[Live] Le Printemps de Bourges 2015 – samedi 25 avril

Lourd programme pour cette seconde journée au cœur de la ville. Pas moins de sept concerts dans des genres totalement différents, voire opposés, mais avec une intensité personnelle pour chaque projet qui a nous a laissés souvent sans voix.

Hyphen Hyphen par Fred Lombard

Les séances électro qui agrémentent notre périple de début de week-end se voient inaugurées par Gordon, artiste dont la musique, tout au long du set, va revêtir de nombreux accoutrements. D’abord bercé de doux passages ambient et posés, le public se voit très vite entraîné dans un maelström technoïde à l’énergie communicative.

Gordon par Fred Lombard

Tout au plus pourra-t-on regretter ce basculement abrupt d’un style à un autre, tant celui-ci surprend sans crier gare ; mais le talent du compositeur et sa faculté incroyable à mélanger les atmosphères sont impressionnants et offrent un moment de sueur mémorable.

Radicalement opposé, le set de Le Common Diamond nous invite à nous évader vers des contrées vallonnées d’électro-pop et de plaisirs rock tantôt acidulés, tant bruts de décoffrage.

Le Common Diamond par Fred Lombard

Le groupe connaît parfaitement son sujet et occupe l’espace avec une innocence aussi captivante que leur professionnalisme, au milieu d’un light show dont le diamant surmontant la scène achève de faire pénétrer l’auditeur dans leur univers original et lumineux. On les attendait de pied ferme, on n’a pas été déçu !

Direction le Théâtre Jacques Cœur, superbe cadre d’inspiration architecturale et picturale italienne, pour ce qui restera l’une des plus belles expériences de ce début de festival : Ben Mazué.

Ben Mazué par Fred Lombard

Accompagné en tout et pour tout d’un clavier jamais étouffé par les boucles rythmiques ou vocales, le chanteur français nous a délivré un moment suspendu entre performance artistique aux sens multiples, textes parfaits et émotionnellement profonds (l’auteur de ces lignes ne cachera pas avoir eu les larmes aux yeux durant une grande partie de la prestation) et stand-up, notamment une séance imaginaire de récompense aux Grammy Awards inédite et admirablement juste et décalée.

Il sera désormais impossible de réfuter tout commentaire ne voyant pas en lui un auteur remarquable, un artisan des mots qui ne laisse aucune place au hasard et étreint par son humilité et la richesse de ses inspirations.

Virage radical à 180 degrés pour le set de Jumo ; là encore, le DJ livre une démonstration électro raffinée et carrée, les images projetées derrière lui s’accordant en une osmose pointilleuse et savante avec le propos mélodique qui nous est offert.

Jumo par Fred Lombard

Percussif sans être assourdissant, le sens inné du sampling dont fait preuve ce créateur sans pareil nous envoûte et nous fait pénétrer dans un état hypnotique dont il est difficile de sortir indemne. Ou quand la lumière s’invite au bal des ténèbres.

Apportant une pierre aussi essentielle à l’édifice musical que Jumo a créé, N U I T jette un voile d’obscurité pesante au travers d’un électro-rock teinté de fulgurances indus, le tout dans une monde d’un noir d’encre où les éclairs pulsent devant nos yeux et nous emmènent encore plus profondément au bord du vide.

N U I T par Fred Lombard

Parfaitement unis et complémentaires, les membres du quatuor transforment la concentration en consécration, cadrant leurs impulsions nocturnes dans un tableau aussi froid que doucement mélancolique. Plus que d’interpréter, ils vivent et se nouent autour de nos corps pour les étreindre et nous couper le souffle. Jouissif.

On s’interrogeait depuis quelques mois sur le virage musical qu’Hyphen Hyphen avait décidé de prendre, notamment au travers de leur single apaisé, « The Fear Is Blue ». Mais on savait d’ores et déjà que le show serait électrique ; rien ne laissait pourtant présager un tel déferlement d’énergie communicative et sulfureuse. Le groupe occupe l’espace avec une maestria qui laisse sans voix, fait tomber les barrières de la bienséance et marque les esprits au fer rouge.

Hyphen Hyphen par Fred Lombard

Santa court, chante avec une justesse incomparable, ou invite le public à se joindre à elle dans une chorégraphie phénoménale. Chacun s’en donne à cœur joie, prouvant le bonheur d’être là, ensemble. Inutile de tenter d’échapper à cette invitation à la transe, à ces uppercuts sonores qui décuplent nos forces et les leurs. La preuve parfaite qu’un grand groupe se doit de se livrer corps et âme à l’audience, sans se cacher derrière des lumières insipides. La claque.

Au milieu d’un design scénique entre futurisme et cubisme, Fakear fait voler les influences indiennes dans une électro mécanique et mélodique riche en émotions. Impressionnant de communication avec son public, il enchaîne les prouesses artificielles devant ses platines et parvient ainsi à unir les corps dansants et les âmes en quête d’originalité et d’intelligence dans un genre qui, quoiqu’on en dise, mérite plus que sa réputation de musique facile.

Fakear par Fred Lombard

Ému devant une telle mobilisation pour apprécier comme il se doit ses créations, le DJ n’en sera que plus motivé à donner le meilleur de lui-même, servi pour cela par des musiciens au diapason et achevant de démontrer qu’il est avant tout un magicien et un alchimiste des samples et nappes harmoniques.

Une seconde journée menée, grâce à tous ces artistes, à un rythme effréné, tout en offrant de nouvelles perspectives pour les jours qui s’annoncent. Rien à dire : le Printemps de Bourges 2015 est intense. Très intense.


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Raphaël Duprez

En quête constante de découvertes, de surprises et d'artistes passionnés et passionnants.