours plus incisive et racée. Brillant.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques