[Interview] Naive New Beaters

Fermez la porte aux Naive New Beaters et ils reviennent par la fenêtre. Barricadez cette même fenêtre et ils rentreront par la cheminée. Rien n’arrête David Boring, Eurobelix et Martin Luther BB King dans leurs inspirations et péripéties musicales, cinématographiques et plus généralement artistiques.
Le trio parisien, que l’on croyait hibernant depuis la sortie de son dernier album il y a deux ans, est toujours hyperactif. Accaparé à brasser de la musique (
La Onda Radio Show sur Ouï FM) ou de la bière (la Naive New Beer
), entre deux enregistrements de son nouvel opus qualifié de DTT (Dans Ta Tronche) et à sortir début 2016, les NNB ont toutefois trouvé le temps de filer en Argentine pour se taper un bon filet de bœuf Ribeye, une viande d’exception, et pour tourner son non moins exceptionnel nouveau clip « Run Away », sur lequel on s’est bien marré. Un mélange de Tarantino et du « Sabotage » des Beastie Boys à la sauce salsa, avec des moyens et des images très léchées, à prendre bien sûr au second degré !
David Boring, avec lequel nous avons pris une bonne tranche de rigolade, attablés à une terrasse ensoleillée au dernier Festival du Film de Cabourg (pour lequel il avait un court métrage en sélection), nous raconte les coulisses du nouvel album et de ce tournage pas comme les autres !

Naive New Beaters

  • Salut David. Cool de te retrouver sous le soleil de Cabourg. Alors, t’es chaud pour la sortie du nouveau clip des Naive New Beaters « Run Away » ?

Ah ben oui. C’est toujours la même équipe. On est tous chaud. Ce clip est le premier extrait du nouvel album…

  • Qui s’appelle ?

On n’a pas encore le titre, on est en pourparlers. C’est une compét’ interne, on ne sait toujours pas qui va gagner !

  • Et d’habitude, celui qui gagne, c’est celui qui est le plus costaud ?

(Rires) C’est celui qui englobe tout, quoi !

  • Et la pochette ?

On est plutôt sur un terrain vierge, là.

  • Tous les titres sont tout de même finis ?

Ah ben non, on a neuf titres pour l’instant. Par rapport aux autres albums, on a fait plusieurs sessions d’enregistrement. Ce n’était pas, genre : on a toutes les maquettes, on va en studio et on met tout en boîte en trois semaines, ou je ne sais pas quoi. On y est allé petit à petit. Tiens, là, on avait deux titres à produire qu’on trouvait cool donc on y allait… On a fait pas mal de sessions en Ardèche dans le manoir de Eurobelix et on en a fait d’autres, un peu comme ça, dans la campagne isolée. On n’avait jamais procédé de cette manière jusqu’à présent.
On produit donc deux titres par deux titres depuis septembre 2014 et on fait quelques prods additionnelles avec Julien Galinier de Château Marmont. Voilà, c’est cool. Et on fait mixer dans la foulée par Alf, qui est un super mixeur trop cool.

  • Et du coup, comment vous écrivez ? Toujours le même process depuis le début des NNB ?

Oui, tous les trois, pot commun. On essaye de faire des trucs qui nous plaisent.
Par rapport à La Onda (deuxième album), il sera beaucoup moins ambiance « tropicale », mais beaucoup plus « dans ta tronche ».

  • Ah ! c’est quoi la définition de « dans ta tronche » ?

C’est une sorte d’agressivité sentimentale et dansante à la fois !

  • C’est carrément un tout nouveau concept musical ! Je vois bien le truc : ça part d’Ardèche, ça va commencer à gagner la France…

Vas-y continue, là tu me plais ! (rires)

  • …ça va tout de suite gagner les States. Dis donc, t’as intérêt à tout de suite mettre un copyright !

Oui, aux US, ça sera plutôt un IYF (In Your Face)… T’as raison. On va déposer les deux je pense !

  • Mais précise un peu. Le DTT, c’est au niveau de quoi ? Du tempo, des paroles?

Plutôt du côté des sonorités, plus agressives, plus compactes, un poil plus électro…

  • C’est guidé par des influences, des trucs que vous avez aimé écouter ?

Les dernières maquettes qu’on a faites, c’est peut-être parce qu’on était un peu tendu… c’était un moment un peu spécial pour nous quand on a commencé à composer parce qu’on s’était fait larguer tous les trois à peu près au même moment par nos meufs. Avec la deuxième tournée, elles n’ont pas supporté ! On est passé un peu par toutes les phases. Il y a l’état où tu viens de te faire jeter, tu es down mais tu es dans une sorte d’état où tu bouillonnes. C’est une forme de liberté aussi, tu peux aller loin, tu peux même partir en couilles. Mais tu te recentres et tu canalises cette tristesse en danse joyeuse, teintée d’une légère agressivité.

  • Elles se connaissaient, vos trois copines ?

Non, c’est le hasard, on est tombé un par un ! C’était un moment assez bizarre pour nous. Du coup, au lieu de bad triper chacun dans notre coin, on s’est dit qu’on allait partir à la campagne dans un endroit glauque comme l’Ardèche… Mais on n’a pas été si glauque que ça !

