Lundi 18 mai 2015, la toute première soirée de la Tournée Europavox de 2015 passait par le Chabada. Et, comme chaque année depuis trois ans, la programmation éclectique concoctée par le festival clermontois fait forte impression, tant elle révèle et propose durant son tour de France musical le meilleur de la scène indépendante européenne.
En 2013, trois excellents bands : la fuerie shoegaze des Suédois d’Holograms, l’électro-pop raffinée des Belges de Great Mountain Fire et l’indie rock vibrant des Irlandais de Funeral Suits offraient l’une des meilleures programmations de l’année, quand l’an dernier, les Écossais de Casual Sex et les Francos-Luxembourgeois-Suédois Natas Loves You nous laissaient le souvenir d’un moment généreux et chaleureux.
Nous étions donc fidèlement au rendez-vous pour découvrir sur scène les inclassables Suisses de Puts Marie avant le déluge surf punk déjanté proposé par les Belges de Mountain Bike. Récit.
Qu’il est bien difficile de donner un avis concis sur un concert de Puts Marie tant le projet nous emmène là où on ne l’attend pas ; un projet atypique emmené par l’énigmatique Max Usata, chanteur lunaire et lunatique à la voix troublante de justesse.
Partagée entre retenue et débordement, la prestation du quintet helvète est incarnée et désoriente d’autant plus qu’elle est inclassable. D’un blues aux vapeurs de dub, le projet se transforme en un stoner massif où les guitares se font saturées et grondantes et où chaque déflagration sonore appelle la suivante ; et, d’un seul coup, c’est dansant, mélodieux. Le calme s’installe alors, pour mieux s’exciter et s’agiter à nouveau. L’occasion d’avoir la primeur d’entendre les nouveaux morceaux extraits du futur album du groupe, prévu en octobre.
Saluons donc la présence incarnée et habitée de Max, chanteur-acteur des grands boulevards, jouant comme un funambule avec ses bras ballants des tournoiements de ses deux micros voix, et la prestation vivante de ses électrons libres de musiciens. Sacré personnage !
Décidément à son aise dans le mélange des genres, Puts Marie finira son concert par le sublime et attendu « Pornstar », métissage classieux entre soul dans les refrains et phrasé hip-hop dans les couplets.
Pour Mountain Bike, l’ambiance est toute autre ! Même si Étienne, au chant et à la guitare, était grippé ce soir-là et cantonné à la Cristalline plutôt qu’à la descente de Grimbergen, le leader à la moustache bien garnie était, comme ses joyeux compères, d’humeur très festive pour démarrer ce premier concert dans le cadre d’Europavox.
Les guiboles à l’air, en boxers et arborant chacun un maillot de la NBA, le quatuor bruxellois va nous offrir pendant une petite heure un recueil punk sans la moindre contestation.
À son aise sur scène, Mountain Bike nous sert des compositions solaires et gentiment insolentes, partagées entre punk, surf et garage, faisant à chaque fois leur plus bel effet face à un public réceptif et bien moins impassible que durant le show précédent.
De notre côté, on prend sacrément de plaisir à redécouvrir en live ces mélodies énergiques et déjantées qui faisaient le charme du premier disque, et sur lesquelles on ne pourra s’empêcher de remuer tout au long du set.
Un pur moment de décontraction, de libération punk rock surexcitée, retentissante mais sans violence.
On se souviendra décidément de la venue de Mountain Bike en terre angevine pour ses jeux de jambes (poilues) très marrants à observer, pour ses gueules pas possibles (à commencer par Billy Joe et ses cheveux blonds rappelant l’audace capillaire de Simon Neil d’il y a quelques années), pour les contorsions folles de June Moan, et un vrai sens de la déconne collectif comme on n’en voit pas tous les jours !
Révélation live de cette soirée, les punk riders de Mountain Bike ont déployé tout leur savoir-faire et leur sympathie à notre égard pour nous laisser en mémoire un heureux et énergique souvenir de leur passage.
Merci Europavox de nous avoir une fois de plus régalés. Jamais trois sans quatre, on parie ?
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