[EP] Starving Woodchucks – Starving Woodchucks

Le vent prend les rues et les vagues les côtes. Il semble que les dépressions soient arrivées du Grand Nord ou alors des méandres. Les rafales s’approchent des quotidiens, les balancent et les giflent. Les monts connaissent des flancs enneigés. Et la musique est plus que jamais saisissante dans nos corps refroidis. Starving Woodchuks a sorti un premier EP éponyme au mois de décembre. Entre élan pop-folk aux références assumées et légère retenue.

Starving Woodchucks - Starving Woodchucks

La musique n’est jamais seule. Elle est l’effet collatéral de rencontres, d’ambitions, de passions et tant d’autres choses. Elle est l’exutoire. Elle est la démonstration. Elle est pourtant viscérale. Starving Woodchucks naît un mois d’été 2014 et s’enregistre dans une première démo de trois titres qui lui permet de monter sur la scène. Ils connaîtront alors le Festival « Les expressifs ». Voilà la genèse du groupe. Puis, les répétitions viennent, les concerts aussi. Il y aura un passage à Northampton puis le retour en studio : Nomad Audio chez Fabien Guilloteau dans le calme et les plaines de la Vendée. C’est de là que l’EP « Starving Woodchucks » sort.

Quatre titres portés par cinq êtres. Le projet est joliment envoûtant et se veut tout aussi élégant que tendre. Tout ici se succède de façon très simple, sans jamais marquer la déchirure ou le sursaut, alors peut-être un peu trop homogène. L’ensemble est bien précis, enveloppé d’un souffle aérien qui entraîne dans un voyage vaporeux et doux.

crédit : Cindy Canto
crédit : Cindy Canto

« Starving Woodchucks » s’ouvre sur « Skyscraper » et on y découvre une voix qui porte quelque chose à la Lou Doillon. Nette et ensorcelée. À la limite de la lamentation, le chant est lancinant et emprunte parfois les chemins du tremblement. On y voit une présence forte, au coffre profond, emplie d’échos. Le timbre est dangereux et pourtant espiègle. Par dessous, une cascade de sons se répand sur un effluve courant les airs. Métallique et pris de vitesse. À cette image, l’EP de Starving Woodchucks se balance entre suavité et ivresse.

« Nightmare » est tout aussi subtil et vertigineux, par son faux calme, son atmosphère pétrifiante. Il se passe là quelque chose de mystérieux. Être saisi par le magnétisme d’une voix et la présence lente d’une mélancolique mélodie. D’ailleurs, c’est cette dernière qui est reine du monde de Starving Woodchucks. Les titres sont emplis de vagues mélodiques enivrantes et douces, toujours marquées par une batterie prise d’existence.

Patchwork de pop-folk, les Starving Woodchucks sont riches d’influences les plus intelligentes et sensorielles. On reconnaîtra Alela Diane sur le dernier morceau « Mama ». Pourtant c’est l’intime, l’intériorité et le sensible qui submergent à ce moment. Pourtant, c’est la joie qui s’offre à la mort, dans un chant marqué, navigant entre la maîtrise et une succincte perte.

Starving Woodchucks donne un premier EP très net et abouti, d’ailleurs peut être trop. Dans les eaux de quatre titres, on navigue entre les mélodies sur lesquelles danse une voix mise en abîme et joliment dangereuse.

« Starving Woodchucks » de Starving Woodchucks est disponible depuis le 19 décembre 2015.


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Juliette Durand

étudiante en cinéma, arpenteuse des scènes parisiennes et passionnée des musiques qui prennent aux tripes