  • Et plus tard, pour soutenir l’album en tournée, il va y avoir une nouvelle scénographie, une nouvelle ambiance ?

C’est sûr qu’on va nous demander ce qu’on fout si on redéboule avec nos palmiers (NDLR : décors de la précédente tournée) ; même si j’aimerais bien en ressortir un de temps en temps, ambiance nostalgie, en clin d’œil. Pour le moment, on est en train de voir si on ne reste que tous les trois ou si on intègre une petite présence féminine avec une batteuse pour canaliser un peu…

  • Dis donc, ce n’est pas un peu dangereux, justement ?

On s’est dit qu’il fallait soigner le mal par le mal. C’est stratégique. (rires)

  • Donc, vous revenez à nouveau dans une compétition interne !!!

Ouais, mais plus saine, régulée par le groupe, tu vois. Enfin… On verra…
On se cherche encore niveau live, mais on a le temps, ce n’est pas pour tout de suite.
Le clip est là pour faire patienter…

  • Justement, raconte-nous un peu « Run Away » !

On l’a tourné en Argentine, donc déjà c’est la grosse classe ! C’est pas de la bricole, on a voulu taper blockbuster avec un réalisateur, Romain Chassaing, qui vient de la boîte de prod SoLab.

  • Vous l’avez casté ou c’est lui qui est venu vous voir ?

Non, c’est nous qui sommes allés vers lui. Si tu as des thunes à claquer pour un clip, n’hésite pas avec lui !

  • Sa patte vous correspondait ?

Oui, et puis il y a l’esprit de la boîte. SoLab, c’est comme nous : trois potes qui ont monté ça, et je sais qu’ils avaient pitché avant sur des anciens clips des NNB. C’est un truc de copains qui a grossi, comme nous. Et ils sont très cool !

  • Ce clip est donc le morceau annonciateur de l’album. Ce n’est pas un peu compliqué d’avoir à choisir ?

Oui, je t’avoue que c’est pas évident. Ça donne un peu la couleur, mais en même temps tu n’as pas envie de donner toute la couleur… T’as pas un titre qui dit que tous les autres titres vont être comme celui-là. Je dirais que c’est un morceau peut-être dans la partie plus agressive que tout le reste… Mais sur l’album ça braille un peu plus.

  • C’est pour les aveugles, aussi

(Éclat de rire) Oui, permets-toi le jeu de mots !

  • Et du coup, l’Argentine, c’est parce que vous vouliez voyager aux frais de la princesse ?

On voulait que ça fasse l’Amérique ! On n’a pas eu Los Angeles… En plus, j’étais parti en Argentine il y a dix ans, c’est là où j’avais fait une serenata pour une meuf. Ça me tenait particulièrement à cœur de retourner sur ses traces

  • Et bang, on en revient à des histoires de meufs !!!

(Rires) Oui, tu as raison. Je me rappelle, j’avais donc fait une sérénade et ça a été un échec total ! Gros bide, alors que j’avais tout prévu avec le bouquet de fleurs qui tombe du cinquième étage, balancé par un complice à cette fille qui habitait au troisième. Un autre était derrière moi à jouer de la guitare, j’avais écrit une chanson… Fiasco complet !
En Argentine, elles sont beaucoup plus dures, elles en veulent énormément ! Donc là, c’était un peu la petite vengeance que de retourner en Argentine. On en a profité pour faire des concerts là-bas. En deux jours, on s’est trouvé un manager, un booker et on a fait trois-quatre concerts. C’était cool.

  • Finalement, le nom du groupe se justifie de plus en plus ! Il y a du battant, il y a du naïf…

Ouais, on fait du nouveau, mais avec de vieilles techniques de drague !

  • Et ce projet de bière ?

On vient de la sortir, elle s’appelle la Naive New Beer*. C’était important de dire qu’on sortait le clip en dehors de ce projet. Et puis, on va sortir aussi une sorte de film d’action sur notre tournée en Chine faite l’année dernière. Un blockbuster docu-fiction qui s’appelle « Yo Pékin » et qui devrait sortir en France en septembre 2015. On va faire une première, ambiance teasing, place de la République au festival Ouï FM en diffusant environ la moitié du film. Pour te donner une idée, on s’est fait arrêter pendant notre tournée par la police chinoise pour nos propos trop subversifs, avec une incompréhension de mon chinois que je ne parle pas très bien.
Regardez l’affiche, ça va vous donner un avant-goût… C’est assez chelou, hein ?

Yo Pékin! par Esteban

  • Le film sortira partout en France ?

Ben, faut dire que le long-métrage est un peu craspouille. L’idée est plus de trouver une salle partenaire, genre le Louxor, qui joue le jeu de faire une diffusion pendant un mois tous les vendredis, avec une dégustation de notre bière. En attendant, on le projette donc lors de ce festival Ouï FM à Répu du 23 au 25 juin. Il est très cool, il dure pour l’instant 45 minutes.
Venez tous le voir !

  • Avec plaisir David ! Et d’ici là, on se regarde « Run Away » sur le web !
    À bientôt les Naive New Beaters !  

*À consommer avec modération


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Nicolas Nithart

grand voyageur au cœur de la musique depuis plus de 20 ans