[LP] Shoefiti – Coriolis

S’il ne fait aucun doute qu’Henri d’Armancourt est à ranger dans la catégorie des génies de son époque, son projet Shoefiti reste, à ce jour, sa carte de visite la plus retentissante.

Shoefiti - Coriolis

Trois ans après l’album « Only Mountains Never Meet », le projet parisien qu’il a monté avec sa bande de potes : Raphaël (guitare), Charles (basse) et Pilou (batterie), revient sonner la charge et nous sortir du lit comme ces textos reçus au beau milieu de la nuit, l’œil dilaté et dans un état semi-léthargique. S’il semble perdu d’avance de définir la complexité de la « force de Coriolis », une simple visite sur la page Wikipédia dédiée au sujet nous faisant regretter de nous y être aventurés, nous nous en tiendrons aux sensations fortes procurées par trente minutes d’écoute intensive du disque qui en porte le nom.

Comment d’abord ne pas penser à ces vidéos de crash tests, sinon aux plus sécurisantes montagnes russes en lançant l’écoute de « Coriolis », tant il est ici question de grande vitesse et de gravité ? Jouant des cassures et des inserts avec impertinence, Shoefiti aime surprendre et faire sursauter, comme de sales gosses planqués dans l’angle d’une rue pour flanquer des peurs bleues aux passants.

Entre récits agités et saturés de riffs, agression et tension verbales, apaisement et tapage nocturne, il ne se passe pas une minute dans l’histoire de ce disque sans qu’on soit inquiété ou remis sur le droit chemin.

Le plus traître chez Shoefiti, c’est sa capacité à installer des moments (presque) apaisés que l’on sait consciemment éphémères (Coriolis, From Dusk Till Dawn). De quoi rendre parano le plus gentil des cardiaques.
Mais ne nous mentons pas, « Coriolis » est d’abord un disque qui en veut et qui a la dalle. Rebellé et remonté, le quatuor rock parisien emmerde les couvre-feux et largue ses compositions incendiaires sur la capitale pour mieux la mettre à feu et à sang.

Entre bastons des cordes et des rythmiques, entre fuzz et riffs travaillés au corps et dans la sueur, Shoefiti ne concède pas le moindre jeu. Et s’il ne parvient pas à mettre K.O. en bout de course, il terminera toujours vainqueur.
Véritable concentré d’énergie vitale illustré par les déments « WorkQueuePay » et « Peanuts », capables à eux seuls de retourner un stade entier, les compositions les plus sauvages de Shoefiti n’ont rien à envier à leur parentalité évidente avec Pavement, Flaming Lips, Pixies et Beck.

crédit : Thomas Terrien
crédit : Thomas Terrien

Avec nonchalance et instinct, Shoefiti enseigne en pratique, en faisant fi de toute théorie, sa vision de l’indie rock 90’s (Californian Blond Bikini Babes et le délirant « NoID » en conclusion brutale). Plus qu’un hommage au genre, « Coriolis » est la leçon qu’on attendait !

« Coriolis » de Shoefiti est disponible depuis le 15 avril 2015.


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Fred Lombard

Fred Lombard

rédacteur en chef curieux et passionné par les musiques actuelles et éclectiques